Vies sous occupation : violation du droit à la liberté de culte
samedi 20 octobre 2012 - 06h:42
PCHR Gaza
Située à Jérusalem Est, la Mosquée d’Al-Aqsa est considérée par l’Islam et les Musulmans comme un lieu Saint.
Le Coran en a fait mention dans la Sourate « Al-Isra’ » (Chapitre coranique appelé en français « Le Voyage Nocturne ») : « 1. Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur [Mohamed], de la Mosquée Al-Haràm à la Mosquée Al-Aqsà dont Nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient, le Clairvoyant. » Aussi, il est dit dans l’un des hadiths (récits du Prophète Mohamed) que c’est l’endroit où les gens « seront ressuscités et rassemblés le Jour du Jugement, et que la prière accomplie dans la Mosquée Al-Aqsa de Jérusalem est égale [sur le plan des récompenses] à cinq cents prières faites ailleurs.
- Sheikh Omar Mohamed, Président de la Cour d’Appel islamique
C’est pourquoi, la Mosquée d’Al-Aqsa est vénérée en tant que troisième lieu saint de l’Islam, et un endroit très important pour la prière. Cependant, les Palestiniens de la Bande de Gaza et ceux de la Cisjordanie sont, depuis 2005, interdits d’accéder à la Mosquée. Les motifs de cette interdiction tel qu’avancés par les forces israéliennes sont liés à la sécurité. Ces pratiques équivalent au refus aux Palestiniens de leur liberté de manifester et de pratiquer leurs croyances religieuses ou leurs convictions, violant ainsi un principe fondamental du droit à la liberté de religion.
A ce titre, PCHR Gaza s’est entretenu avec le Président de la Cour d’Appels Islamique de la Bande de Gaza. En sa qualité d’autorité légale et de leader religieux, Sheikh Omar Mahmoud (47 ans) nous livre un aperçu sur l’importance de se rendre à la Mosquée Al-Aqsa. Il explique : « La Mosquée d’Al-Aqsa est la deuxième mosquée construite sur terre, 40 ans après la construction de la première mosquée de la Mecque. Elle a également été la terre vers laquelle les musulmans se sont tournés la première fois pour accomplir la prière (la première Qibla). Al-Aqsa est considéré comme l’endroit d’où le Prophète Mohamed a effectué son voyage nocturne ; il y a prié juste avant son Ascension vers le Ciel. Par conséquent, c’est un lieu Saint. La Mosquée constitue une partie fondamentale de notre doctrine et Charia. La terre de Jérusalem et toute l’enceinte et l’esplanade de la Mosquée est considérée comme la terre de la Résurrection. Il faut préciser que cet endroit n’est pas important pour l’Islam uniquement, mais aussi pour les autres religions. Al-Aqsa n’est pas seulement un lieu de culte : c’est aussi l’endroit où se trouve une école avec une section pour l’enseignement des femmes et des filles. »
Sheikh Omar ne manque pas d’attirer l’attention sur le fait que de nombreux aspects fondamentaux qui constituent le droit à la liberté de religion sont piétinés et rejetés par les forces israéliennes. Ces violations vont en effet au-delà des restrictions et interdictions d’accès à la Mosquée : « Les actions des Forces de l’Occupation Israélienne dans les Territoires Palestiniens Occupés sont une transgression claire et manifeste de différents standards qui concernent aussi bien les Musulmans que les non-Musulmans. D’abord, il faut souligner que les bombardements ont causé des dégâts aux mosquées des Territoires Palestiniens Occupés ainsi qu’à plusieurs sites du patrimoine Islamique, à l’instar des cimetières où sont enterrés les compagnons du Prophète Mohamed. Des mosquées comme Quisaria ont été transformées en pubs tandis que d’autres, comme Ibrahimi, ont été divisées pour octroyer une section aux juifs et le reste aux Musulmans. Israël a également entamé des travaux de construction sous la mosquée pour établir le ’Temple de Salomon’ pour les Juifs. »
« Cela ne devrait pas arriver » poursuit Sheikh Omar qui déplore également la violation des droits des Chrétiens : « L’Église de Bethléem n’a pas été épargnée. Des colons israéliens ont sali ses murs avec des slogans avant de l’occuper en expulsant les Palestiniens. »
En outre, Israël a mis en place une condition pour l’accès à Jérusalem et Bethléem. Les Palestiniens Chrétiens sont soumis à des restrictions d’âge et doivent disposer d’une autorisation pour y accéder. Cela signifie que beaucoup d’entre eux ne sont pas admissibles et ne sont pas autorisés à visiter leurs lieux de culte. C’est un acte de discrimination étant donné que tous les Musulmans n’y sont pas admis.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que la mise en ?uvre par Israël de la politique d’interdiction aux Musulmans d’accéder à la Mosquée d’Al-Aqsa remonte au début de l’occupation : « La violation majeure demeure sans doute l’interdiction d’accès aux fidèles venus de Gaza et de la Cisjordanie. En 1987, lors de l’éclatement de la Première Intifada, seule une poignée de personnes était autorisée à y accéder après avoir obtenu les permis. Après la Seconde Intifada de 2000, les forces de l’occupation israélienne ont instauré une interdiction totale et complète sur les voyages, empêchant ainsi les fidèles de Gaza et de Cisjordanie d’accomplir leurs rituels à Al-Aqsa.
