L’actuelle vague de colère constitue une rébellion contre cette relation et contre l’idéologie d’où elle tire ses fondements. La vague est également une continuité de plusieurs formes d’expression et d’action politique qui a évolué en dehors d’un système organisationnel et politique, établi dans les années 60 et qui lui-même a connu un déclin à la fois lent et définitif.
Toutefois, il faut bien reconnaitre la “coexistence” entre les politiques traditionnelles de l’OLP, de l’AP et des factions Palestiniennes, d’une part, et des nouvelles formes d’action politique, de l’autre part, en raison du caractère transitoire de la phase actuelle. En particulier, le mouvement national traditionnel continue d’avoir un rôle politique malgré son incapacité à réaliser ses objectifs historiques, c’est-à-dire assurer les droits nationaux du peuple Palestinien.
Cette prise de conscience devrait encourager les Palestiniens à réfléchir de façon stratégique sur les répercussions d’une idéologie défaillante et d’un ensemble de pratiques et d’en tirer les conclusions adéquates sur les démarches nécessaires à adopter pour rétablir le projet national Palestinien ainsi qu’un organisme national habilité à réaliser ses objectifs.
Au cours des dernières années, d’aucuns ont considéré qu’il n’était pas nécessaire de recomposer le mouvement national comme condition préalable pour l’adoption de plans d’action. Bien au contraire, ils estiment que pour rebâtir le mouvement national, rien de tel que de recruter une large gamme de protagonistes dans les plans d’action participatifs.
Cette approche porte essentiellement sur la création d’un nouveau cadre qui unit les Palestiniens de l’intérieur et de la diaspora. Le mouvement mondial de BDS, le mouvement du droit au retour et les comités de la résistance populaire contre le mur de séparation expriment tous une nouvelle forme d’action qui se démarque du cadre traditionnel dans lequel les partis politiques ont l’habitude d’agir.
De même, l’actuelle vague de colère constitue une nouvelle forme d’action populaire et axée sur la jeunesse. Le système des partis politiques traditionnels, submergé par une division intense et des conflits internes sur le pouvoir et l’influence, n’a pas été en mesure de prédire les conséquences d’une telle action.
Cette vague pourrait davantage s’intensifier ou bien se calmer, mais il est probable qu’elle fasse partie d’une série d’agitations qui continueront de gagner du terrain jusqu’à ce qu’elles se transforment en un tsunami qui saura exprimer la reconnaissance collective de la cause Palestinienne comme élément de libération nationale, ainsi que le besoin de reconstruire des structures nationales et institutionnelles qui seront capables de créer une nouvelle voie pour la lutte.
L’actuelle vague de colère révèle la présence d’une nouvelle génération qui redéfinit la relation du peuple avec l’occupation israélienne comme un rapport de conflit et non pas de « compréhension. » En agissant de la sorte, elle défie le monopole des politiques dans les Bantoustans gérés par l’Autorité Palestinienne, transformée par l’occupation israélienne en agent administratif, économique et sécuritaire au sein d’un système de domination coloniale.
Toutefois, les factions continuent de jouer leur rôle politique en dépit des divisions internes et du manque de légitimité populaire dont elles sont confrontées. En effet, dans la Bande de Gaza, la politique et toutes formes de résistance armée sont encore régies par les factions qui dominent l’OLP, l’AP, les syndicats et les associations professionnelles et étudiantes.
Les signes actuels de l’émergence de nouvelles formes d’action politique et de lutte pourraient s’apparenter aux signes qui avaient marqué la fin des années 50 et le début des années 60. A cette époque, une jeune génération avait tiré parti des conditions arabes et internationales favorables pour tracer une nouvelle voie pour une lutte qui avait renversé les directions de l’avant et l’après Nakba dans une période relativement courte.
Cependant, les conditions sont aujourd’hui différentes et les éléments essentiels de ce processus manquent encore. Il y a encore de la place pour que les acteurs traditionnels puissent jouer un rôle sur la scène politique. Pourtant, il ne sera pas possible de restaurer les politiques dans le cadre d’une activité organisée avec un large engagement populaire, à moins que les objectifs, les méthodes de travail et les règles ne changent. A un moment ou à un autre, les partis traditionnels doivent composer avec les nouvelles formes de militantisme politique qui redéfinit la relation avec le colonisateur.
Ceci impliquera la coopération avec la jeune génération afin de fixer les objectifs et les revendications de l’actuelle vague de colère plutôt que d’essayer de la monopoliser ou de la contenir. Cette démarche aiderait à transformer la configuration de l’action politique des partis traditionnels en une lutte proactive conduite par la jeune génération et accélérer l’évolution d’un soulèvement global, capable d’apporter ce nouveau souffle qui conduira la lutte vers la libération.
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27 novembre 2015 – Maan News – Vous pouvez consulter cet article en anglais à :
http://www.maannews.com/Content.asp...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha