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Les élections en Tunisie : une lumière dans un océan d’obscurité

jeudi 27 novembre 2014 - 17h:51

Abdel Bari Atwan

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Personne ne doit sous-estimer l’importance et la signification de l’élection présidentielle tunisienne de ce week-end.

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A la sortie du bureau de vote deux jeunes filles, 18 ans et 23 ans, montrent fièrement leur doigt encré, preuve de leur acte civique, à Raf Raf, une ville cotière au nord de Tunis - Photo : Nicolas Fauqué/Le Monde

Elle permettra de déterminer non seulement l’identité du nouvel occupant du Palais de Carthage, mais aussi (et surtout, à notre avis) la poursuite du succès de l’expérience démocratique en Tunisie, à un moment où le reste du monde arabe post-révolutionnaire est soit encore sous l’emprise de dictatures, soit dans un désordre sanglant.

Les Tunisiens ont stupéfié le monde avec leur révolution, et cette expérience dans leur cas est restée relativement calme et sans effusion de sang, atteignant ses objectifs grâce à la conscience démocratique, le sens du compromis et l’ambition d’une politique dynamique en Tunisie avec un gouvernement élu, digne et stable.

Naturellement, comme dans toute démocratie, les citoyens de la Tunisie sont divisés sur les candidats pour qui ils votent, et sur les mérites relatifs des manifestes des divers partis, mais il n’y a pas de contestation quant à l’intégrité et la régularité du processus de vote et la liberté expérimentée par les électeurs, laquelle rivalise avec celle de pays qui connaissent ce type de processus depuis plus d’un siècle.

Les résultats officiels sont attendus demain, mardi, mais les partisans du politicien vétéran et ancien Premier ministre, Béji Caïd Essibsi sont convaincus que leur homme va se hisser en tête d’une lutte de coude à coude avec le président par intérim, Moncef Marzouki. D’autres suggèrent qu’un deuxième tour de scrutin sera nécessaire [ce qui s’est confirmé entre temps - N.dT].

Essibi, âgé de 87 ans et chef du parti laïque, Nidaa Tounes, a circulé dans les allées du pouvoir depuis plus de 50 ans, surtout à l’époque du fondateur de la Tunisie moderne, Habib Bourguiba. Son passage en tant que Premier ministre visait à superviser la transition post-révolutionnaire, la période la plus complexe et plus dangereuse de l’histoire de la Tunisie, avec l’organisation des première élections libres après la révolution.

Son principal concurrent, le Dr Moncef Marzouki, âgé de 69 ans - le titulaire actuel du poste de Président et dirigeant du parti du Congrès pour la république - est un militant des droits de l’homme, depuis longtemps engagé dans la lutte contre la tyrannie et la corruption et la cible durant l’époque de la dictature, de tentatives de détention et d’assassinat par les agents de l’ancien régime.

Le peuple tunisien décidera qui est l’homme le mieux placé pour diriger le pays dans la prochaine phase : Essibsi, un homme qui est un expert chevronné en relations internationales, ou l’iconoclaste Marzouki, qui porte la bannière de la justice et des droits de l’homme depuis de nombreuses années, et qui, comme premier président de la Tunisie après la révolution, a vécu dans le Palais de Carthage durant trois ans, tout en évitant les pièges du pouvoir et en réduisant son salaire et en vivant la vie d’un spartiate ?

Peu importe le résultat, c’est une grande réussite démocratique, pour tous les Tunisiens qui ont participé à ce scrutin.

Je tiens à adresser mes plus sincères félicitations au peuple tunisien et l’exhorte également à continuer à élargir et à approfondir la démocratie qui est la sienne, à renforcer le respect des droits de l’homme, à développer un programme économique offrant des opportunités de travail pour tous.

Celui qui gagnera l’élection, que ce soit maintenant ou après un deuxième tour de scrutin, sera à la tête d’une nation à qui je dis, du fond de mon cœur, vous êtes une lumière brillante dans un monde arabe sombre et sanglant, et puissiez-vous longtemps briller .

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* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du site Raialyoum. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

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24 novembre 2014 - Rai al-Yaoum - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.raialyoum.com/?p=183156
Traduction :Info-Palestine.eu


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