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Les nombreuses facettes de l’Occupation

mardi 21 septembre 2010 - 06h:46

Joharah Baker - Uruknet

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Il y a une vérité absolue qui ne peut être réfutée en ce qui nous concerne ici en Palestine : Israël contrôle quasiment tous les aspects de notre vie, écrit Joharah Baker.

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L’occupant israélien veut quotidiennement et en toute occasion humilier les Palestiniens. Mais qui perd sa dignité ?

Peu importe comment nous essayons de contourner cette réalité, de l’atténuer ou de la voir sous un "angle différent" c’est la vérité et c’est la principale raison pour laquelle aucun accord partiel ne tiendra jamais.

Il suffit de voyager dans les Territoires Occupés pour voir à quel point c’est vrai. Pendant le Eid Al Fitr -les vacances musulmanes qui suivent le mois de Ramadan- le checkpoint de Qalandiya entre Ramallah et Jérusalem (qui a été installé il y a peu de temps) était complètement engorgé. Les gens mettaient littéralement deux, trois ou quatre heures pour traverser le barrage, parce que Israël avait décidé de bloquer tout le trafic qui allait de Ramallah à Jérusalem. Peu importe que les gens aient des projets, aient besoin de rentrer retrouver leurs enfants et leurs parents, ou dans le pire des cas, d’aller à l’hôpital.

A la grille en fer ouverte dans le mur de séparation de Qaladiya, se tenait un groupe de jeunes soldats israéliens avec leurs fusils armés qui regardaient avec des sourires narquois les Palestiniens chercher désespérément à se frayer un passage dans la cohue. Bien que les autorités [israéliennes] aient été responsables du chaos, elles ne bougeaient pas le petit doigt pour améliorer la situation, et ce sont de jeunes Palestiniens qui ont dû sortir de leurs voitures pour essayer de faire la circulation.

Ce n’est pas seulement la circulation et les barrages qu’Israël contrôle. Les Palestiniens partout en Cisjordanie souffrent du manque d’eau. Dans mon quartier de Ramallah, l’eau est coupée quatre jours sur sept. Les familles doivent se rationner en eau parce que quand leurs réservoirs sont vides, il n’y a aucun moyen de les remplir avant que l’eau ne revienne. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’eau en Cisjordanie contrairement à ce qu’on croit. Selon un rapport des l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem, Israël contrôle et exploite pour son propre compte 80% de l’eau des nappes aquifères de la Montagne qui représentent la réserve d’eau la plus importante de la région. La population palestinienne se partage les 20% qui restent.

Un rapport de 2008 de l’Organisation Mondiale pour la Santé permet de se faire une idée plus précise de la manière dont Israël contrôle les ressources en eau pour la distribuer à ses propres habitants. Selon cet organisme, la consommation minimale quotidienne par habitant devrait être de 100 litres. En Israël la consommation individuelle atteint 242 litres pendant que les Palestiniens ne disposent que de 73 litres en moyenne par jour et par personne. Dans certains endroits selon le WHO, ils ne disposent que de 37 litres.

Les colons illégalement installés en terre palestinienne ne manquent pas d’eau. Si vous passez près d’une colonie juive vous verrez des pelouses vertes et une piscine et il est plus qu’évident que les colons n’ont pas besoin de se demander s’ils auront assez d’eau pour se doucher ou pas. Les rapports indiquent que dans des endroits comme la vallée du Jourdain, les colons utilisent jusqu’à six fois plus d’eau que les Palestiniens qui habitent au même endroit.

Aussi quand les Palestiniens disent qu’ils cesseront de participer aux négociations de paix si Israël continue de construire des colonies, on ne peut pas considérer cela comme excessif, au contraire l’arrêt de la construction est l’exigence minimale qu’ils puissent avoir quand on voit à quel point l’existence des colonies a détruit et continue de détruire la vie des Palestiniens.

En ce moment même, alors que les deux camps se préparent à se rencontrer à Sharm Al Sheikh pour le second tour des pourparlers lancés à Washington le 2 septembre, Israël est déjà en train d’accuser l’autre camp. Il a qualifié la demande qu’Israël prolonge le gel de la construction dans les colonies (déjà bien entaché de violations) une stratégie du" tout ou rien" qui pourrait faire dérailler le processus de paix. Israël accuse les Palestiniens d’être intransigeants alors que la demande de geler les constructions dans les colonies est on ne peut plus légitime. De nombreux Palestiniens pensent même que c’est beaucoup trop peu et beaucoup trop tard et disent que les dirigeants palestiniens devraient exiger au moins un arrêt total des constructions dans les colonies et le démantèlement des installations coloniales en accord avec le droit international.

Cependant Israël n’a aucune intention de mettre fin à l’entreprise coloniale en Cisjordanie pour la bonne raison que c’est le seul moyen de contrôler la terre et par voie de conséquence le peuple opprimé qui y habite. Depuis le début de l’occupation de la Cisjordanie en 1967, tous les gouvernements israéliens ont encouragé le développement des colonies en offrant des avantages économiques comme des maisons subventionnées et des réductions du coût des services publics. Sous le prétexte de veiller à sa propre sécurité, Israël garde un contrôle total de la population palestinienne en maintenant une présence en Cisjordanie à travers les colonies, les routes réservées aux Israéliens qui la sillonnent, le mur de séparation et les barrages comme celui de Qalandiya.

Tandis qu’Israël continue de déblatérer sur le fait que les Palestiniens ne sont pas raisonnables et font obstacle à la paix, il faut rappeler au monde ce que c’est que de vivre sous occupation. Le contrôle et l’oppression ont de multiples facettes. La présence militaire et les heurts avec l’armée d’occupation sont des caractéristiques importantes de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, mais ils ne sont pas les seuls. Le contrôle général que les Israéliens exercent sur la vie des Palestiniens est étouffant parce que rien n’y échappe. Entrer et sortir du pays, aller à Jérusalem, travailler à l’intérieur de la Ligne Verte, importer ou exporter des marchandises, construire une maison, cultiver sa terre (en admettant que vous pouvez y accéder), et même la quantité d’eau dont vous pouvez disposer, tout est sous le contrôle de la puissante poigne d’Israël, le pouvoir occupant.

Et donc, avant que le monde ne nous accuse de quoi que ce soit ou ne s’adonne à des jugements expéditifs, tâchons tous de ne pas oublier les raisons essentielles pour lesquelles nous négocions. Puis après que l’occupation soit dûment mentionnée, tâchez de seulement vous représenter ce que c’est que de passer quatre heures sur un trajet de normalement 45mn pour réussir à rentrer chez soi et de ne même pas pouvoir prendre une douche en arrivant car il n’y a pas d’eau.

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Johara Backer

* Joharah Baker est écrivain au Media and Information Department at the Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy (MIFTAH). Elle peut être contactée à mid@miftah.org

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17 septembre 2010 - Uruknet - Pour consulter l’original :
http://ww.uruknet.info?p=m69874
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet


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