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Le soulèvement de la jeunesse palestinienne et le rôle des organisations politiques - 1e partie

mercredi 2 décembre 2015 - 07h:01

Jamal Juma’ - Al-Shabaka

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Depuis près de deux mois, les Palestiniens attendent que les partis politiques assument leur responsabilité dans la prise en charge du soulèvement.

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Un jeune Palestinien lance une pierre sur les forces israéliennes le 20 décembre 2013 dans le village de Kfar Qaddum au nord de la Cisjordanie - Photo : AFP/Jaafar Ashtiyeh

Al-Shabaka est un organisme indépendant sans but lucratif dont la mission est d’éduquer et de favoriser le débat public sur les droits humains des Palestiniens et leur autodétermination dans le cadre du droit international.

Le texte qui suit est le premier d’une publication en huit parties sur l’absence actuelle d’une direction nationale palestinienne authentique, et sur le soulèvement en cours de la jeunesse contre l’occupation militaire israélienne et la négation des droits de l’homme dans les territoires palestinien occupés (TPO).


Depuis près de deux mois, les Palestiniens attendent que les partis politiques assument leur responsabilité dans la prise en charge du soulèvement. De toute évidence, ils ne sont ni en mesure ni disposés à le faire.

Il y a plusieurs raisons à leur inaction. D’un côté, les dirigeants des partis sont réticents à payer le prix nécessaire pour diriger et encadrer la résistance populaire, si ce prix est fixé par les autorités israéliennes d’occupation sous la forme d’arrestations, de poursuites et d’attaques sur les organisations - d’autant plus que les partis opèrent ouvertement et que leur organisation et structures sont faibles.

Ils ne veulent pas perdre les privilèges dont ils jouissent en tant que membres de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), à la fois en termes d’avantages financiers et de statut politique.

Ensuite, les différentes organisations ne peuvent agir sans le consentement de l’appareil de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) et celui de sa faction dominante, le Fatah. Ils sont actuellement trop faibles pour changer le statu quo.

Le « président » Mahmoud Abbas, qui détient tous les pouvoirs, estime que le soulèvement a accompli sa mission en recentrant l’attention de la dite communauté internationale sur la cause palestinienne, et il fait un pari sur nouvelles initiatives visant à reprendre les négociations avec Israël. En effet, Abbas a fait savoir en termes non équivoques qu’il ne veut pas d’un soulèvement.

Compte tenu de la faiblesse de leur composition et de leurs structures, ces partis ne peuvent pas fournir un cadre politique, organisationnel et économique capable de mener un soulèvement à long terme qui épuiserait les ressources et les énergies de l’occupant israélien. Un soulèvement victorieux exigerait une vision globale pour atteindre les objectifs clairs et réalisables, en mobilisant toutes les moyens ainsi que toutes les relations locales, régionales et internationales.

Concernant les forces islamiques - le Hamas et le Jihad islamique - elles ont également fait le même choix de l’inaction. Ces organisations ne veulent pas non plus payer le prix nécessaire et donner à Israël un prétexte pour lancer une offensive contre la bande de Gaza. Elles craignent aussi que l’insurrection puisse être exploitée de façon à améliorer les conditions de négociations (avec Israël) pour l’OLP et l’AP.

Il y a plusieurs facteurs en faveur de la création d’un espace pour un nouveau leadership national ou local. Même s’il s’estompe, le soulèvement actuel a mis sur la table la question de la pertinence de la direction actuelle et a légitimé la recherche d’alternatives.

Ce soulèvement a également uni du peuple palestinien à l’intérieur de la Ligne verte, la Cisjordanie, Jérusalem et Gaza. Ironiquement, les forces politiques sont celles qui restent divisées. Les Palestiniens de la diaspora ont également agi quoique d’une manière limitée, et ont aidé à organiser des manifestations. Les actions sur le terrain peuvent favoriser l’émergence d’un nouveau leadership, même si elles restent dispersées et localisées.

Le côté négatif, cependant, c’est qu’il est clair que l’Autorité palestinienne ne permettra pas l’émergence d’une nouvelle direction et ne ménagera aucun effort pour contrecarrer cette possibilité, même si cela nécessite une coordination avec l’occupant israélien - avec lequel elle se coordonne déjà de toute façon.

En outre, les mouvements de base sont faibles, tandis que les intellectuels jouent un rôle assez négligeable dans la vie politique palestinienne et sont incapables de contribuer de façon significative aux mouvements populaires. Quant à la diaspora palestinienne, elle a peu d’influence sur les prises de décision.

Le défi est de s’appuyer sur les facteurs positifs et de minimiser les effets négatifs. Notons que tout mouvement sérieux avec l’objectif de créer une direction alternative aurait à agir sous les radars, dans une certaine mesure.

Pour commencer, il est important de fournir un espace qui soit à l’abri de la domination politique, un espace dans lequel il serait possible de soutenir ces forces populaires qui ont une vision politique et la capacité de mobiliser - comme les syndicats, les organisations paysannes, les fédérations de femmes, et bien sûr les groupes de jeunes - afin qu’elles puissent agir aux côtés de l’insurrection.

Il est également important d’exploiter le potentiel de la diaspora palestinienne, en particulier parmi les jeunes, et d’organiser des groupes de travail qui pourraient communiquer et se coordonner avec des personnalités nationales éclairées, qui croient en l’importance du rôle que la diaspora doit jouer à la fois dans la prise de décision palestinienne et dans le soutien à la résistance du peuple palestinien.

En effet, il est essentiel d’investir dans une véritable coordination entre notre patrie et la diaspora. Nous devons établir un rapport de confiance entre nous, raviver notre confiance en nous-mêmes et notre confiance dans notre capacité à imposer le changement.

En dernière analyse, nous devons avoir une foi absolue dans notre peuple et dans sa capacité à se sacrifier et à avancer, et nous devons croire, au-delà de tout doute possible, que nous l’emporterons.

* Jamal Juma’ est un des membres fondateurs du PARC (Palestinian Agricultural Relief Committees), du PACE (Palestinian Association for Cultural Exchange) et du Palestinian Environmental NGO Network.

Consultez également :

- 2e Partie
- 3e Partie
- 4e Partie
- 5e Partie
- 6e Partie
- 7e Partie
- 8e Partie

24 novembre 2015 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.com/Content.asp...
Traduction : Info-Palestine.eu - Lotffalah


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