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L’UE dénonce la colonisation israélienne, mais s’évertue avant tout à la financer...

mardi 19 mars 2013 - 06h:24

Ramzy Baroud

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Beaucoup de mauvaises nouvelles nous viennent d’Israël ces dernières semaines. Il faut dire qu’il n’y a jamais de bonnes nouvelles venant d’ Israël, de son occupation militaire, de sa politique de discrimination et des mauvais traitements infligés aux Palestiniens.

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18 janvier 2013 - Un soldat israélien agresse violemment un militant palestinien lors de la manifestation hebdomadaire contre le mur israélien dans le village d’al-Maasara en Cisjordanie occupée. S’il est achevé comme prévu, le mur coupera le village de ses terres agricoles - Photo : Ryan Rodrick Beiler/ActiveStills

Mais à présent, même les organisations internationales qui sont les plus constants soutiens d’Israël, semblent convenir que Tel Aviv va dans le mur, et de manière irrévocable.

Peu de spécialistes du droit international défendront la construction effrénée de colonies juives dans les territoires palestiniens occupés.

Pourtant, les puissances occidentales, avec à leur tête les États-Unis, ont exercé très peu de pression sur Israël pour qu’il cesse ses activités illégales.

En fait, sans les financements américains et européens, il aurait été presque impossible pour Israël de construire des colonies et de transférer au cours des années, plus d’un demi million d’Israéliens sur des terres volées aux Palestiniens, en violation flagrante de nombreuses lois internationales, dont la quatrième Convention de Genève.

Pire encore, le commerce avec les pays européens et d’autres, a soutenu ces colonies tout à fait illégales, leur permettant de prospérer aux dépens des Palestiniens, lesquels ont subi de larges campagnes de nettoyage ethnique depuis 1967.

Mais finalement, les diplomates de l’Union Européenne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie s’expriment en termes limpides.

Dans un rapport publié à la fin du mois dernier, les diplomates ont déclaré que « la construction de colonies reste la plus grande menace à la solution à deux États. Elle est systématique, délibérée et provocatrice. »

Le rapport appelle les États de l’UE à « ne pas soutenir ... la recherche, l’éducation et la coopération technologique » avec des colonies et à « décourager » l’investissement dans les sociétés israéliennes qui opèrent dans les territoires occupés.

Sans surprise, le rapport ne contient que des recommandations et n’a rien de contraignant. Et même si ces recommandations devaient être prises en compte, Israël et ses amis et lobbyistes européens seraient susceptibles de trouver des échappatoires qui priveraient de contenu et de force toute action de l’UE.

Sans action de la société civile visant à faire monter la pression sur les gouvernements européens - par exemple sur les pro-israéliens purs et durs du gouvernement britannique - le business avec Israël continuera comme d’habitude.

Non seulement Israël bafoue le droit international, mais les gardiens supposés de ce droit international sont ceux-là même qui s’arrangent pour qu’Israël n’ait pas à répondre de ses actes, qui poussent les Palestiniens dans la pauvreté quand ils ne les conduisent pas à la ruine.

En janvier dernier un rapport d’Oxfam a diffusé l’information selon laquelle l’économie palestinienne, qui est actuellement en pleine régression, pourrait générer des revenus tellement attendus - 1,5 milliard de dollars pour être exact - si Israël assouplissait ses restrictions rien que dans la vallée du Jourdain.

Mais sans accès à leur propre terre et aux ressources en eau, les Palestiniens de la vallée continuent à lutter pour leur survie alors que les colonies sont en plein essor.

Bien que le gouvernement américain est bien connu pour avoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour défendre Israël à n’importe quel prix, pour assurer la supériorité militaire d’Israël sur l’ensemble de ses voisins, l’UE a de façon trompeuse acquis une réputation plus nuancée. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité.

