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Le soulèvement de la jeunesse palestinienne et le rôle des organisations politiques - 5e partie
vendredi 11 décembre 2015 - Jaber Suleiman
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Photo : AFP/Menahem Kahana

Est-il né seulement pour exprimer le désespoir et la frustration ou bien est-il porté par un souffle patriotique nouveau ?

A-t-il été déclenché par les divisions palestiniennes, l’échec du processus d’Oslo et de la solution des deux États, la politique agressive d’expansion des colonies menée par Israël, la profanation des lieux saints et le déclin de l’intérêt des Arabes et du monde pour la cause palestinienne ?

Va-t-il évoluer vers un soulèvement populaire dans la même veine que la première Intifada ou se contentera- t-il de décharger de la colère pendant un temps pour ensuite s’éteindre ?

Quelles conditions doivent être réunies pour que ce mouvement évolue vers un soulèvement doté d’une direction nationale unifiée et d’un programme national de libération ?

Quelles missions reviennent aux différentes factions, aux différentes directions politiques, qu’elles appartiennent à l’OLP ou non, pour renforcer et protéger le soulèvement et favoriser l’émergence d’une direction nationale unifiée, sachant que le contexte actuel est marqué par l’institutionnalisation de la division palestinienne ?

Ce mouvement de la jeunesse, qui n’a pas de précédent, mené par des Palestiniens nés à l’époque de la signature des Accords d’Oslo, est dirigé contre l’occupation. Il porte pourtant en lui de la colère et de la protestation à l’encontre de l’Autorité Palestinienne dont la performance politique est responsable aussi bien de l’état actuel de la cause palestinienne dans son ensemble que de la situation particulière qui prévaut dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Voici le paradoxe auquel nous faisons face : comment est-il possible que les factions palestiniennes, aussi bien celles de l’OLP que les autres factions qui ont contribué à créer l’impasse actuelle, peuvent-elles maintenant aider à faire avancer le mouvement et à créer une direction unifiée ?

Il faut dire que ces factions ne peuvent être ni exonérées de leurs responsabilités passées ni exclues, surtout quand on sait qu’il n’ y a ni mouvement national alternatif ni bloc populaire non-factionnel (un bloc historique dans le sens gramscien) capable de jeter les bases d’une structure nationale d’ensemble qui inclurait tous les Palestiniens.

On ne soulignera jamais assez l’importance de la coordination entre la direction politique et les jeunes qui affrontent quotidiennement l’occupation. Mais cela ne veut pas dire que les factions sont libres de détourner à leur profit le mouvement, de l’utiliser pour des buts autres que ceux de combattre l’occupation, de mettre fin à la division et de surmonter l’impasse actuelle, surtout quand on sait que le peuple palestinien continue de payer le prix de l’instrumentalisation de la première Intifadha, instrumentalisation qui a conduit à la signature des accords d’Oslo.

Des tâches nationales urgentes s’imposent à tous. Les factions ne doivent pas accabler le mouvement de la jeunesse de tâches trop lourdes, le pousser par exemple vers la militarisation ou le braquer sur l’objectif d’obtenir la fin immédiate de l’occupation, chose que toutes ensemble, elles ont été incapables de réaliser.

Il s’agit, de ce point de vue, de s’entendre sur des objectifs tactiques limités, chaque objectif en son temps. Les factions doivent considérer ce mouvement comme un pas dans un long combat semé d’embuches et lui apporter leur contribution sur cette base là. Les factions doivent écouter les jeunes générations et les intégrer dans le leadership sur le terrain et les comités locaux qui doivent être créés.

Les parties doivent se concentrer sur la tâche de former une direction politique unifiée qui représente toutes les factions et cela, avant même qu’il soit mis fin aux divisions, car il s’agit de veiller à préserver l’esprit de résistance du peuple palestinien et à le préparer à une longue lutte contre l’occupation.

Tout cela est indispensable si on veut développer le mouvement mené actuellement par les jeunes afin de le transformer en mouvement populaire de désobéissance civile de grande ampleur sur les mêmes lignes que la grève de 1936, un mouvement à appuyer sur le plan international par des luttes judiciaires et diplomatiques contre l’occupation israélienne.

Afin de libérer l’action, la coordination sécuritaire avec Israël doit cesser immédiatement, ce qui constituera un pas décisif vers le démantèlement des structures administratives et légales d’Oslo. Les attributions de l’Autorité Palestinienne doivent être reconsidérées et la division entre Fatah et Hamas dépassée afin que l’OLP puisse être rebâtie sur une base embrassant l’ensemble des composantes nationales.

Les forces anti-occupation qui incluent les institutions de la société civile, les organisations populaires , les syndicats , les associations professionnelles, les universités et la campagne BDS doivent s’engager de façon plus résolue dans le mouvement de la jeunesse.

Elles ont besoin de mettre à profit leurs liens internationaux avec les groupes de solidarité, les groupes anti-discrimination et les mouvements anti-occupation à travers le monde afin de soutenir les jeunes dans leur combat pour mettre fin à l’occupation.

* Jaber Suleiman est un chercheur palestinien indépendant et un consultant. Il travaille actuellement pour le programme palestinien de l’UNICEF dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban.

Consultez également :

- 1e Partie
- 2e Partie
- 3e Partie
- 4e Partie
- 6e Partie
- 7e Partie
- 8e Partie

28 novembre 2015 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.com/Content.asp...
Traduction : Info-Palestine.eu - Najib Aloui