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23 octobre 2011 : vote historique en Tunisie

dimanche 23 octobre 2011 - 09h:13

Ma’an News

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Les électeurs tunisiens pèsent encore leurs choix ce samedi à la veille de la première élection du « printemps arabe » et neuf mois après le renversement du dictateur Zine el Abidine Ben Ali.

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Meeting de Ennahda à la cité populaire de Ezouhour à Sousse avec le secrétaire général du Parti Hamadi Jebali - Photo : Nicolas Fauqué

« Je suis si heureux d’aller voter demain, pour être en mesure pour la première fois de faire mon choix », a déclaré dans les rues de Tunis à l’AFP Neda Kouki, âgée de 37 ans.

« J’en ai la chair de poule rien que d’y penser », a-t-elle ajouté, remontant sa manche et montrant son avant-bras comme preuve.

Avec de nombreux électeurs indécis jusqu’au dernier moment, le responsable de la commission électorale, Kamel Jendoubi, a déclaré la commission - l’ISIE - « prête et confiante ».

« Nous sommes heureux, nous sommes excités, nous voulons que les élections réussissent », a-t-il déclaré aux journalistes alors qu’il restait 18 heures a attendre avant les premières élections démocratiques dans un pays où les résultats électoraux étaient toujours prévus d’avance.

Mais Jendoubi a exhorté le gouvernement intérimaire à ne pas interférer, cela risquant de compromettre la crédibilité de l’élection.

Il réagissait à une déclaration faite par un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères, qui a donné l’impression que le ministère plutôt que l’ISIE était « responsable des élections ».

« La seule organisation qui a le pouvoir de délivrer des informations sur le vote est le haut-commissariat pour les élections et personne d’autre », a déclaré le responsable de l’organisation des élections.

« Si un représentant de l’État intervient, cela pourrait compromettre la crédibilité de cette élection. »

Le parti islamiste Ennahda est pressenti pour remporter la plus grande part des bulletins de vote, selon les sondages pour ce dimanche où 7,2 millions d’électeurs sont appelés à élire une assemblée de 217 membres qui va rédiger une nouvelle constitution.

Il aura également la tâche de nommer un président intérimaire et un gouvernement intérimaire qui resteront en place pendant toute la durée du processus de rédaction, qui devrait prendre un an.

« Il y a trop de partis », a déclaré Hishem Jmel, 47 ans, chômeurs - un des électeurs indécis. Mais il a souligné que son vote était néanmoins « un devoir, pour un avenir meilleur ».

Les électeurs peuvent choisir parmi quelque 11000 candidats représentant 80 partis politiques et des milliers de candidats indépendants.

Mohamed Ben Salah est l’un des milliers de Tunisiens qui sont descendus dans les rues en décembre et janvier pour manifester contre la corruption, la pauvreté et le chômage, et qui ont forcé Ben Ali à s’enfuir en Arabie Saoudite.

« J’ai 30 ans, mais je n’ai pas de travail, ni femme, ni voiture, ni maison. Je vais voter pour la liberté et pour l’emploi », a-t-il dit.

La mission d’observation de l’Union européenne a déclaré que la campagne, qui s’est terminée ce vendredi, avait été calme et organisée.

« Il n’y a presque aucune possibilité de tricherie ou de falsification des résultats, car les processus sont transparents », a déclaré à l’AFP Michael Gahler, le responsable de la mission. « Si tout se passe comme prévu, nous aurons un résultat crédible. »
[Tout au long de la dictature de Ben Ali, les pays de l’Union Européenne n’ont eu de cesse de se bousculer à Tunis pour décrocher les plus juteux contrats possibles, alors que Ben Ali réprimait, emprisonnait ou forçait à l’exil les syndicalistes et tous ses opposants. Et aujourd’hui l’UE vient donner des leçons de démocratie ! Un tel culot est sidérant - N.d.T]

Mohamed Fadhel Mahfoudhn de l’ISIE a déclaré que tous les bureaux de vote auraient leurs bulletins avant la fin de la journée de samedi.

Et Jendoubi d’ajouter : « En ce qui concerne la sécurité, je pense que les choses sont sur la bonne voie. Il y a une grande vigilance ».

Ennahda avait lancé un avertissement mercredi au sujet d’un risque de fraude électorale. Il a promis une nouvelle mobilisation si des fraudes étaient constatées.

Mais le responsable du parti Rached Ghannouchi a souligné lors d’un rassemblement final ce vendredi que Ennahda « reconnaîtra les résultats des élections. Nous allons féliciter les gagnants, que que soit le score du mouvement Ennahda. »

Le parti avait été interdit et Rached Ghannouchi poussé à l’exil sous Ben Ali, dont le renversement a suscité à l’échelle régionale des soulèvements dont dernière victime a été Mouammar Kadhafi en Libye.

La nouvelle assemblée constituante devra se pencher sur des questions cruciales comme le nouveau système de gouvernement et les garanties pour les droits fondamentaux, dont l’égalité des sexes. Ennahda est soupçonné par beaucoup de chercher à restreindre ces droits.

Affirmant que son modèle est l’état laïc de la Turquie, Ennahda a cherché à rassurer l’électorat en promettant de ne pas limiter les droits des femmes, largement considérés comme les plus libéraux du monde arabe.

La gauche progressiste reste divisée, ayant échoué à s’entendre sur une coalition.

Les enjeux sont très importants. Le succès ou l’échec de l’élection enverra un signal fort aux peuples du monde arabe, encouragé par le courage exemplaire de la Tunisie révolutionnaire pour se révolter à leur tour.

« C’est un rêve devenu réalité », a déclaré Mustapha Bensmail, âgé de 65 ans et retraité, qui a rappelé comment sous Ben Ali « les gens regardaient par dessus votre épaule au moment où vous faisiez votre croix [sur le bulletin de vote]. »

« Pour la première fois, nous verrons les Tunisiens voter en toute liberté. »

Les résultats définitifs des élections sont attendus ce lundi.

22 octobre 2011 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
/spip.php?article11347
Traduction : Info-Palestine.net


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