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Vies sous occupation : l’accès aux soins médicaux refusé

mercredi 30 mai 2012 - 06h:10

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C’est dans la ville de Gaza que nous avons rencontré Mahmoud Khader Gaafar. Agé de 24 ans, il habite dans la maison de ses parents en compagnie de son épouse Majd, 23 ans et de leur premier enfant, une fille prénommée Maryam.

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Mahmoud chez lui dans la ville de Gaza

A la suite d’un conflit interne survenu le 2 août 2008, Mahmoud avait contracté plusieurs blessures sérieuses au niveau de ses jambes. Considérant la gravité de son état et le manque d’équipements appropriés à Gaza, le Ministère de la santé de la Bande a demandé son transfert vers Israël pour recevoir les soins nécessaires.

Toutefois, cette requête a été rejetée par les autorités israéliennes pour de supposés motifs de ?’sécurité’’. De ce fait, Mahmoud n’avait d’autre choix que de subir une opération d’urgence dans l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, résultant de l’amputation de sa jambe gauche. Sa mère, Zeinab (64 ans) ne manque pas de souligner que la jambe de son fils aurait pu être sauvée si les autorités lui avaient délivré l’autorisation de se soigner à l’hôpital de Tel Aviv.

Et ce n’est qu’après un appel introduit auprès des tribunaux israéliens que les autorités israéliennes ont fini par donner leur accord pour le transfert de Mahmoud vers l’hôpital d’Ekholov, à Tel Aviv. C’était le 14 août 2008, soit à peine quelques jours après le traitement d’urgence reçu à Gaza.

Mahmoud avait donc été admis à l’hôpital où il a été hospitalisé pendant 3 mois au service des soins intensifs. Durant toute cette période loin de Gaza, il a été traité pour sa jambe gauche amputée ainsi que pour sa jambe droite sérieusement fracturée.

Une année plus tard, soit le 11 août 2009, Mahmoud a obtenu la permission de voyager pour un hôpital à Jérusalem afin de bénéficier d’un traitement médical intensif pour sa jambe droite. Quant à la jambe amputée, il s’est déplacé en Cisjordanie pour placer une prothèse qui pourra enfin faciliter ses déplacements et améliorer sensiblement la qualité de sa vie. Il explique : « D’ordinaire, le Ministère de la Santé couvre 80% des coûts des jambes orthopédiques, mais lorsque je me suis adressé à eux, à Ramallah, ils m’ont octroyé une couverture de 100%. Une fois la question financière réglée, j’ai pris la route pour une association médicale, située à Bethléem, afin de prendre les mesures et dimensions nécessaires pour une jambe orthopédique qui, d’après eux, serait prête en l’espace d’une semaine. »

En date du 14 décembre 2009, alors que Mahmoud poursuivait ses déplacements entre Ramallah et Bethléem pour son traitement médical, il s’est fait arrêté par des soldats israéliens et détenus durant toute la nuit. Aussitôt le soleil levé, Mahmoud qui venait pourtant de passer quatre mois loin de Gaza a été quand même transféré vers la Bande pour les mêmes prétendus motifs liés à la sécurité. Depuis, il ne peut plus retourner à Bethléem pour poursuivre ses soins médicaux.

Il souligne à ce titre : « Je me suis déplacé pour recevoir un traitement médical et non pas pour faire du tourisme. Je ne peux pas avoir une jambe orthopédique à Gaza car j’ai été amputé jusqu’à la hanche et le traitement n’est pas disponible ici. D’autre part, et même si les services orthopédiques sont prodigués en Egypte, les prothèses sont très lourdes pour permettre tout mouvement. »

En conséquent, c’est à peine si Mahmoud quitte sa maison et quand il sort, c’est avec son fauteuil roulant qu’il se déplace. Navré, il avoue : « La jambe orthopédique aurait complètement changé ma vie. A présent, je passe mon temps assis à ne rien faire. »

Et c’était la dernière autorisation de voyage en Cisjordanie délivrée à Mahmoud qui ajoute : « Israël continue de rejeter systématiquement toute demande de voyage et ce en dépit des demandes formulées à maintes reprises par le Ministère de la Santé de Gaza qui insiste sur la nécessité de mon déplacement pour les dernières retouches des mesures et assemblage de la jambe orthopédique. »

Les 8 mars et 8 avril 2010, Mahmoud avait été refoulé au niveau du passage d’Erez malgré les autorisations valables pour ces deux dates. Depuis ce jour, toutes ses requêtes sollicitant l’accès aux services médicaux en Cisjordanie, y compris vers le Bureau de Liaison en date du 5 décembre 2010, ont été rejetées.

Face à ces refus, Mahmoud a demandé l’aide du PCHR qui a envoyé, en date du 19 janvier 2011, une lettre au centre humanitaire du passage d’Erez pour demander une autorisation de voyage pour des soins. Cette démarche n’a pas porté ses fruits et la demande a été rejetée le 17 mars 2011.

Le PCHR n’a pas baissé les bras et a adressé, le 28 mars 2011, une requête au Ministère Publique Israélien de Jérusalem. Le rejet a été émis le 13 avril 2011 pour des raisons liées soi-disant à des problèmes de ?’sécurité’’, refusant ainsi tous ses recours légaux malgré les efforts considérables du PCHR. Cette situation soulève beaucoup de questions dans la tête de Mahmoud qui cherche à savoir : « Pourquoi m’empêchent-ils [les Israéliens] d’aller en Cisjordanie ? Qu’est-ce que je leur ai fait et en quoi ma présence les dérangera-t-elle ? Je ne demande qu’à recevoir un traitement qui me permettra de vivre pleinement ma vie. Je ne comprends pas pourquoi refusent-ils que je retourne en Cisjordanie alors qu’ils m’avaient déjà permis de m’y rendre ? »

Le calvaire que vit Mahmoud est le triste sort de beaucoup de cas comme le sien. En avril 2012, un total de 42 patients nécessitant un traitement médical qui n’est actuellement pas disponible dans la Bande de Gaza s’est heurté au rejet de la demande d’accès aux hôpitaux en Cisjordanie et en Israël. Parmi ces 42 requêtes, 8 ont été refusées pour des raisons sécuritaires, 7 personnes ont été contraintes de reporter leurs rendez-vous, 5 patients ont été sommés de changer leurs compagnons de voyage et leurs assistants et 5 autres ont été refoulés au niveau du passage d’Erez et empêchés de quitter Gaza bien que possédant une autorisation valide. 17 autres demandes sont toujours en attente.

Pourtant, le Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels reconnaît « le droit qu’à toute personne de jouir du meilleur état de santé. » Outre les obligations contenues dans le Pacte, Israël est, en sa qualité de puissance occupante, tenu par des obligations en vertu du droit humanitaire international. L’Article 56 de la Quatrième Convention de Genève exige que la puissance occupante [Israël] assure et péserve l’état de santé de la population occupée.

C’est pourquoi, en imposant un blocus total sur la Bande de Gaza, Israël continue de priver des milliers de patients du traitement médical nécessaire. Il va sans dire que ce siège constitue une forme de punition collective contre une population civile vivant sous occupation et enfreint l’Article 33 de la Quatrième Convention de Genève.

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23 mai 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...

Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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