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Vies sous occupation : quand les hôpitaux plongent dans le noir

dimanche 8 avril 2012 - 07h:01

PCHR Gaza

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La Bande de Gaza traverse une pénurie d’électricité et de carburant due principalement au blocus illégal perpétué par Israël, aux sanctions internationales contre les autorités de Gaza et aux conflits internes opposant les gouvernements de Gaza et de Ramallah.

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Sur la photo : Dr Kamal Abu Obada, sous-directeur du service des soins intensifs à l’hôpital al-Shifa au chevet d’un de ses patients.

En conséquent, cette crise a donné lieu à de sérieux ennuis touchant les installations sanitaires, l’approvisionnement en eau, les hôpitaux et autres établissements hospitaliers, privant ainsi la population de Gaza de tout accès aux services de base et compromettant le droit à la santé et à la vie. Tous ces problèmes se sont ancrés dans chaque aspect du quotidien des habitants de la Bande de Gaza depuis la mise en place de l’actuel blocus en 2007.
En janvier 2011, les autorités de la Bande de Gaza avaient cessé d’importer le carburant industriel d’Israël en raison d’une hausse des prix et l’incertitude des sources d’approvisionnement. Depuis, Gaza compte sur des ressources de carburant peu fiables qui passent en contrebande d’Egypte.

Le 14 février dernier, soit quelques jours après l’interruption de l’acheminement du gaz égyptien vers la Bande à travers les tunnels, l’unique centrale électrique de Gaza a dû cesser de fonctionner, plongeant ainsi une grande partie de la Bande dans le noir, avec une alimentation quotidienne en électricité ne dépassant pas les 6 heures. Ces pénuries mettent inutilement la vie et le bien-être des patients en danger. Pendant les périodes d’attaques et violence massives, comme ce fut le cas des cinq derniers jours, les hôpitaux sont souvent confrontés à des difficultés pour gérer le flux des blessés. Lors des dernières attaques israéliennes par exemple, 24 palestiniens ont trouvé la mort et 70 autres ont été blessés, majoritairement des civils.

Pour sa part, le Directeur d’Ingénierie et de Maintenance de l’hôpital al-Shifa de Gaza est appelé chaque jour à s’occuper des répercussions de la crise du carburant et de l’électricité. A ce titre, l’Ingénieur Bassam Al al-Hamadeen explique : « Les patients les plus vulnérables sont ceux admis à l’unité des soins intensifs, les bébés dans les pouponnières, les dialysés et ceux qui nécessitent des opérations. Je remercie Dieu car à ce jour, nous n’avons enregistré aucun décès. Toutefois, nous rencontrons d’autres types de pertes. En fait, au cours des deux dernières semaines, des générateurs de 6 centres de soins de base à travers la Bande de Gaza étaient tombés en panne. La raison est tout simplement parce qu’ils n’avaient pas été conçus pour fonctionner pendant tout le temps qu’il nous faut. En fait, les groupes électrogènes sont fabriqués pour dépanner pendant quelques heures seulement, en cas d’urgences momentanées. De plus, nos groupes et nos machines sont endommagés à cause des coupures et rétablissements répétés de l’électricité, sans oublier les variations entre sur tension et sous tension qui s’avèrent nuisibles pour le matériel. Actuellement, nous manquons de pièces de rechange et de lubrifiants pour l’entretien de nos équipements ».

Kamal Abu Obada, sous-directeur du service des soins intensifs à l’hôpital al-Shifa est lui aussi constamment conscient des risques qu’encourent ses patients. Il déclare : « Il n’y a pas plus déprimant et décourageant pour un médecin que le fait de travailler dur pour garder les malades en vie pour qu’ensuite, une coupure d’électricité vient compromettre leur pronostic vital. Si une personne vient à mourir, cela voudra dire que tous mes efforts étaient en vain ».

Ainsi, la vie des malades reste liée à l’alimentation de l’hôpital en électricité. Face à de sérieuses coupures et pénuries de carburant et d’électricité, le Ministère de la Santé décrète l’état d’urgence, comme ce fut le cas le mois de février dernier. En fait, durant ces périodes particulièrement pénibles, toutes les interventions chirurgicales sont suspendues, excepté les opérations très urgentes. Les conditions de travail sont des plus déplorables puisqu’il y a des soucis au niveau de la climatisation (que se soit pour le refroidissement ou pour le réchauffement) et des services d’épuration d’eau et de blanchisserie. A ce titre, Dr Abu Obada explique : « Tout est interrompu durant l’état d’urgence. Nous ne pouvons pas décider d’une opération des malades sauf en cas d’extrême nécessité. Nous devons également suspendre toute autre forme de traitement, de tests et de diagnostiques ».

Il ajoute : « Lorsqu’une coupure d’électricité survient, nous nous précipitons vers les patients pour les aider à respirer avec des sacs à oxygène. Risquée, cette solution nous pose cependant deux problèmes. Premièrement, nous ne disposons pas du personnel suffisant pour secourir tous les malades en même temps. Ensuite, il est très difficile de contrôler manuellement la quantité d’oxygène car nous risquons de perforer les poumons au moment de faire sortir une grande quantité d’air du sac dans le poumon du patient. Tout cela, et quand l’électricité est rétablie, nous devons reprogrammer toutes les machines et démarrer à zéro ».

Et ce n’est pas tout, le matériel endommagé à cause des coupures répétées est un autre souci qui tourmente Abu Obada. Il souligne : « Lorsqu’il y a une coupure de courant, les moniteurs de fréquence cardiaque et les tensiomètres s’éteignent. De ce fait, les capteurs qui se trouvent à l’intérieur des appareils s’endommagent ce qui cause un dysfonctionnement des alarmes qui sonnent inutilement mais qui n’émettent aucun signal lorsque l’état du patient présente un problème ».

Ces situations d’extrême stress ne touchent pas uniquement le personnel soignant. Les malades ressentent également le danger auquel ils sont confrontés à n’importe quel moment. Ainsi, Dr Abu Obada conclut : « Nous avons quelques patients qui se réveillent et qui savent très bien quand il y a coupure du courant. Il leur arrive de nous entendre et s’inquiètent pour leurs vies et pour celles des autres patients ».

Consultez également :

- Vies sous occupation : les moyens de subsistance pris pour cible - 3 avril 2012

14 mars 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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