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27 décembre 2008, le jour où tout a basculé pour la famille Al Ashi

mardi 3 janvier 2012 - 06h:09

PCHR Gaza

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« A l’occasion de la commémoration du troisième anniversaire de la guerre sur Gaza, j’ai décidé, avec l’aide d’autres femmes ayant perdu leurs maris durant l’attaque, d’offrir des cadeaux aux orphelins de la guerre. Cette initiative qui touche ces milliers d’enfants dont la guerre avait arraché le père a pour slogan ’En ce jour, vous êtes les bien-aimés de vos mamans’. En effet, en dépit de leur perte, nous voulons que les enfants sachent que leurs mamans sont toujours là, et continueront toujours de les aimer. »

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Sur la photo : Khawla et Faris Al Ashi debout devant la photo de leur défunt père

Les maux de la famille Al Ashi ont commencé dans la matinée d’un certain 27 décembre 2008. Il était environ 11h30 lorsque des F-16 israéliens ont pris pour cible une cérémonie d’initiation de la police de Gaza, tenue dans l’avant-cour de « Arafat City », un complexe du gouvernement situé dans la ville de Gaza. L’attaque a fait plus de 60 morts et 150 blessés.

Cet incident était inscrit dans le cadre d’une série d’attaques qui ont marqué le commencement de 23 jours d’offensive israélienne sur la Bande de Gaza, baptisée « Opération Plomb Durci ». Parmi les morts, il y avait Faris Al Ashi, 33 ans, et membre de la police de Gaza qui était de service au moment de l’attaque.

Faris Al Ashi a laissé derrière lui des enfants et une épouse : Amna. A l’instar de toutes celles devenues veuves après l’offensive, Amna Al Ashi s’est retrouvée seule devant la responsabilité d’élever ses jeunes enfants Khawla, 6 ans, Osama 5 ans, Yomna, 3 ans et Faris, 2 ans. Amna était enceinte de cinq mois du petit Faris lorsque son mari a été tué et a dû défier les conditions critiques auxquelles elle devait faire face. A ce titre, elle explique : « Je suis une femme et j’ai le droit de vivre et refaire ma vie, puisque plusieurs hommes ont demandé ma main. Mais moi, j’ai choisi de me consacrer entièrement à mes enfants et à leur vie ».

S’agissant de ces trois dernières années, Amna a tenu à évoquer les modeste succès grâce auxquels elle réussit à poursuivre son chemin.

D’après son récit, il apparait clairement que la veuve d’Al Ashi a profondément analysé et cherché les solutions aux problèmes qui ont surgi dans la vie de ses enfants depuis la perte de leur père. Elle raconte : « Ossama a souffert d’un traumatisme après la mort de son père. Il a refusé de communiquer avec les autres et il a fini par développer des troubles de langage. J’ai donc pris la décision en dépit de son jeune âge, de l’inscrire dans des cours locaux en arts martiaux. Au début, il ne voulait pas y prendre part, mais petit à petit, il a réussi à reprendre confiance en lui et a fini par surmonter l’excès de timidité dont il souffrait et est aujourd’hui ceinture orange ».

De même, Amna a eu une idée ingénieuse pour aider ses enfants à exprimer leur traumatisme. En fait, explique-t-elle : « J’ai inscrit Ossama et Khawla dans un cours pour films d’animation. Bien sûr, leurs films tournent autour du thème de leur vie et de celle de leurs frères et s ?urs en faisait ressortir leur sentiments et tout ce qui se passe dans leurs têtes. Ces films m’aident donc à avoir un aperçu sur leurs problèmes et me permettent d’en discuter avec eux ». D’autre part, et pour une croissance solide et saine, la mère de famille compte inscrire tous ses enfants dans des cours de Dabka, la dance traditionnelle palestinienne.

Toutefois, même si la famille parvient à se relever, l’absence du père laisse quand même sa trace. La mère et les enfants ressentent toujours le grand vide causé par l’assassinat de Faris. Amna raconte : « Mes enfants ressentent profondément l’absence d’une relation avec leur propre père quand ils voient leurs cousins qui, eux, ont la chance d’appeler ’Baba’ (Papa). Il m’arrive des fois d’essayer de pallier ce besoin en leur proposant de m’appeler Baba, mais je sais que ce ne sera pas la même chose car, ce dont ils ont le plus besoin est le sentiment que seul le père pourrait leur donner ». Les enfants ne sont pas les seuls à souffrir, la perte du mari affecte également Amna qui mène une vie de solitude et d’isolement. Elle reconnait : « Toute la force avec laquelle je m’arme durant la journée me déserte la nuit et me laisse en proie à la faiblesse. La nuit tombée, j’ai besoin de me blottir dans les bras de Faris et d’avoir tout ce qu’il avait l’habitude de m’offrir. »

En effet, en évoquant la première année après la disparition de son mari, Amna parle de la « plus traumatisante ». Elle se souvient : « Au début, j’avais de sérieux troubles du sommeil. Heureusement que le problème s’est réglé depuis, mais des fois, je dois avouer qu’il m’est difficile de retrouver facilement le sommeil la nuit ».

Et pour pouvoir garder une attitude positive, Amna a choisi de s’investir pleinement dans ses projets et ses loisirs. Elle affirme : « Je voudrais me concentrer sur les objectifs les plus pertinents de ma vie. Actuellement, je suis occupée avec la mise en place d’un jardin d’enfants dont je viens d’avoir le financement nécessaire. D’autre part, à l’occasion de la commémoration du troisième anniversaire de la guerre sur Gaza, j’ai décidé, avec l’aide d’autres femmes ayant perdu leurs maris durant l’attaque, d’offrir des cadeaux aux orphelins de la guerre. Cette initiative qui touche ces milliers d’enfants dont la guerre avait arraché le père a pour slogan ’En ce jour, vous êtes les bien-aimés de vos maman’. En effet, en dépit de leur perte, nous voulons que les enfants sachent que leurs mamans sont toujours là, et continueront toujours de les aimer. »

Pour rappel, durant son offensive sur la Bande de Gaza, Israël avait illégalement classé les membres de la police civile dans la catégorie des combattants . Or il s’agit là d’une violation délibérée du principe de distinction qui est un élément clé du droit international coutumier. Le Hamas est une organisation à multiples facettes qui gouverne la Bande de Gaza. De ce fait, il ne peut en tant qu’organisation être considéré comme un groupe armé. Au contraire, il faut faire la distinction entre sa branche armée et sa branche politique et civile.

Par exemple, les brigades Izz ad-Din al-Qassa sont la branche militaire du Hamas : c’est un groupe armé considéré comme combattant par le droit international humanitaire. Cependant, les branches politique et civile du Hamas comptent des civils qui sont juridiquement autorisés à agir selon leurs prérogatives, notamment la protection de la population, à condition qu’ils ne participent pas aux hostilités. En conséquent la police civile et les responsables du gouvernement ne peuvent être considérés comme des combattants. Ceci étant, les attaques qui sont délibérément lancées contres ces individus constituent un homicide volontaire, une grave violation des Conventions de Genève et du droit international coutumier.

Par ailleurs, en date du 5 mai 2009, le PCHR a déposé une plainte pénale pour le compte de Faris Al Ashi. A ce jour, aucune suite n’a été donnée.

27 décembre 2011 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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