Vies sous occupation : commémorer le Jour de la Terre en risquant sa vie
lundi 21 mai 2012 - 06h:06
PCHR Gaza
Le 30 Mars 2012, les Palestiniens dans le monde entier ont célébré la Journée de la Terre, commémorant le massacre en 1976 de 6 Palestiniens protestant contre la confiscation de leurs terres par les autorités israéliennes d’occupation.
- Mahmoud Khaled Mahmoud Abed Nabi en face de sa maison familiale dans le camp de réfugiés de Jabaliya
Partout en Palestine occupée, des milliers de civils ont organisé des manifestations pacifiques, qui ont entraînée des réponses totalement excessives par les forces d’occupation israéliennes. Dans la bande de Gaza, un manifestant civil, Mahmoud Mohammed Zaqout, âgé de 19 ans, a été assassiné, et 38 autres ont été blessés dont 16 enfants. Dans des manifestations similaires dans toute la Cisjordanie, 25 civils dont 2 enfants, ont été blessés.
« J’ai mis le drapeau palestinien sur la clôture et quand j’en suis descendu, j’ai été touché à la poitrine. La balle est entrée sur le côté gauche de la poitrine et est sorti du côté droit. Elle a été tiré à partir d’une tour de guet de la barrière », se souvient Mahmoud Khaled Mahmoud Abed Nabi, âgé de 20 ans, l’un des manifestants qui a été blessé lorsque les forces israéliennes ont riposté avec des tirs à balles réelles lors d’une manifestation au checkpoint de Beit Hanoun, situé sur la frontière entre Israël et la bande de Gaza.
« J’étais déjà allé à des manifestations auparavant, à l’occasion d’événements différents, » raconte Mahmoud. « La Journée de la Terre est un jour très important parce que nous avons à défendre nos terres, qui continuent à être occupés par Israël. Nous devons nous sacrifier pour les protéger », poursuit-il. « Tous les jeunes se rassemblaient pour protester, parce que c’est une journée importante, même au niveau international. Je marchais avec les autres et allais au-delà du point où les autorités de Gaza stoppaient les gens, et nous nous sommes dirigés vers la frontière. »
Mahmoud décrit ce qui s’est passé après que lui et les autres aient atteint l’intérieur du poste de contrôle de Beit Hanoun. « Nous brandissions des drapeaux et jetions des pierres. Avec des dizaines d’autres, je suis arrivé à des blocs de béton et de barbelés que l’armée avait installés à environ 40 mètres de la clôture. Les soldats ont tiré des grenades lacrymogènes sur nous et proféré des menaces à travers les haut-parleurs dans les tours de guet. Puis ils ont commencé à tirer des balles réelles directement sur nous. Il n’y a pas eu de coups de semonce », se souvient Mahmoud.
« Les soldats tiraient sur plusieurs manifestants à la fois. Les blessés ont été transportés hors de la zone en moto, » dit-il. Les blocs de ciment et de barbelés sur la route, empêchaient les ambulances d’atteindre la zone. « J’ai vu environ huit personnes être abattues par les soldats placés dans la tour de guet alors qu’elles étaient près de la clôture, comme moi. »
Mahmoud raconte que ses blessures étaient graves et que sa famille ne peut pas supporter le fardeau financier représenté par les frais médicaux. « Je souffre toujours et ma situation ne s’améliore pas. La balle est passée près du c ?ur. Le médecin m’a dit de prendre des antibiotiques, mais ils coûtent de 100 à 120 shekels, ce qui est bien trop cher. Ces médicaments ne sont pas fournis par l’UNRWA. J’ai commencé à avoir des infections sur ma plaie. La douleur que je ressens s’aggrave la nuit ou quand je marche. J’ai des difficultés à respirer et je vomis parfois du sang. »
Mahmoud vit dans une petite maison dans le camp de réfugiés de Jabaliya, avec ses parents, quatre frères et deux s ?urs. La famille de la situation financière est aggravée par les blessures de deux frères aînés de Mahmoud, Mohammed, 22 ans, et Iyad, 25 ans qui les empêchent de travailler. Mohammed a été gravement blessé à la poitrine et aux poumons lorsque les forces israéliennes l’ont pris pour cible lui et un ami, alors qu’ils ramassaient du bois lors de l’offensive israélienne de l’hiver 2008-2009 contre la bande de Gaza. Iyad a été touché sur le côté par les forces navales israéliennes alors qu’il travaillait dans la région au sud du tunnel de la ville de Rafah.
Aucun d’entre eux n’a pleinement récupéré de ses blessures. Le père de la famille fournit un petit revenu en transportant des articles sur son chariot tiré par un cheval un ou deux jours par semaine. Mahmoud est pessimiste quant à l’avenir et sa capacité à contribuer au revenu de la famille : « Je n’ai pas d’avenir, car je ne peux pas travailler dans cette condition. Habituellement je trouve un travail occasionnel, par exemple dans la construction, mais à présent je ne suis pas en mesure de faire quoi que ce soit à cause de la douleur », dit-il, frustré.
Les forces israéliennes continuent de recourir à une force totalement excessive contre les manifestants dans les territoires palestiniens occupés. La force utilisée contre les manifestants par l’armée comprend le tir de balles réelles, de balles en acier recouvertes de caoutchouc, de grenades lacrymogènes et de bombes assourdissantes. En 2011 [lors des manifestations du Jour de la Terre] deux civils palestiniens ont été tués et 163 autres ont été blessés. Ces actes constituent une violation du droit à la vie, prévu à l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le meurtre délibéré de civils constitue un crime de guerre en vertu de l’article 147 de la Quatrième Convention de Genève.
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25 avril 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Naguib