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Vies sous occupation : les moyens de subsistance pris pour cible

mardi 3 avril 2012 - 06h:18

PCHR Gaza

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Ahmad Asad Mohamed al Ashqar, 28 ans, vit à Beit Lahiya, avec sa femme Camelia, 27 ans, et leurs quatre enfants Malak (6 ans), Wadea (3 ans), Maha (2 ans), et Mohamed (1 an). Le père d’Ahmad et sa belle-mère vivent aussi avec la famille.

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Ahmad, Malak et Wadea devant les débris de son magasin - Photo : Anne Paq/Activestills.org

Il y a deux ans, Ahmad a commencé à louer une boutique et au fil du temps, il a contruit une petite affaire commerçant des produits alimentaires, des boissons et des produits ménagers et de nettoyage. Il travaille tous les jours de 7 h à minuit et gagne environ 600 shekels par mois (160 dollars US). Ahmad est le seul gagne-pain de la famille et son revenu doit permettre de prendre en charge jusqu’à 8 personnes. La maison est petite, mais grâce à son travail, il avait été en mesure de construire une pièce séparée, où les enfants et leurs parents dorment.

À 2h15 dans la nuit du 2 Février 2012, quelques heures seulement après la visite du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, dans la bande de Gaza, la boutique d’Ahmad a été complètement détruite par un seul missile tiré par les forces aériennes israéliennes. Israël a prétendu que l’attaque visait une installation de stockage d’armes. En examinant le site, cependant, il est évident que personne n’y cachait des armes ou des explosifs. Il n’y a aucun signe d’explosions secondaires, et les décombres de sa boutique sont jonchés de détritus typique d’une boutique commerçante. En outre, il n’y a aucun rapport de combats dans la zone depuis un certain nombre d’années. Le soi-disant « dépôt d’armes » était une boutique - une installation civile - dont dépendaient les moyens de subsistance d’Ahmad et de sa famille.

Au moment de l’attaque, Ahmad était à la maison avec sa famille et ils dormaient tous depuis plusieurs heures. À la suite de l’attaque, trois civils ont été blessés : Mohammed Mustafa Mohammed Salman, 30 ans, et Hayat Fadel Ibrahim Taha (3 ans) et Wadea Ahmad Asa’ad al-Ashqar (3 ans). Treize maisons voisines et 4 voitures ont également été endommagées.

Hayat Fadel Ibrahim Taha, une fillette de trois ans qui vivait dans la maison à côté de la boutique, dormait quand l’explosion s’est produite. Son père, Fadel Taha est venu dans sa chambre, l’a attrapée et a senti le sang dans sa main. « J’avais tellement peur qu’elle meure », se souvient Fadel : « son visage était couvert de sang, à cause des éclats en verre de la fenêtre ». Presque honteux, il a raconté que, depuis la nuit de l’incident, elle a commencé à mouiller son lit à nouveau.

Juste en face de la rue, Wadea Ashqaar, le fils d’Ahmad dormait également dans son lit quand l’explosion a soufflé toutes les fenêtres dans le voisinage de la boutique. Comme Hayat, il a été blessé par le verre tombé de la fenêtre sur son visage et son oreille gauche. Malak, sa s ?ur aînée a eu très peur parce qu’elle ne savait pas comment l’aider.

Camelia, la femme d’Ahmad, est très déprimée. Ahmad la décrit comme : « restant à la maison toute la journée, pleurant et refusant de sortir ». Il dit que : « nous avons maintenant vraiment peur pour nos enfants et notre vie ». Leurs quatre enfants, Mohamed, Maha, Wadea, et Malak sont traumatisés. « Ils pleurent beaucoup pendant la journée, et la nuit Wadea pleure beaucoup. Il a du mal à s’endormir et veut être avec nous dans notre lit tous les soirs ». Même la plus grande de tous, Malak, parle pendant qu’elle dort, « en disant des mots incompréhensibles ».

« La bombe a détruit non seulement la boutique, mais toute notre vie », ajoute Ahmad. L’épicerie faisait 35 m2, et toutes leurs économies et leurs marchandises étaient à l’intérieur quand elle a été détruite. Ahmad estime la totalité de ses pertes matérielles à « environ 10 000 dinars jordaniens, soit l’équivalent d’environ 15 000 dollars américains ». Après l’incident, il a essayé de mettre en place une nouvelle boutique sur un trottoir, mais cette installation est rudimentaire, avec juste une petite bâche et quelques morceaux de bois. Il ne dispose que de quelques produits, et pas d’assez d’argent pour renouveler son stock, ou d’espace pour les entreposer et les vendre. Il a perdu ses réfrigérateurs et congélateurs et, depuis l’attaque « il ne peut pas payer ses charges de famille ».

A la fin de l’interview, Ahmad nous a dit qu’il est très inquiet pour l’avenir de sa famille. « Notre vie est totalement détruite, je ne peux pas donner à mes enfants ce qui leur est nécessaire pour les besoins de base, ni pour la santé ni l’éducation. L’armée israélienne a détruit ma vie. Je n’ai rien pour vivre et rien pour faire vivre les autres. Qu’ai-je fait de mal..? »

Ahmad n’est pas le seul qui a sa vie dévastée par les attaques israéliennes. Depuis le début de cette année 4 personnes ont été tuées et 19 blessées dans la bande de Gaza. Dans la même période de deux mois, 47 bâtiments ont été complètement ou partiellement détruites.

Le ciblage direct d’un bien de caractère civil est un crime de guerre, tel que cela est codifié dans l’article 8 (2)(b)(ii) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

7 mars 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Naguib


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