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Vies sous occupation : pas de fuel, pas de moyens de subsistance

mercredi 2 mai 2012 - 06h:14

PCHR Gaza

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Le secteur de la pêche est l’un des piliers majeurs sur lequel repose l’économie de Gaza et ce, malgré les restrictions illégales introduites par Israël en limitant les eaux territoriales à seulement 3 milles marins.

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Madelene Kollab au bord de la mer, ville de Gaza

La Bande de Gaza compte aujourd’hui environ 8000 pêcheurs, dont 3500 enregistrés par les autorités. Parmi eux figure le nom de Madelene Kollab. Agée de 18 ans, elle est la seule femme qui travaille dans ce domaine. Avec un petit bateau à moteur, une canne à pêche et un filet, hérités de son père et son grand-père autrefois pêcheurs, Madelene pêche la sardine et le calmar.
L’adolescente n’avait que 13 ans lorsque son père Mohamed a eu une paralysie l’empêchant de poursuivre son activité. Et comme Madelene est l’aînée des quatre enfants, elle a été contrainte de prendre la place de son père et travailler dans son domaine afin de subvenir aux besoins de la famille.

Elle raconte : « J’ai appris à pêcher avec mon père depuis l’âge de 6 ans. Aujourd’hui, c’est avec mon frère Khaled (17 ans) que je sors en mer pour assurer la subsistance de ma famille. Cependant, notre travail n’est pas sans embûches. Le blocus maritime imposé par Israël rend l’accès au large très difficile et par voie de conséquence, nous ne gagnons pas assez pour couvrir tous nos besoins. Tout le monde sait que la zone la plus riche en ressources halieutiques est située au-delà des 3 milles marins illégalement imposés, toutefois, les israéliens nous interdisent d’y accéder pour travailler. De ce fait, nous sommes obligés de chercher l’aide auprès du Ministère des Affaires Sociales ».

Elle ajoute : « Nous sommes des pêcheurs, nous n’avons rien à voir avec la politique ou le terrorisme. Tout ce que nous demandons est qu’on nous laisse notre droit de travailler et de gagner notre vie. J’espère qu’Israël finira par nous autoriser à pêcher librement dans nos eaux territoriales ».

Chaque jour, Madelene se lève à 6h en direction de son filet de pêche pour ramasser le poisson attrapé pendant la nuit. Elle effectue une deuxième sortie en mer vers 16h et pêche jusqu’à 19h ou 20h.

L’adolescente qui dit « aimer son travail qui est son unique source de survie, et la mer qui est désormais toute sa vie » est très connue dans le milieu des pêcheurs gazaouis. D’ailleurs, l’association des Sauveteurs en Mer lui a décerné, en date du 5 avril 2012 le prix du « Meilleur sauveteur en mer ».

Mais les soucis guettent toujours ce secteur. En janvier 2011, les autorités dans la Bande de Gaza avaient cessé d’importer le carburant industriel d’Israël en raison de la hausse des prix et de l’incertitude des sources d’approvisionnement. Depuis, la Bande de Gaza s’est retournée vers l’Egypte pour faire passer le carburant en contrebande. Cette pratique étant peu fiable, le gouvernement Egyptien a décidé d’arrêter la distribution du carburant pour la Bande et ce, à la suite d’une pénurie des approvisionnements en Egypte, à la mi-février. Cette situation a bien évidemment provoqué une crise qui a eu des répercussions négatives sur tous les aspects du quotidien gazaoui, y compris pour les pêcheurs.

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Madelene avec ses collègues pêcheurs

A ce titre, Madelene relate la vie avant et après la crise du carburant. D’habitude, à bord de son bateau, l’adolescente démarrait chaque jour du nord de la ville de Gaza jusqu’au Port de Gaza. En temps normal, elle consommait en moyenne 20 à 25 litres de fuel par jour. Mais depuis l’éclatement de la crise, elle a été contrainte de limiter les distances parcourues quotidiennement faute de moyens pour acheter du fuel. Il va sans dire que le manque de moyens est lié aux restrictions israéliennes en mer.
En annulant ses départs pour le Port, Madelene réussit à réduite la consommation du fuel et économise jusqu’à 10 litres par jour.

Malgré cela, elle n’a pas été en mesure d’en avoir au cours des trois semaines précédentes. Madelene explique : « Il y a une énorme pénurie de fuel et si jamais quelqu’un finit par en trouver, les prix sont exorbitants pour s’en procurer. Les prix ont, durant les dernières semaines, grimpé de 4 à 8 shekels le litre. Avant la crise du carburant, nous pouvions à peine couvrir les coûts de la pêche, alors-là maintenant. La situation devient des plus critiques ».

Ces ennuis n’affectent en rien la volonté de Madelene qui a trouvé la solution provisoire de ne pas utiliser son moteur et de faire fonctionner son bateau à la rame. Cela reste du pur bricolage car, poursuit-elle : « ce système ne nous permet pas de nous éloigner de la côte où la faible quantité et variété de poissons nous pose problème. D’ailleurs, j’avais l’habitude de rentrer avec 3 à 4 kilos par jour, mais à présent, mes sorties en mer peinent à atteindre 1,5 kilos ».

Le Pacte Économique relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaît le droit au travail. Les gouvernements Palestiniens de la Bande de Gaza et de Ramallah ne parviennent pas à trouver une solution à la crise de carburant et de fuel et compromettent le droit au travail, mettent en danger d’autres comme le droit à un niveau de vie approprié, à la santé et à l’éducation.

D’autre part, les obligations contenues dans ledit Pacte stipulent qu’Israël, en tant que Puissance Occupante, doit assurer le maintien de l’ordre public et de la vie civile dans la Bande de Gaza. Toutefois, Israël continue à imposer un blocus illégal qui est considéré, à l’échelle internationale, comme une forme prohibée de punition collective.

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4 avril 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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