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Vies sous occupation : Les assassins de mon fils ne seront jamais punis

mardi 25 septembre 2012 - 07h:14

PCHR Gaza

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Un handicapé mental peut-il représenter une quelconque menace pour les soldats israéliens ? Logiquement, non. Mais quand on s’appelle Saad al-Majdalawi et qu’on soit originaire de Gaza, la réponse est oui.

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Saad al-Majdalawi

L’adolescent n’avait que 17 ans lorsqu’il a été tué par un mardi 16 août 2011. Il a été touché par des balles réelles tirées par les forces israéliennes positionnées sur la frontière qui sépare Israël du camp de Nusseirat, au centre de la Bande de Gaza.

Le père du défunt, Abdul Rahim, revient sur les faits et raconte : « La dernière fois que j’ai vu mon fils, c’était le samedi 12 août. Saad a quitté la maison vers 20h00 et n’est pas revenu cette nuit-là. Nous avons pensé qu’il était parti rendre visite à un parent ou à un ami, mais lorsqu’il n’est pas rentré le lendemain, nous sommes partis à sa recherche. Dans la soirée du mardi, des proches ont eu échos de l’assassinat d’un membre de la famille al-Majdalawi auprès de la frontière et que son cadavre se trouvait à l’hôpital Al-aqsa. Personne ne m’en a parlé jusqu’à minuit, où je l’ai su par le biais des proches et des voisins. »

Abdul Rahim s’est ensuite dirigé vers la morgue avec l’angoisse de se retrouver peut-être face au cadavre de son fils. Il poursuit : « Saad avait certes l’habitude de sortir voir des amis et des proches, mais pendant la journée, pas pour 3 jours sans donner signe de vie. C’est pour cette raison que je suis allé à l’hôpital pour savoir quel a été ce membre de la famille tué. Lorsqu’on m’a montré le cadavre, j’ai vu mon fils Saad. Une balle lui a perforé le sommet du crâne et son nez a été arraché par l’impact des balles. Il était également blessé à la poitrine, à l’épaule, à la jambe et au coude gauche. »

Jusqu’à présent, Abdul Rahim ne trouve pas d’explication ni de logique pour l’assassinat de son fils. Il ne croit pas que Saad ait pu représenter une menace pour les forces israéliennes : « J’ignore où était mon fils par rapport à la frontière quand il a été tué, mais ce que je sais est que Saad n’a jamais causé de problèmes aux autres. Il n’a jamais fait du mal à qui que ce soit, à la maison comme dans le voisinage, et pourtant, il est mort. Ma tête n’arrive toujours pas à imaginer ce qui a pu se passer cette nuit-là. Je ne sais même plus combien de balles ont perforé son corps. Mon fils était seul lorsqu’on l’a tué. »

Abattu, Abdul Rahim vit très mal la disparition de Saad car ils étaient très proches : « Saad était au lycée mais il a dû laisser tomber les études à cause de sa condition mentale. Il souffrait également de troubles du langage et a même été puni à l’école pour ça. Cela ne l’a pas empêché d’être très sociable et d’aimer discuter avec les gens, même lorsque certains se moquaient de lui ou le frappait quand ils l’entendaient parler. A la longue, cette situation commençait à le déprimer et à aggraver ses problèmes psychologiques. Un mois avant son assassinat, nous avons commencé à lui chercher une prise en charge pour traiter son cas. Je ressentais sa souffrance et c’est ce qui nous a rapprochés. Je lui voulais le meilleur traitement qui soit, mais ce n’est plus la peine, il est mort. »

S’agissant de la possibilité de déposer plainte pour l’assassinat de son fils, Abdul Rahim, traversé par de vives émotions avoue : « Je ne me suis pas encore remis de ce qui est arrivé à mon fils. Il y a une réalité dure à accepter mais qui ne pourra hélas pas changer : Saad est parti à jamais. Il est très difficile pour moi de l’évoquer. Mon fils était un garçon très gentil, respectueux et marrant. Il faisait rire tout le monde. Aujourd’hui, la maison est vide sans lui, et ses frères sont encore sous le choc. Je ne crois pas qu’une plainte ou un procès régleront quelque chose. Je ne veux pas de compensation et personne ne pourra me donner des excuses pour me convaincre des raisons de l’assassinat de mon fils. Personnellement, je ne fais pas confiance aux procédures judiciaires parce que personne n’ose accuser Israël ni le poursuivre en justice même s’il est fautif. C’est malheureux mais c’est comme ça, les assassins de Saad ne seront jamais punis. »

En date du 21 septembre 2011, le PCHR a déposé une plainte au civil auprès du Ministère de la Défense. Toutefois, aucune issue positive n’a été reçue. Le 25 septembre 2001, le PCHR a déposé une plainte pénale auprès du procureur de l’armée israélienne mais a été rejetée en date du 7 mai 2012.

Le 10 septembre 2012, le PCHR a, au nom de la famille al-Majdalawi, déposé une autre plainte individuelle auprès du Rapporteur Spécial sur les exécutions sommaires extrajudiciaires et arbitraires.

Pourtant, « Cibler un enfant, un civil protégé » constitue un crime de guerre tel que codifié dans l’Article 8 (2) (a) (i) et 8 (2) (b) (i) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale.

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Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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