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Gaza : un peuple privé de sa dignité

jeudi 27 novembre 2008 - 07h:26

Rami Almeghari

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Le correspondant de The Electronic Intifada dans Gaza, Rami Almeghari, a discuté avec le responsable des opérations de l’UNRWA, John Ging, de la façon dont le blocus et les dernières fermetures des frontières affectent l’UNRWA et la population civile.

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26 novembre 2008 - Village d’Um Nasser au nord de la bande de Gaza. En l’absence de tout combustible suite au blocus imposé par Israël et la soit-disante "communauté internationale", les habitants cuisinent avec le peu de moyens dont ils disposent - Photo : AP/Hatem Moussa

L’UNRWA est l’agence de l’ONU responsable de fournir une aide aux millions de réfugiés palestiniens. Le 4 novembre, Israël a envoyé des tanks dans la bande de Gaza et a lancé des attaques qui ont tué six Palestiniens, brisant ainsi un cessez-le-feu qui s’était généralement maintenu depuis juin dernier. Les organisations palestiniennes ont exercé des représailles en tirant des fusées vers Israël. Depuis lors, Israël a resserré son blocus de la bande de Gaza.

Electronic Intifada  : M. Ging, comment décrivez-vous la situation dans la bande de Gaza qui doit survivre sous un blocus renforcé depuis maintenant plus de deux semaines ?

John Ging : La situation est vraiment désespérée au niveau humanitaire, je veux dire que les gens ici ont été dépouillés de leur dignité, chacun en est réduit à une lutte pour survivre. Sur les 1,5 million de personnes vivant dans Gaza, 750 000 sont des enfants.

Aujourd’hui nous avons de meilleures nouvelles : les passages frontaliers se sont ouverts pour permettre à une aide humanitaire de première urgence et aux carburants d’être livrés, ainsi nous considérons cela comme le premier pas dans une direction positive, du moins nous l’espérons.

EI : Ont-ils réellement été rouverts aujourd’hui ?

JG : Oui, oui, ce matin le carburant est entré pour la centrale [électrique], nos camions entrent avec l’aide alimentaire et le blé pour les moulins.

C’est une petite, très petite quantité qui entre, mais c’est le premier réapprovisionnement depuis une semaine, et la situation, comme je le disais, était vraiment désespérée et à nous espérons maintenant qu’il s’agit d’une première étape vers une situation plus positive ici.

EI : Vous-mêmes à l’UNRWA, qui fournissez des services de base à plus de 700 000 réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza, comment répondez-vous à la crise humanitaire répétée avec Israël fermant régulièrement les passages frontaliers ?

JG : Nous trouvons que c’est de plus en plus difficile. C’était sans précédent que nous ayons manqué de nourriture, que nous avions réapprovisionnée il y avait 10 jours. Les fermetures deviennent de plus en plus restrictives, la situation ici devient de pire en pire. Malheureusement, ce n’est pas nouveau dans Gaza, et les mauvaises nouvelles en provenance de Gaza ne font plus les titres dans la presse, et cela fait partie du problème. Mais il y a un million et demi de personnes qui vivent ici ; la situation devient à tout moment de plus en plus difficile pour elles.

Ces gens payent un prix humain très lourd pour les actions de groupes extrémistes qui envoient des fusées vers Israël, ce que nous condamnons complètement. Mais, il y avait depuis cinq mois un cessez-le-feu [entre Israël et la résistance palestinienne] dont les habitants de Gaza n’ont pas bénéficié ; ils n’ont pas pu revenir à une vie normale. En ce qui nous concerne, nos approvisionnements ont été également limités au cours de la période du cessez-le-feu, au point que nous avons été placés dans une position très vulnérable et périlleuse, et il a suffit de quelques jours de fermeture pour que nous ayons manqué de nourriture.

Il doit y a un changement d’approche, un changement de politique ; nous entrons maintenant, si tout va bien, dans une nouvelle période de cessez-le-feu. Ce sont aussi de bonnes nouvelles pour la population civile en Israël, puisqu’il n’y aura plus de tirs de fusées. Mais maintenant nous voulons voir les habitants dans Gaza tirer profit du cessez-le-feu, de sorte qu’ils retrouvent une vie digne. Ceci est très simple : ouvrir les frontières, laisser les personnes circuler librement, permettre des exportations, permettre des importations, donner confiance à la population sur cette marche à suivre : aucune violence, la sécurité, la paix et ainsi de suite.

EI : Quelle partie blâmez-vous pour les conditions actuelles, considérant qu’Israël a lancé trois attaques sur Gaza il y a 3 semaines, incitant les organisations de la résistance palestinienne à répondre en envoyant des fusées artisanales ?

JG : C’est un conflit avec deux parties ; maintenant la ligne à ne pas franchir est que toutes les parties ont l’obligation légale internationale de protéger les civils, lesquels sont des innocents dans ce conflit. Je constate de première main ici que les civils innocents dans Gaza, avec parmi eux 750 000 enfants, payent d’un prix élevé l’échec politique qui a provoqué ce conflit, et qu’ils payent le prix du conflit lui-même. Ce qu’il faut c’est que tous les côtés étudient leurs responsabilités, et les responsabilités sont très claires : en finir avec la violence et se remettre sur une voie où le conflit puisse trouver une solution à travers un processus politique.

Chaque côté a de claires responsabilités à cet égard et les actions de chacun doivent être conformes aux normes juridiques internationales.

EI  : Il a été évident ces dernières années que ni l’UNRWA ni les Nations Unies ne pouvaient mettre en oeuvre la moindre solution à la situation qui prévaut entre les Palestiniens et les Israéliens. Que pensez-vous de cela ?

JG : Non, la responsabilité de l’UNRWA est d’assurer le développement humain de la prochaine génération par nos écoles ; nous avons 200 000 enfants dans nos écoles. Nous devons fournir l’assistance humanitaire, les soins médicaux, les premiers services de base à un million de réfugiés, l’aide en nourriture et tout autre aide d’urgence à plus d’un demi-million d’indigents. C’est notre rôle, nous sommes ici pour cela, nous ne sommes pas une organisation politique, et il ne nous pas ont été donnés un mandat impliquant de trouver une solution au conflit.

Nous sommes simplement ici pour nous occuper du développement de la population et des besoins humanitaires, c’est-à-dire pour nous occuper des Palestiniens, des réfugiés palestiniens qui sont pris au piège de ce conflit.

Du même auteur :

- En dépit du blocus israélien, les hôpitaux de Gaza font tout pour sauver la vie de leurs patients - 23 novembre 2008
- Cueillette en solidarité avec les fermiers de Gaza - 21 octobre 2008
- Pas de fête de l’Eid pour les familles séparées par le blocus - 2 octobre 2008
- Jeff Halper à Gaza :"Nous sommes l’oppresseur" - 6 septembre 2008
- Défier le siège depuis Rafah jusqu’à Chypre - 17 août 2008
- Les étudiants de Gaza attendent toujours et perdent espoir - 1° août 2008

25 novembre 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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