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Moncef Marzouki prédit une ère de stabilité

vendredi 22 mai 2015 - 07h:24

Anwar al-Khatib

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Alors que l’ancien Président tunisien estime que la région se dirige vers une ère de stabilité, d’autres préviennent que de nouvelles cartes sociales et géographiques sont en cours d’être dessinées, rapporte Anwar al-Khatib.

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Mohammed Moncef Marzouki a été Président de la Tunisie de 2011 à 2014 - Photo : AFP

L’ancien Président tunisien Mohamed Moncef Marzouki estime qu’il y aurait à l’avenir une véritable stabilité dans le monde arabe.

Marzouki a argumenté en disant que l’étape actuelle d’instabilité était une phase transitoire, partant d’une stabilité artificielle et allant vers une véritable et souhaitable stabilité.

Bien que la phase actuelle soit coûteuse aux niveaux humanitaires, politiques et économiques, a-t-il poursuivi, elle est nécessaire afin de rompre avec une étape de stabilité artificielle et avancer vers une vraie stabilité.

Iyad Allawi, le vice-président irakien, a cependant prévenu que les déplacements démographiques qui ont lieu dans beaucoup de pays arabes, pourraient mener à de nouvelles cartes sociales et géographiques dans la région. Le terrorisme, l’extrémisme et le sectarisme sont parmi les premiers défis posés aux entités nationales arabes, aux liens sociaux, aux acquis et à civilisation elle-même, a-t-il expliqué.

Allawi a également fait savoir que « l’intervention » étrangère et l’appui accordé par certains pays aux groupes armés avaient aggravé les diverses crises.

Ces différents éléments ont entraîné le déplacement forcé de sept millions de Syriens et de trois millions d’Irakiens, a-t-il dit. En outre, des milliers de demandeurs d’asile se sauvant du terrorisme et de la purification ethnique se sont noyés ou sont morts de faim alors qu’ils étaient à la recherche d’une vie plus sûre.

L’optimisme de Marzouki et les avertissements d’Allawi ont été énoncés cette semaine au 15ème Forum de Doha et à la Conférence Enriching the Middle East’s Economic Future. L’événement a été ouvert par Sheikh Abdullah bin Hamad al-Thani, second de l’émir du Qatar.

Le vice-président irakien a réclamé plus de réformes, avec la restructuration des organismes régionaux et internationaux tels que la Ligue Arabe et les Nations Unies.

Allawi a indiqué qu’une conférence régionale devrait être tenue avec un appui international pour parvenir à de nouveaux accords basés sur l’intérêt mutuel, le respect de la souveraineté, et la non-intervention dans les affaires des autres États.

L’ancien président tunisien, a déclaré de son côté que les régimes arabes essayaient d’imposer une stabilité artificielle à leurs peuples. Ceci inclut la Tunisie - où « un modèle terrifiant avait mené à une sorte de fausse stabilité, faisant taire l’opposition sous le prétexte du combat contre le terrorisme ».

Marzouki a déclaré que le peuple syrien payait un coût très élevé dans cette transition - mais qu’il n’avait aucun autre choix. Il a expliqué qu’il était exclu de retourner aux « vieilles méthodes » et au type de stabilité imposé par la violence étatique.

« Il est étrange que l’Égypte veuille répéter le vieux modèle, car celui-ci mènera aux mêmes résultats, et la réaction qui se produira pourrait être bien plus violente qu’auparavant, » selon lui.

Marzouki a affirmé que les Arabes ont le pouvoir d’imposer une vraie stabilité, basée sur de bons gouvernements, une répartition équitable des richesses et la coopération régionale. Il estime que les Arabes feront tout leur possible pour s’opposer à la corruption et aux stabilités fictives, et finiront par concrétiser leurs espoirs en travaillant dur.

Dans son discours d’ouverture, Sheikh Abdullah bin Nasser bin Khalifa Al Thani, Premier ministre et ministre de l’intérieur, a invité le Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une position juste sur les principales questions auxquelles le monde fait face.

« La paix est le choix stratégique et le meilleur pour le Moyen-Orient, » a-t-il dit. « La région ne connaîtra pas la sécurité et la stabilité tant que durera l’occupation israélienne de tous les territoires Arabes occupés, et tant que le peuple palestinien ne se verra pas accordé le droit d’établir un État indépendant le long des frontières de 1967 avec sa capitale à Jérusalem, conformément aux résolutions internationales et arabes, » a-t-il expliqué.

Selon Thani, le Conseil de Sécurité n’a pas assumé ses responsabilités juridiques et morales qui sont d’imposer la paix et la sécurité, de s’opposer à la colonisation israélienne, à sa brutalité, aux arrestations ou au blocus.

Le Conseil de sécurité a mis en évidence ses doubles standards et miné la crédibilité de la communauté internationale en s’abstenant de faire pression sur Israël comme il l’a fait sur beaucoup d’autres qui pourtant ne s’engageaient pas dans des actions aussi agressives.

Le premier ministre qatari a dit que l’incapacité des Nations Unies à résoudre les conflits avait mené à un échec collectif du système de sécurité international, créant un climat qui entretient la violence et l’instabilité. Une telle situation, dit-il, rend impossible la sécurité et la stabilité, sans parler de la démocratie ou des droits de l’homme.

Le dirigeant qatari a blâmé la communauté internationale, particulièrement le Conseil de Sécurité, de ne pas s’activer sérieusement pour résoudre la crise syrienne et pour imposer « les aspirations légitimes du peuple de Syrie ».

Le Conseil a échoué, en dépit de la souffrance permanente des Syriens due aux actions du régime syrien, qui se sont élevées au niveau d’un « génocide ».

Le régime syrien, a-t-il poursuivi, a franchi toutes les « lignes rouges » de la moralité, des lois, des normes internationales ou des principes. Il a employé les gaz toxiques contre les civils innocents dans une violation flagrante du droit international.

Invitant la communauté internationale à renforcer la coopération pour éliminer le terrorisme, le premier ministre qatari a dit qu’il était particulièrement important de s’attaquer aux racines de la violence, qui sont la pauvreté et les fortes inégalités, le manque de respect des droits de l’homme, aussi bien que l’exclusion politique et sectaire.

« Si le terrorisme est confronté uniquement par des solutions sécuritaires et militaires, la paix, la sécurité, et la stabilité demeureront impossibles, » a-t-il argumenté.

Le Forum et la Conférence de Doha constituent un événement annuel suivi par d’actuels et anciens chefs d’État, et différents membres de gouvernements. L’événement aborde les questions de transition démocratique, de sécurité commune et de stabilité régionale et internationale, aussi bien que les questions de développement, d’économie, de commerce, d’énergie, de coopération internationale, de droits de l’homme, et de médias et communication.

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12 mai 2015 - Al-Araby al-Jadeed - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.alaraby.co.uk/english/po...
Traduction : Info-Palestine.eu


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