16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Vous êtes ici : Accueil > Dossiers > Palestine > Analyses

Cet anniversaire de la Nakba : le moment de se focaliser sur la Palestine

mercredi 16 mai 2012 - 06h:53

Joharah Baker - Miftah

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Oui, cet anniversaire de la Nakba est très fort en émotions, pour tous les Palestiniens, mais c’est aussi une sonnette d’alarme.

PNG - 164.8 ko
Le vrai combat pour la Palestine se trouve dans cette lutte courageuse menée dans les cellules froides et obscures des prisons de l’occupation israélienne, et dans les cœurs déterminés des réfugiés palestiniens.




Ce jour, 15 mai 2012, marque le 64e anniversaire d’Al Nakba, la Catastrophe palestinienne de 1948. Chaque année, le 15 mai, les Palestiniens rappellent la calamité qui s’est abattue sur eux afin que l’État d’Israël voie le jour. D’environ 800 000 Palestiniens au départ qui, dans la peur, ont dû fuir leurs foyers, ce nombre aujourd’hui est à multiplier par dix. Plus de cinq millions de réfugiés palestiniens enregistrés vivent dans des camps, en Palestine et dans les pays arabes voisins. Et chaque année, ils se souviennent de leurs foyers, de leurs terres et de leurs vies perdus, qu’ils sont toujours impatients de retrouver.

Al Nakba est très forte en émotions pour tous les Palestiniens parce qu’elle incarne les grandes injustices qui ont été perpétrées contre eux, et l’échec à les réparer. Cette année, les émotions sont encore plus fortes. Non seulement elle marque une année supplémentaire de manques et d’attentes, mais c’est une année où 2000 de nos enfants meurent de faim derrière les barreaux israéliens, exigeant leur liberté et leur dignité avec la seule arme qu’ils possèdent : les ventres vides.

Les réfugiés, ou leurs descendants, qui gardent toujours précieusement les clés de leurs maisons perdues, et les prisonniers prêts à l’ultime sacrifice pour leur pays en sont arrivés au point de faire honte à toutes et tous.

Notre cause n’a rien à voir avec des sièges de pouvoir, des titres ou des portefeuilles ministériels ; ce n’est pas pour se faire prendre en photos ou avoir des discussions préliminaires ou pour aller à la Maison-Blanche. Notre cause concerne une nation, un pays perdu, une cause qui mérite toujours, grâce au dévouement et à la passion de son peuple, qu’on se batte pour elle.

En ces moments éprouvants, notre peuple a plus que jamais besoin d’unité. Aussi difficile que cela puisse paraître, nous devons nous obliger à prendre Israël pour exemple. La semaine dernière, Benjamin Netanyahu nous a appris à quel point il faut être judicieux en politique. Dans une initiative surprise qui nous a tous sidérés, il s’est associé avec son opposition, le parti Kadima, pour former un gouvernement de large coalition nationale et a évité ainsi des élections anticipées qui auraient pu lui coûter son poste. Peu importe que le Kadima et le Likoud s’y retrouvent comme chiens et chats, se traitant les uns les autres de tous les noms, et se lançant de tous côtés des accusations blessantes. Pour l’avenir d’Israël (et la peau de Netanyahu en prime) toutes les divergences ont été effacées et la coalition est née.

Les Palestiniens ont tant à apprendre. Non seulement la réconciliation entre Hamas et Fatah nous échappe encore et toujours, mais le « remaniement ministériel limité », pour reprendre les termes des officiels de l’Autorité palestinienne, reste encore à faire. Ils se chamaillent, se disputent, ils laissent leur avidité prendre le meilleur d’eux-mêmes alors que le vrai combat pour la Palestine, il se trouve dans cette lutte courageuse menée dans les cellules froides et obscures des prisons de l’occupation israélienne, il se trouve dans les c ?urs déterminés des réfugiés de Palestine.

Les prisonniers ont réussi là où leurs dirigeants ont échoué. Ils se sont unis dans leur lutte contre leur oppresseur et ils continuent de se battre côte à côte indépendamment de leur affiliation politique. Si seulement nos dirigeants pouvaient faire de même. Qu’importe le parti qui obtient tel ou tel ministère - ils sont tous sans importance aux yeux de l’occupation israélienne de toute façon. Alors qu’excuses et accusations se prolongent sans fin, la Palestine est perdante chaque jour qui passe. Un coup d’ ?il sur les colonies qui s’étendent fébrilement dans toute la Cisjordanie et à Jérusalem prouve combien c’est vrai.

Aujourd’hui, nous somme à une croisée des chemins. Les prisonniers, qui ne visent rien de moins que l’aboutissement de leurs justes revendications, nous ont appris une précieuse leçon avec leur détermination et leur passion. De même que la photo qui montre un homme de 95 ans brandissant la clé de sa maison dans la Palestine d’avant 1948 et qu’il a perdue nous rappelle à toutes et à tous que c’est une cause qui mérite qu’on se batte pour elle, parce qu’il est question de dignité, de patrie et d’un peuple qui ne capitulera pas.

Oui, cet anniversaire de la Nakba est très fort en émotions, pour tous les Palestiniens, mais c’est aussi une sonnette d’alarme.

Tout n’est pas perdu, comme le pensent bien des observateurs palestiniens sceptiques de la scène politique. Il y en a tant parmi nous - les prisonniers et toutes celles et ceux qui sont dans les rues chaque jour en solidarité avec eux, et les réfugiés qui, quand vous leur demandez d’où ils viennent vous donnent le nom de leur village d’origine -, il y en a tant qui toujours gardent la Palestine tout entière au fond de leur c ?ur et de leur tête. C’est notre chance pour surmonter cet état de fait ridicule et pour voir notre lutte pour ce qu’elle est : simple et pure, c’est la lutte pour la Palestine.





* Joharah Baker est écrivain au Media and Information Department at the Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy (MIFTAH). Elle peut être contactée à mid@miftah.org.

Du même auteur :

- Uniformiser les règles - Miftah
- La religion doit unir, pas diviser - Miftah
- Au nom des enfants - Miftah
- Les nombreuses facettes de l’Occupation - Uruknet
- Les Juifs Israéliens doivent perdre leur arrogance - Miftah
- L’impossible retour à la normale - Miftah
- Ce pourrait être notre Bab Al Hara - Miftah

14 mai 2012 - MIFTAH - Traduction : Info-Palestine.net/JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.