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12 janvier 2009 : la famille Ayad

mercredi 7 mars 2012 - 10h:36

PCHR Gaza

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« Si une nouvelle guerre éclate, je ne bougerai pas d’ici même au prix de nos vies. Je ne veux pas revivre la même situation qui a suivi la guerre de 2008. »

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Abdel Kareem et Rezeq Ayad

Les forces israéliennes avaient, ce 12 janvier 2009, rasé la maison de la famille Ayad, située dans le quartier Zaytoon de la ville de Gaza. La famille qui se compose du père Rezeq (60 ans), de la mère Yusra (58 ans), des quatre garçons : Mustafa (16 ans), Mohamed (20 ans), Abdel Kareem (26 ans) et Khalil (29 ans), ainsi que les deux filles de ce dernier, s’est retrouvée dans la rue, sans abri, à la suite de cette attaque.

Les Ayad avaient en fait quitté le quartier quelques jours avant la destruction de leur maison. Ils avaient fui les bombardements intensifs de l’armée israélienne.

Nous sommes partis à la rencontre de Rezeq Ayad et son fils Abdel Kareem pour revenir sur les détails de cette journée désastreuse. A première vue, il apparait clairement que la famille se sente soulagée du fait de leur retour à la maison, mettant ainsi fin à leur itinérance.

Les Ayad ont commencé la reconstruction de leur maison en mai 2010 et s’y sont installés en octobre de la même année. Nos deux interlocuteurs sont ravis et contents que la famille ait retrouvé une certaine sécurité et stabilité. « Quand mes souvenirs m’amènent vers ce jour, je remercie Dieu d’avoir préservé nos vies », précise Rezeq.

Pour sa part, Abdel Kareem explique : « En quittant la maison, nous n’avions que nos vêtements que nous portions en plus de quelques couvertures et matelas. Nous avons perdu tout le reste de ce que nous possédions lorsque la maison fut réduite à néant ». Et justement, suite à l’attaque qui a détruit la maison, toute la famille a été contrainte de trouver un nouvel abri. Rezeq et son épouse se sont logés chez des parents à Asqoula, toujours dans la ville de Gaza. Quant à Abdel Kareem, poursuit Rezeq, « il était obligé de se diriger vers le quartier Al Samouni. Concernant Khalil, il n’avait d’autre choix que de passer deux années dans un camp de toile avec son épouse et ses fillettes ».

Mohamed, le troisième garçon de Rezeq, qui n’avait que 17 ans à l’époque de l’offensive, avait construit une petite bâtisse au milieu des ruines de la maison familiale. Il voulait garder l’ ?il sur la maison et surveiller ses ânes laissés là-bas.

Abdel Kareem et sa femme Shaheera, âgée alors de 22 ans, avaient vécu un peu plus d’un an dans une baraque de fortune que Abdel avait construite à partir de tôle ondulée et de plastique. Il explique : « Mon épouse est issue de la famille al Samouni. Après le sinistre sort qui a été réservé à cette famille et le massacre dont tout le quartier se souvient, Shaheera a refusé d’élire domicile là-bas de peur d’une nouvelle attaque, mais nous n’avions pas le choix ». En effet, Abdel Kareem qualifie d’ « intolérables » les conditions de vie qui se sont présentées au couple durant toute une année car, « la chaleur était insupportable en été, et le froid de même en hiver ».

A cette époque où la famille s’est retrouvée sans abri, Shaheera était enceinte de son premier enfant. Abdel Kareem se souvient : « La baraque n’avait ni eau courante ni électricité. Mon épouse devait attendre mon retour du travail pour que je lui apporte de l’eau. Elle a passé une grossesse très difficile. Quant à moi, je vendais des légumes et transportais la marchandise juste pour mettre un peu d’argent de côté pour construire ma maison ».