Dans un rapport récent, le groupe al-Haq de défense des droits des Palestiniens, a souligné que le commerce des produits cultivés dans les colonies avait « directement contribué à la croissance et à la viabilité des colonies de peuplement en fournissant une source de revenus essentielle qui leur permet de prospérer. »

La valeur déclarée du total des échanges des colonies israéliennes avec l’UE s’élève à environ 300 millions de dollars par an. Cela peut paraître faible par rapport au 39 milliards de dollars du total des échanges entre l’UE et Israël en 2011, mais cela signifie que « l’UE dispose d’un moyen de pression en étant le partenaire commercial d’Israël le plus important, car l’Europe reçoit environ 20 pour cent du total des exportations israéliennes », comme l’a souligné Dalia Hatuqa dans un article écrit pour al-Monitor.

Le fait est que l’Europe prend finalement part à l’assujettissement des Palestiniens en finançant l’occupation israélienne et l’installation de sa population de colons en forte croissance. Et aucune dose de « recommandations » diplomatiques ou de novlangue n’y changera quelque chose.

Mais l’expansion des colonies ne peut être pris en compte isolée de son contexte. Cela n’a aucun sens de parler de boycott des colonies tout en soutenant les principaux organismes qui ont en premier lieu commandité ou donné leur aval à la colonisation.

Ainsi, la distinction entre les produits fabriqués en Israël ou ceux fabriqués dans les colonies est au mieux absurde.

Les colons ne sont pas des électrons libres. Ils sont considérés comme faisant partie intégrante d’Israël. Aux yeux du gouvernement israélien il y a peu de différence entre les colons de Ma’ale Adumim et habitants de Tel-Aviv.

Yigal Palmore du ministère israélien des Affaires étrangères a répondu en termes cinglants au rapport de l’UE. « La mission d’un diplomate est de construire des ponts et de rassembler les gens, pas de favoriser la confrontation. Les diplomates de l’UE ont clairement échoué dans leur mission », a-t-il prétendu.

Rien n’est dû au hasard dans les plans israéliens. Comme c’est déjà le cas dans diverses parties des territoires occupés, les Palestiniens deviennent une présence indésirable sur leur propre terre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé de développer de nouvelles colonies dans une zone connue sous le nom de E1, afin de couper Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie. Il est peu probable qu’il y ait un retour en arrière sur les projets de construction, qui incluent 3000 unités d’habitation supplémentaires pour les colons dans ce couloir de terres à proximité de Jérusalem.

Israël est implacable et n’a aucun respect pour le droit international. Il y est encouragé par la faiblesse de ses voisins, la protection sans limites de ses amis, et la couardise de ses détracteurs, qui trop souvent, sont empêtrés dans des empoignades intellectuelles sur les limites à ne pas dépasser dans le vocabulaire employé, et sur les moyens appropriés pour encadrer le discours.

Israël se fiche totalement de ces querelles, qui ne font que lui permettre de gagner du temps pour progresser vers son but hideux d’un système d’apartheid.

Pour ceux qui se sentent mal à l’aise avec ce terme choquant, pensez à la dernière initiative du ministère israélien des transports. Il a affecté la ligne de bus n° 210, qui transporte à partir de la Cisjordanie les ouvriers palestiniens bon marché, « aux seuls Palestiniens ».

Bien sûr, ce n’est pas une politique isolée, mais la continuation d’une épouvantable feuille de route.
Les mauvaises nouvelles en provenance d’Israël ne sont pas prêtes de tarir.

Chaque jour amène un nouveau développement inquiétant de nouvelles pratiques israéliennes contre les Palestiniens, et trop souvent, cela ne rencontre qu’une faible critique internationale, sans aucune action d’envergure.

Les associations et organisations de la société civile doivent dire à leurs gouvernements que c’en est assez. Alors qu’Israël devrait être tenu de rendre des comptes, les pays de l’UE, comme d’autres, ne devraient pas financer l’occupation tout en dénonçant la colonisation. Cette hypocrisie ne peut plus être tolérée.

* Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Résistant en Palestine - Une histoire vraie de Gaza (version française), peut être commandé à Demi-Lune. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Fnac.com

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12 mars 2013 - The Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
http://palestinechronicle.com/fundi...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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