Et ce n’est pas tout. Même les Palestiniens vivant à Jérusalem et possédant des cartes d’identité israélienne sont soumis aux restrictions d’âge. Parfois, ils sont autorisés à accéder ou même interdits en fonction des humeurs des soldats. »
Sheikh Omar revient sur la situation de fermeture imposée à la Bande de Gaza depuis 5 ans. Israël a pour rappel, fermé tous les passages frontaliers menant vers Gaza. Ce blocus illégal s’est constamment raffermi depuis juin 2007. Sheikh Omar pense que ces restrictions représentent une atteinte au droit à la liberté de religion et que la situation ne devrait plus continuer et être tolérée : « Pour les Palestiniens, il s’agit d’une interdiction d’accéder à quelque chose de très important qui fait partie de leur doctrine. Même ceux qui se rendent à Israël via le passage d’Erez pour des soins médicaux ne peuvent pas aller à Jérusalem avec le même permis de passage.
C’est ironique puisque les étrangers venus des quatre coins du monde peuvent visiter le site alors que nous, Palestiniens, sommes interdits d’y penser. Cela n’a qu’une seule définition : oppression et violation de la liberté de religion et du droit à l’exercice du culte. En tant que Musulmans, nous avons garanti le droit de pratiquer librement sa religion aux non-Musulmans de la Bande de Gaza. Il n’y a jamais eu de confrontations entre différents individus sur la base de leur religion, mais les forces de l’occupation ont excellé dans ce domaine et se sont donnés à c ?ur joie dans les Territoires Palestiniens Occupés dans le seul but d’empêcher les gens de pratiquer librement leur religion. Les forces israéliennes nous ont interdit la libre circulation même pour aller accomplir nos rites. C’est une injustice envers les Musulmans et c’est vraiment triste de constater que nous ne pouvons pas exercer notre culte librement. »
Pour parer à cette situation, Sheikh Omar estime que des mesures fermes doivent être prises par la communauté internationale : « Tout ce que nous pouvons faire à présent est d’essayer de sensibiliser la conscience internationale à travers les médias et en lançant un appel aux autres pays pour nous aider à mettre un terme à cette situation. Le message des violations et des crimes concernant Al-Aqsa doit faire le tour du monde et frapper à toutes les portes. Il faut impérativement bouger pour arrêter les violations enregistrées chaque jour, que ce soit contre les droits des Musulmans ou contre ceux des Chrétiens. »
En effet, le droit à la liberté de religion ou de conviction est inscrit dans l’Article 18 du Pacte International sur les Droits Civils et Politiques. Ce droit a également été réaffirmé par la Déclaration sur l’Élimination de Toutes les Formes d’Intolérance et de Discrimination fondées sur la Religion ou la Conviction, approuvé par l’Assemblée Générale des Nations Unies de 1981.
Ce droit fondamental est également protégé par plusieurs instruments du droit international, y compris l’Article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui stipule : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et les rites. »
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17 octobre 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Niha