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Vies sous occupation : l’agriculture avec un goût de sel

jeudi 3 mai 2012 - 05h:08

PCHR Gaza

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Cultiver les terres qui lui appartiennent est devenu aujourd’hui presque impossible pour Naeem El Laham, âgé de 62 ans, aussi connu sous le nom d’Abou Mohammed. Avec son épouse, ses 6 fils, 5 filles et ses petits-enfants, il vit dans sa ferme à l’ouest de Khan Yunis.

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Naeem El Laham (Abu Mohammed)

« Notre terre agricole s’étend sur 2 dunums. Mes fils m’aident dans le travail de la terre, tout comme j’ai aidé mon père sur ses terres quand j’étais plus jeune », explique Abou Mohammed.

Sur son terrain, il a de petits palmiers, des ruches, 6 moutons, quelques oliviers et quelques rares plants de légumes. À première vue, cela ressemble à n’importe quelle petite ferme. Ce n’est que lorsque vous regardez plus attentivement les plantes et entendez l’histoire d’Abou Mohammed, que vous réalisez que cette ferme est sérieusement menacée.

« Jusqu’à il y a huit ans, nous avons pu acheter de l’eau provenant d’une source à proximité. Cependant, elle est devenue trop chère. » Comme beaucoup d’autres agriculteurs dans la bande de Gaza, la famille se bat pour un approvisionnement en eau à prix abordable. Ils ont donc creusé leur propre puits en 2003.

« Environ quatre ans après que nous ayons creusé un puits, j’ai remarqué une augmentation de la salinité dans l’eau », dit Mohammed. « Les plantes se détérioraient, comme l’ont fait les récoltes. Nous avions l’habitude de planter des légumes pour notre propre consommation, mais depuis qu’elles n’ont reçu que de l’eau salée, ces cultures ont cessé de croître. Depuis 2003, nous faisions de plus en plus de citronniers. Lorsque la salinité dans l’eau du puits a augmenté, les arbres ont jauni et ils ne produisaient plus que de petits citrons avec un goût salé. »

En 2010, Abou Mohammed a décidé de couper les citronniers car ils n’étaient plus productifs. Il a planté à leur place plusieurs dizaines de palmiers, comme ils sont apparemment plus adaptables à la salinité élevée dans l’eau. « Il faudra quelques années pour que les arbres aient une taille suffisante et même alors, les dates qu’ils produiront ne seront pas aussi rentables que les citrons que nous avions l’habitude de produire », soupire Mohammed.

Jusqu’à il y a deux ans la famille a bu l’eau venant du puits, ce qui les rendait malades. Mohammed explique comment « la plupart des personnes de la famille avaient des problèmes rénaux et les jeunes enfants ont été emmenés à l’hôpital plusieurs fois pour des calculs rénaux et des vomissements. Le médecin de l’hôpital nous a convaincus d’arrêter de boire de l’eau venant du puits et d’acheter de l’eau traitée. Cela représente un autre fardeau important sur notre budget familial déjà très limité. »

Abou Mohammed décrit comment, au cours de la dernière guerre israélienne contre Gaza (hiver 2008-2009) du phosphore blanc est tombé sur le sol à 1,5 kilomètre de sa ferme. La fumée et les vapeurs ont atteint sa ferme et il a remarqué que ses oliviers ont depuis cessé de pousser.

Abou Mohammed et sa famille ont essayé tout ce qu’ils pouvaient pour continuer à travailler à la ferme, mais cela semble devenir de plus en plus impossible. « Nous avons besoin d’aide pour replanter nos terres », explique Abou Mohammed, qui confirme son profond souhait de poursuivre la tradition familiale de l’agriculture.

Environ 70 000 personnes travaillent dans le secteur agricole dans la bande de Gaza, 25 000 d’entre eux étant des travailleurs saisonniers. L’aquifère côtier est leur principale source d’eau d’irrigation pour les terres. Cet aquifère est devenu virtuel car il amène de l’eau de mer, c’est-à-dire de l’eau salée.

Des eaux usées s’infiltrant dans la nappe phréatique ont également augmenté les niveaux de nitrate déjà élevés. EWASH, un groupe de défense juridique, a déclaré : « Dans le passé, la production agricole a assuré la sécurité alimentaire des ménages dans la population de Gaza tout en contribuant à la sécurité économique. Actuellement, l’agriculture dans la bande de Gaza est à peine viable. »

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22 décembre 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Naguib


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