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31 décembre 2008 : la famille Abu Areeda

lundi 23 janvier 2012 - 04h:45

PCHR Gaza

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« Avant la mort de ma mère, nous étions toujours très heureux le 1er janvier, et nous fêtions et faisions des visites. Maintenant nous sommes tous silencieux lorsque arrive la dernière heure de l’année et le 1er janvier, nous ne célébrons pas la nouvelle année. Nous visitons la tombe de notre maman. Et nous nous souvenons. »

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« Nous ne célébrons pas la nouvelle année. Nous visitons la tombe de notre maman. Nous nous souvenons. »

Autour 23h30 le 31 décembre 2008, un avion de guerre israélien a tiré un missile sur le parc Najma, une petite bande verte dans la rue principale du quartier résidentiel d’al-Shaboura, un quartier de Rafah, tuant deux civils et en blessant des dizaines d’autres. Iman Abu Areeda (34 ans) a été l’une des deux victimes, tuée par un éclat d’obus qui a pénétré son cerveau. Sept membres de la large famille Abu Areeda qui étaient aussi dans la maison au moment de l’attaque ont été légèrement blessés par des éclats d’obus. La famille Abu Areeda a dû partir ailleurs pendant plusieurs semaines après l’attaque, les murs extérieurs de la façade de la maison ayant été détruits. Les murs intérieurs et le mobilier ont également été endommagés.

Il était environ une demi-heure avant minuit, le 31 3écembre lorsque l’électricité dans la zone a été coupée. Iman est allée couvrir son plus jeune fils, Mohammed, qui dormait dans sa chambre. Comme elle était penché sur lui, le missile a explosé à quelques dizaines de mètres de leur maison familiale. Les éclats d’obus qui sont passés à travers le mur extérieur l’ont tuée. Iman a laissé derrière elle son mari, Mahmoud Abou Areeda (actuellement âgé de 39 ans) et leurs sept enfants : Majd (20 ans), Randa (19 ans), Basel (18 ans), Hibba (14 ans), Islam (12 ans), Watan (9 ans ) et Mohammed (6 ans).

« Ma mère est morte quand j’avais 15 ans. C’était l’âge où j’avais le plus besoin d’elle. J’étais sous le choc et je ne pouvais pas croire qu’elle était morte. Je n’arrive toujours pas à y croire. Je ne voulais plus aller à l’école après cela, mais je me suis forcé et j’ai continué parce que je sais qu’elle aurait voulu que je le fasse, » dit le second fils d’Iman, Basel.

Ses frères et s ?urs, Majd, Randa, Islam et Hibba ont été gravement affectés psychologiquement par la mort de leur mère. Depuis l’attaque, ils préfèrent rester seuls, isolés du reste de leur famille. Randa, Islam et Hibba ont reçu un soutien psychologique d’une ONG locale pour faire face au sentiment de perte et à l’expérience traumatisante de l’attaque. Après un moment, leur famille a pu constater qu’ils avaient commencé à se rétablir et qu’ils étaient à nouveau capables de communiquer avec les gens autour d’eux.

Le fils aîné d’Iman, Majd, dit que les trois dernières années ont été très difficiles pour sa famille. « Nous étions tous dispersés après la mort de ma mère. J’étais vivant, mais je n’arrivais pas à me sentir vivant. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me persuader qu’elle était morte. J’avais une relation très proche avec ma mère car j’étais l’aîné de ses enfants ».

Majd était dans sa dernière année d’études secondaires quand sa mère a été tuée. « Je n’ai pas préparé mes examens car je souffrais beaucoup psychologiquement. Je pensais que ’même si je passe mon tawjihi [examens finaux] ma mère n’est plus là pour être heureuse pour moi’. J’ai raté mon tawjihi. J’espère que je pourrai le refaire à nouveau et réussir. Ma mère voulait que je sois une personne éduquée, que je sois marié et que je prenne soin de mes frères et s ?urs. J’espère que je pourrai vivre assez longtemps pour exaucer souhait ».

Son frère Basel a également éprouvé des difficultés à terminer les examens du secondaire avec succès. « Avant la mort de ma mère j’avais l’habitude d’obtenir de très bonne notes, mais après sa mort mes scores ont dégringolé. Mon tawjihi a été un désastre, mais grâce à l’aide de mon oncle, le frère de ma mère, je l’ai finalement passé et je suis maintenant à l’université. Je suis étudiant en journalisme » », dit Basel, tenant un de ses carnets de prise de notes.

Le Nouvel An a pour toujours changé de caractère pour la famille Abu Areeda. « Avant la mort de ma mère, nous étions toujours très heureux le 1er janvier, et nous fêtions et faisions des visites. Maintenant nous sommes tous silencieux lorsque arrive la dernière heure de l’année et le 1er janvier, nous ne célébrons pas la nouvelle année. Nous visitons la tombe de notre maman. Et nous nous souvenons », explique Basel.

Majd ajoute : « Notre tristesse ne se limite pas au 1er Janvier et notre maman nous manque à toutes les occasions spéciales, comme les jours l’Aïd. Ces jours-là, je préfère rester au lit et dormir toute la journée ».

Depuis qu’il a perdu sa mère, penser à l’avenir rend Majd anxieux. « J’ai peur de perdre quelqu’un qui est proche de moi. Maintenant mon père est le plus proche et j’ai peur de ce qui peut lui arriver. Après la mort de ma mère, je sens que j’ai un c ?ur mort. Quand je ris, je me sens comme si je fais quelque chose de mal, je ne peux pas rire alors que ma mère est morte. »

Basel cherche à regarder l’avenir avec espoir. Le souvenir de sa mère l’encourage. « Je pense un peu à l’avenir. Je sais que ma mère voulait le meilleur pour nous, donc pour l’avenir, j’espère que je serai capable de finir mes études, de trouver du travail, de me marier et d’avoir une famille, et d’être respecté dans la communauté. Rien ne peut compenser ma perte et ma tristesse, car j’ai perdu la personne qui m’était la plus précieuse et je la garde dans mon c ?ur. Mais je sais ce que ma mère voulait pour nous, et c’est ce que je vais essayer d’atteindre. »

Le PCHR a soumis une plainte pénale auprès des autorités israéliennes au nom de la famille Abu Areeda le 2 juillet 2009. À ce jour, aucune réponse n’a été reçue.

Consultez également :

- 30 décembre 2008, une journée tragique pour la famille Hamdan
- 29 décembre 2008 : l’histoire de la famille Balousha
- 28 décembre 2008 : la famille Abu Taima
- 27 décembre 2008, le jour où tout a basculé pour la famille Al Ashi

31 décembre 2011 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Naguib


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