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Quand d’autres se sacrifient en notre nom

jeudi 26 mars 2009 - 06h:34

Joharah Baker - Miftah

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Chaque année des dizaines d’internationaux viennent courageusement en Palestine pour défendre les droits des Palestiniens et faire face avec eux à la machine militaire israélienne souvent impitoyable.

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Jérusalem, lundi 23 mars 2009 - Nancy Anderson et son mari Michael pendant une conférence de presse au sujet de leur fils Tristan Anderson, le militant pacifiste américain blessé à la tête par une grenade lacrymogène lors d’une manifestation contre le mur d’Apartheid israélien, le 13 mars 2009. Tristan Anderson est toujours dans un état critique. (Photo AP/Tara Todras-Whitehill)

Offrir sa vie pour une cause est une idée qui a été vénérée tout au long de l’histoire des nations, des religions et des systèmes politiques. Dans la culture palestinienne, c’est le statut le plus élevé, le sacrifice ultime.

Le désir d’être « chahid » (un martyr) est si intense qu’il a poussé des jeunes gens et des jeunes femmes dans les rangs de l’action militaire beaucoup trop tôt et sans préparation. Toutefois, dans notre société et tout au long de notre histoire, se battre pour son pays, sa religion, ou pour une juste cause est l’honneur ultime, la Purple Heart des nations. Ce qui nous étonne toujours c’est de voir quelqu’un donner sa vie pour le pays d’un d’autre, la cause d’un autre, au nom de la justice sociale, politique et humaine dans le monde entier.

Les Palestiniens ont un long passé de sacrifice. Ils sont morts par centaines de milliers au nom de la Palestine, avant même l’existence d’Israël. Pendant la révolte arabe de 1936 à 1939 contre le mandat britannique et les groupes juifs, au moins 5000 Palestiniens sont tombés. En 1948 et en 1967, des dizaines de milliers sont morts dans les guerres qui ont conduit à la création d’Israël et plus tard à son occupation de la Cisjordanie et de Gaza, de Jérusalem est et des hauteurs du Golan syriennes. Si vous y ajoutez la première et la deuxième intifadas et tous les autres incidents ayant causé la mort de Palestiniens, le nombre de victimes par rapport à la minuscule population palestinienne est énorme.

On pourrait pourtant prétendre que ceux qui sont tombés l’ont fait au nom de leur pays dans l’espoir que leur mort ne serait pas vaine et que le rêve d’un État indépendant se matérialiserait un jour sur le lieu de leur ultime sacrifice.

Ceci est indubitablement admirable, mais qu’en est-il de ceux qui viennent d’autres pays , parlent d’autres langues, et qui exposent leur vie pour la Palestine ? La semaine dernière, Tristan Anderson, 38 ans, a été touché à la tête par une grenade de gaz lacrymogène de longue portée, tirée par les soldats israéliens de l’occupation à Nilin. Apparemment, cette grenade était une « nouvelle version améliorée » des anciennes grenades de gaz lacrymogène parce que, selon des témoins, Anderson et un autre manifestant se trouvaient à une distance considérable des soldats quand il a été touché. La force de l’impact a causé de larges blessures à la tête, aux yeux et au cerveau de Tristan. Il est actuellement inconscient dans un hôpital de Tel-Aviv et l’évolution de son état est imprévisible.

Selon une déclaration de ses parents, faite le 15 mars, Tristan a lutté pour la justice sociale dans le monde entier, la Palestine étant le lieu le plus récent , et peut-être le dernier, de son action. Le fatidique vendredi 13 mars, Tristan est allé dans la ville de Nilin, en Cisjordanie, pour manifester avec les villageois et d’autres internationaux contre le mur de séparation israélien. Les villages de Bilin et de Nilin tiennent chaque semaine des manifestations non-violentes contre le mur qui occupera, une fois terminé, approximativement 40 % de leurs terres. Ces manifestations regroupent chaque semaine, outre les villageois et d’autres Palestiniens, des internationaux et quelques pacifistes israéliens qui prennent souvent des risques. Depuis le début des manifestations hebdomadaires, des soldats israéliens ont tué quatre Palestiniens, notamment Ahmad Moussa, 10 ans, en juillet de l’année dernière. Des centaines d’autres Palestiniens et d’internationaux ont été blessés.

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Tristan Anderson

Malheureusement, Tristan Anderson n’est pas le seul militant de la solidarité internationale à avoir ressenti la morsure de l’oppression militaire aveugle d’Israël à l’endroit des Palestiniens et de ceux qui les soutiennent. Cette semaine coïncidait avec le sixième anniversaire de la mort de Rachel Corrie, la jeune Américaine qui a connu une mort brutale, écrasée par un bulldozer israélien à Gaza. À l’époque, Corrie essayait, avec d’autres militants pacifistes, d’empêcher la démolition de maisons palestiniennes à Rafah.

En avril 2003, Tom Hurndall, un Britannique de 22 ans a aussi reçu une balle dans la tête tirée par un franc-tireur israélien à Rafah (Gaza) alors qu’il escortait des enfants palestiniens, pour les protéger, dans une zone frontière souvent dangereuse entre la bande de Gaza et l’Égypte. Après un coma de neuf mois, Hurndall est mort dans un hôpital londonien.

La même année et le même mois, Brian Avery, un Etasunien, a été atteint au visage par le tir d’un tank israélien à Djénine. Il est défiguré à vie.

Chaque année des dizaines d’internationaux viennent courageusement en Palestine pour défendre les droits des Palestiniens et faire face avec eux à la machine militaire israélienne souvent impitoyable. Il faut toujours du courage pour se tenir sans armes devant une armée lourdement équipée à la détente souvent facile. Les Palestiniens vivant sous l’occupation bravent presque quotidiennement les soldats et les colons israéliens et ils y laissent souvent leur vie.

Il n’était que juste, dans ce contexte, de rendre aussi hommage à ceux qui soutiennent la cause palestinienne. Ces individus uniques considèrent que la cause palestinienne est liée à toutes les autres luttes pour la justice dans le monde. Se battre pour la Palestine et la justice sociale ici est une bataille pour la justice sociale partout ailleurs. C’est précisément pour cette raison qu’il faut rendre hommage à ces êtres courageux, car ils ne luttent pas seulement pour une Palestine où il fait mieux vivre ,mais également pour tous les autres endroits du monde où sévit l’injustice. Malheureusement, lutter pour la justice en Palestine signifie souvent risquer sa vie. C’est ce que Tristan, Rachel, Brian et Tom ont appris à leurs dépens.

* Joharah Baker écrit pour Media and Information Program de la Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy (MIFTAH).Vous pouvez lui écrire ici : mip@miftah.org

De la même auteure :

- Cessez-le feu - Y a-t-il une raison d’y croire ? - 20 juin 2008
- Honte à toi, Israël - 31 mars 2008
- Ce que veut Israël, Israël l’obtient - 13 octobre 2007
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- Pour les enfants de Palestine, l’indépendance est la seule réponse - 9 juin 2007

Miftah - Cet article peut être consulté ici :
http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction de l’anglais : Anne-Marie Goossens


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