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Vies sous occupation : ils ont tué mon enfant unique

dimanche 15 juillet 2012 - 07h:02

PCHR Gaza

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Mercredi, le 20 juin 2012 est une date qui restera sans nul doute à jamais gravée dans la mémoire de Amna Aldam (52 ans) et de son époux Mohamed (67 ans) : c’est le jour où leur unique enfant a été sauvagement tué.

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Mamoun Aldam

« Maman, il y a des drones dans le ciel, j’ai peur. Ils sont nombreux, je les entends. J’aperçois également un hélicoptère. S’il te plait maman, viens vite. » Telles étaient les paroles au téléphone du petit Mamoun Aldam, 12 ans, qui à deux reprises appelait sa mère à son secours.

Aux environs de 14h30, un missile s’est abattu sur la terre agricole de la famille, située dans la région d’Al-Zeitoun, tuant ainsi Mamoun, et blessant son père non-voyant qui venait juste d’arriver sur les lieux avec son épouse.

Retour sur les faits. Le jour de l’attaque, Mamoun avait accompagné une personne pour lui montrer l’endroit de leur ferme. Amna raconte : « Nous avions l’intention de construire un entrepôt et avions engagé une personne à cet effet. Mais comme la personne ne connaissait pas l’endroit, Mamoun s’est proposé de partir avec lui. L’ouvrier a repéré la ferme et est reparti seul car Mamoun nous attendait sur place. »

Tout de suite après l’appel du jeune garçon, ses parents se sont précipités en direction de la ferme. Ils se sont assis, tous les trois, sous l’ombre d’un arbre pour se reposer. Ils ne s’attendaient pas à ce que les drones qui volaient au-dessus de leurs têtes pouvaient les attaquer : « Nous sommes des civils et nous n’étions pas armés. Les arbres de notre ferme sont tous petits car ils ont récemment été plantés. Nous pensions que nous étions à l’abri des attaques puisqu’on pouvait remarquer d’en-haut que nous étions des personnes civiles. »

Mamoun, poursuit sa mère, avait préparé le café à ses parents avant d’aller jouer au football : « Il jouait à 20 mètres de l’endroit où nous nous reposions quand je lui ai demandé de retourner auprès de nous. Tout d’un coup, j’ai entendu une explosion suite à laquelle, l’endroit où jouait Mamoun fut rempli de poussière, de fumée et de feu. Je l’ai entendu crier une fois, puis le silence. Il n’a pas répondu à mes appels répétés. »

D’un bond, Amna est accourue vers le lieu où jouait son enfant, en l’appelant désespérément : « La vue était rendue impossible par la poussière. Lorsque j’ai pu enfin apercevoir Mamoun, il était au sol, gisant dans une mare de sang. Ses jambes ont été arrachées. Tout son corps était transpercé par des éclats d’obus. Il était presque nu, et le peu de vêtements qui restaient sur son corps étaient brûlés. Il était sans vie. »

Amna se souvient clairement d’avoir entendu des voix émanant des fermes voisines. C’étaient des femmes qui criaient en la voyant saisir le corps de son fils : « Je l’ai pris et je l’ai emmené jusqu’à son père pour qu’il lui touche le visage et lui dise adieu. Mon mari a également été blessé : il saignait abondamment de la tête et des jambes droite et gauche. Le pauvre passait sa main sur son front et me demandait si c’était la sueur. Mon mari est diabétique et hypertendu et je pensais sérieusement qu’il allait mourir à cause de la quantité de sang perdu. Je me suis mise à crier pour que les gens viennent à notre secours. »

Deux ambulances sont arrivées sur les lieux peu de temps après et ont évacué Mohamed à l’hôpital. Les ambulanciers ont également emporté ce qui restait du corps de Mamoun. Restée derrière, Amna poursuit : « Il y avait des morceaux du corps de mon fils éparpillés un peu partout. Je suis restée pour tout ramasser dans un sac. D’ailleurs, d’autres femmes sont venues m’aider. »

Pour sa part, le père de Mamoun a refusé de rester dans l’hôpital malgré ses blessures. Il était déterminé à aller assister à l’enterrement de son fils. Amna explique que son mari a été traumatisé par la mort de leur enfant : « La mort de Mamoun a bouleversé Mohamed et toute son existence. Comment pourra-t-il vivre sans le fils qui a toujours été le guide de son père aveugle, comme lors de ses rendez-vous médicaux. Mohamed en a été grandement affecté et reconnaît ne plus supporter cela. Il lui arrive même d’appeler le nom de Mamoun puis se ressaisir. Conscient que son fils ne reviendra jamais, Mohamed sent qu’il ne tardera pas à le rejoindre. »

Quant à Amna, son existence repose désormais sur la douleur et sur des questions restées, et qui resteront sans réponses. Du jour du sinistre incident, Amna a gardé le ballon rouge dégonflé avec lequel son fils jouait innocemment avant qu’il ne soit sauvagement assassiné. Elle s’effondre et éclate en sanglots dès qu’elle l’évoque : « Regardez la photo de mon fils sur le mur, il était encore tout jeune. Je veux comprendre pourquoi mon fils. Pourquoi ont-ils tué mon fils. Mon Mamoun était très gentil et aimable envers tout le monde et envers les animaux. Personne ne s’est jamais plaint de lui. Il avait l’habitude de donner la nourriture à un chat errant qui continue de venir à la maison en appellant Mamoun. Je ne peux pas oublier son image quand il embrasse mes pieds et me dit ?tu es ma chérie, et je veux t’enfermer à l’intérieur de mon c ?ur’. Je veux juste qu’on me donne une raison qui justifie son assassinat. »

Les parents de Mamoun Aldam ne sont pas les seuls à endurer cette perte et le traumatisme qui s’en est suivi. Les enfants du voisinage ont également été affectés par cette mort : « A chaque fois que les enfants entendent des avions voler au-dessus de leurs têtes, ils courent vers leurs maisons en criant et en pleurant. Pourquoi tuent-ils des enfants ? Quel tort ont-ils commis ? Pourquoi tout ce nombre de drones qui s’attaquent aux civils ? J’ai pris mon fils dans mes bras lorsqu’il a été tué et tout s’effondra autour de moi. J’espère que Mamoun sera le dernier enfant tué en Palestine. »

Israël a lancé une série d’attaques sur la Bande de Gaza durant le mois de juin 2012. Ces opérations ont causé la blessure de 16 enfants, et la mort de 3 autres, dont Mamoun. Pourtant, le fait de cibler et de tuer un enfant, un civil protégé, constitue un crime de guerre tel que codifié dans l’Article 8 (2) (a) (i), et 8 (2) (b) (i) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale.

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Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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