Il ajoute : « Le jour où nous avons emménagé, Shaheera a donné naissance à notre fille Ru’al ». Aujourd’hui, quand Abdel Kareem repense au passé, il avoue ne pas être en mesure de se retrouver avec sa famille dans la même situation, ni capable de revivre la même expérience. « Si une nouvelle guerre éclate, je ne bougerai pas d’ici même au prix de nos vies. Je ne veux pas revivre la même situation qui a suivi la guerre de 2008 ».

S’agissant de Khalil Ayad, son épouse Nabila et ses deux filles Islam (5ans) et Ghadeer (4ans), la famille a elle aussi été contrainte de se réfugier dans des habitations de fortune. Juste après l’attaque, « Khalil s’est rendu dans un camp de toile dans le quartier Zaytoon de Gaza. Le camp était bondé de familles déplacées au lendemain de la guerre et logées temporairement. Khalil est resté deux ans là-bas avec sa famille et a été le dernier à le quitter », raconte Rezeq. « Les conditions étaient déplorables car ils devaient ramasser du bois à brûler pour cuisiner et pour bouillir l’eau. Pour cette dernière, tous les résidents du camp devaient s’approvisionner à un puits commun ».

Et c’est dans ces conditions particulièrement pénibles que Nabila, tout comme Shaheera, a donné naissance à Rezeq, âgé à présent d’un an.

En évoquant les perspectives d’avenir, Abdel Kareem émet des souhaits très simples. Il confie : « « Je souhaite être armé de la force nécessaire pour avancer dans la vie et pour être un homme exemplaire ». Toutefois, le père et son fils n’affichent pas la même attitude lorsqu’il s’agit des plaintes auprès du gouvernement israélien et sont impassibles quant à une éventuelle réparation. « Il n’y a rien à espérer pour notre plainte. Notre maison était une petite bâtisse située dans un quartier résidentiel et calme. Il est évident que nous ne constituions aucune cible militaire mais les soldats savaient ce qu’ils faisaient. Ils avaient l’intention de la détruire et ils sont passés à l’acte, sans chercher à savoir si c’était légal ou non ».

Interrogé sur la possibilité de reconstruire la maison familiale après sa destruction, Rezeq explique qu’il possède encore une somme d’argent économisée alors qu’il enseignait dans l’école locale de l’UNRWA. Pendant des années, alors que Rezeq gagnait de l’argent et le mettait de côté, le père de famille espérait le dépenser pour l’éducation et pour les mariages de ses enfants, or, aujourd’hui, il se trouve obligé de l’utiliser pour reconstruire sa maison. « J’ai dépensé toutes mes économies », reconnait Rezeq en souriant et en haussant les épaules. A présent, affirme-t-il « Je dois tout recommencer à nouveau ».

En date du 2 août 2009, le PCHR a soumis aux autorités israéliennes une plainte pénale au nom de la famille Ayad. A ce jour, aucune réponse n’a été reçue.

Consultez également :

- 11 janvier 2009 : la famille Hamouda
- 10 janvier 2009 : le cas de Wafa al-Radea
- 9 janvier 2009 : la famille Abu Oda
- 8 janvier 2009 : la famille Al-Rahel
- 7 janvier 2009 : la famille Mattar
- 6 janvier 2009 : la famille Al-Dayah
- 5 janvier 2009 : Amal al-Samouni, ou l’histoire d’une famille décimée
- 4 janvier 2009 : la famille Abdel Dayem dit adieu à Arafa
- 3 janvier 2009 : les deux frères Motee’ et Isma’il as-Selawy
- 2 janvier 2009 : 2 janvier 2009 : la douleur d’Eyad al-Astal
- 1er janvier 2009 : la famille Nasla
- 31 décembre 2008 : la famille Abu Areeda
- 30 décembre 2008 : une journée tragique pour la famille Hamdan
- 29 décembre 2008 : l’histoire de la famille Balousha
- 28 décembre 2008 : la famille Abu Taima
- 27 décembre 2008, le jour où tout a basculé pour la famille Al Ashi

12 janvier 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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