En dépit du blocus israélien, les hôpitaux de Gaza font tout pour sauver la vie de leurs patients
dimanche 23 novembre 2008 - 06h:16
Rami Almeghari - Live from Palestine
Le docteur Alhaj nous apprend aussi que les pièces de rechange pour le scanner de l’hôpital étaient bloquées par les Israéliens depuis plus de cinq mois...
- Un patient à l’hôpital européen de Gaza - Photo : Hatem Omar/MaanImages
Au cours des deux dernières semaines, les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont trouvée confrontés à une situation humanitaire qui s’est brusquement détérioré alors qu’Israël bouclait à nouveau le passage des frontières. Pratiquement aucune nourriture n’a pu être délivrée, ni des médicaments ou d’autres produits essentiels pour le territoire où vivent 1,5 million de personnes.
C’est dans le secteur de la santé que l’on constate le plus directement l’impact du blocus sur Gaza. En dépit des quantités désespérément insuffisantes de médicaments, d’équipement et approvisionnements divers, et de pièces de maintenance, les médecins continuent de vouloir sauver les vies et de s’occuper de leurs patients à l’hôpital européen de Gaza, un des plus grands centres hospitaliers du territoire.
Le docteur Zaki Azzaq Zouq, un oncologiste [médecin spécialisé dans le diagnostic et le traitement des maladies cancéreuses], explique : « il y a une grande pénurie des médicaments tout à fait essentiels que nous avions l’habitude de donner aux patients avant le blocus. Actuellement, il n’y a aucun moyen pour que les médecins soignent les patients qui souffrent de cancers du poumon, de l’estomac, de l’intestin ou de tumeur au cerveau. »
La situation est juste similaire à celle qui prévaut dans d’autres hôpitaux de Gaza. Dans l’imposssibilité d’accéder à des traitements, dont leur vie dépend, près de leur domicile, les malades dans Gaza sont de plus empêchés par Israël de quitter le minuscule territoire côtier pour suivre des traitements médicaux à l’extérieur. Nael Alfaqawi, âgé de 28 ans, a des problèmes aux reins, mais l’entrée en Israël lui est interdite et il est donc dans l’impossibilité de suivre un traitement à l’étranger. Il est aujourd’hui traité à l’hôpital Nasser au sud de Gaza.
Monsieur Alfaqawi nous dit : « quand j’ai voulu quitter Gaza pour les soins, [les agents des services de renseignements israéliens] m’ont demandé de collaborer avec eux, mais j’ai refusé. Ils ont dit, « ou vous collaborez avec nous ou vous retournez à Gaza ». Naturellement, j’ai refusé de céder à leur chantage, disant que j’allais mourir tôt ou tard, et ainsi je suis rentré à la maison. »
Ce sont environ 70% de la bande de Gaza qui ont connu des coupures électriques prolongées les deux dernières semaines depuis qu’Israël a interdit les fournitures de combustible à la seule centrale électrique de Gaza. Les hôpitaux doivent fonctionner avec des générateurs électriques pour maintenir le fonctionnement des équipements d’urgence.
« Nous sommes incapables d’assurer que nous avons les pièces de rechange pour garantir le chauffage pour nos patients, » nous dit Nihad Swaty, chef du département d’entretien de l’hôpital européen de Gaza. « Nous avons notre propre installation de traitement des eaux usées pour continuer à fournir l’eau, mais le manque actuel d’équipement mènera à l’effondrement de tout le système et par conséquent à une crise sanitaire dans l’hôpital lui-même, » nous avertit-il.
Les agences et les fonctionnaires internationaux, dont le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, ont condamné le bouclage comme étant une violation de la loi internationale et ont invité Israël à lever le blocus. Mais il n’y a aucun signe d’allègement. Israël a même interdit aux journalistes étrangers, qui sont habituellement basés à Tel Aviv ou à Jérusalem, d’entrer dans la bande de Gaza.
Le docteur Abdellatif Alhaj, directeur de l’hôpital européen de Gaza, a déclaré : « nous envoyons continuellement des appels vers les organismes internationaux tels que le Comité International de la Croix Rouge, l’Organisation Mondiale de la Santé et les Nations Unies. Mais malheureusement, il s’avère que les Nations Unies font face eux-mêmes à une crise, car cette organisation a commencé à prévenir qu’elle réduira ses services aux habitants. Nous demandons aux Nations Unies de nous aider, mais il semble que cette organisation internationale ne pourra bientôt plus fournir les produits essentiels tels que la farine et le riz. »
Le docteur Alhaj nous apprend aussi que les pièces de rechange pour le scanner de l’hôpital — un des deux dispositifs existant dans toute la bande de Gaza — étaient bloquées par les Israéliens depuis plus de cinq mois.
Plus tôt ce mois-ci, John Ging, directeur à Gaza de l’UNRWA, l’organisme d’aide humanitaire de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a averti que « l’UNRWA ne pouvait pas livrer la nourriture dans Gaza par suite du blocus israélien complet. »
L’Israël prétend fermer les frontières jusqu’à ce que les organisations de la résistance palestinienne cessent de tirer des fusées vers les villes israéliennes voisines. Un cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas, l’organisation qui contrôle Gaza, s’était d’une façon générale maintenu depuis juin passé.
Ce cessez-le-feu a été rompu le 4 novembre dernier, comme l’explique le centre palestinien pour les droits de l’homme, lorsque les forces d’occupation israéliennes ont envahi le centre de la bande de Gaza centrale et ont assassiné six Palestiniens dans des attaques aériennes.
Les groupes de la résistance palestinienne ont exercé des représailles pour ces meurtres en tirant des fusées vers Israël.
En juin 2007, Israël a imposé un blocus extrêmement paralysant sur la bande de Gaza après que Hamas ait pris le contrôle du territoire après des désaccords violents avec les milices soutenues par les Etats-Unis et fidèles au président de l’ autorité palestinienne Mahmoud Abbas. En vertu du cessez-le-feu, Israël était censé lever graduellement le blocus de Gaza, mais il n’a jamais respecté son engagement.
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21 novembre 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach