Une intervention chirurgicale sous blocus
lundi 23 juin 2008 - 05h:26
Rami Almeghari - Ma’an News Agency
Le sourire de Marzouq Mo’amar est revenu sur son visage alors qu’il avait presque perdu espoir à cause d’un cancer de la thyroïde qui s’était propagé dans son cou.
- Monsieur Marzouq Mo’amar à son domicile à Rafah - Photo : Rami Almeghari
Il y a seulement quelques semaines les médecins palestiniens de l’hôpital européen de Gaza, au sud de Gaza, ont réussit a effectuer une opération vitale pour cet homme de 62 ans venant de Rafah.
"J’ai risqué ma vie en subissant une intervention chirurgicale dans des conditions si mauvaises, sans vrais soins médicaux ni personnel médical adéquat de même que dans une situation d’enfermement paralysant," dit Mo’amar, assis dans sa maison, dans le village de la tribu Alghosain dans la ville de Rafah, au sud de la Bande de Gaza.
"Quand j’ai décidé de subir une opération, malgré les risques encouru, je n’avais pas le choix parce que je n’avais pas de document pour voyager," explique Mo’amar.
"Toutefois, grâce à Dieu, Dieu m’a sauvé la vie, avec l’aide de grands médecins locaux et dans d’extraordinaires conditions dans la Bande de Gaza assiégée. J’en appelle à tous les êtres humains libres dans le monde pour qu’ils souteniennet les patients de Gaza qui meurent les uns après les autres à cause du blocus israélien," dit Mo’amar, maintenant convalescent.
L’intervention chirurgicale sur la tumeur de Mo’amar était la première de cette sorte depuis de nombreuses années, à cause des très insuffisants services de santé dans Gaza durant les quatre décennies de l’occupation militaire israélienne. L’opération a eu lieu malgré le manque d’équipement et de personnel médical suffisant qui s’est empiré depuis un an, après qu’Israël ait resserré son siège sur le territoire côtier où vivent 1,5 million Palestiniens.
Le docteur Ehab Zayyan, un jeune chirurgien de Gaza spécialisé pour la tête et le cou, a mené la difficile et risquée opération de huit heures.
"Nous avions l’habitude d’entreprendre d’autres plus petites opérations pour des infections dangereuses, et avec succès, mais l’opération pour cette tumeur était la première de ce genre," dit Dr. Zayyan, "Grâce à Dieu nous avons réussi et l’état de notre patient est stable."
DLe docteur Zayyan ajoute : "L’Hôpital européen de Gaza est modernisé et nous avons l’équipement adéquat" mais "ce qu’il nous faut c’est du personnel médical plus formé et plus qualifié. Avec plus de personnel je suis sûr que nous pourrions arrêter d’envoyer nos patients à l’étranger."
Khaled Radi, le porte-parole du Ministère de la Santé à Gaza, dépendant du gouvernement du Hamas élu en janvier 2006, a déclaré que la situation médicale s’est détériorée depuis qu’Israël a durci le siège. De nombreux experts médicaux étrangers qui avaient l’habitude de venir à Gaza pour effectuer des opérations délicates ont arrêté de venir ; il explique : "Il y avait un accord pour que 31 professeurs égyptiens viennent à Gaza pour former notre personnel, mais ils n’ont pas pu venir à cause des conditions actuelles," dit Radi.
Bien que la fermeture israélienne ait empêché beaucoup d’équipement de base d’entrer dans Gaza, Radi dit que le Ministère de la Santé était en mesure d’installer un scanner IRM. "Ce qui est important pour nous à l’heure actuelle c’est d’assurer les soins médicaux fondamentaux à nos patients."
Selon des sources médicales de Gaza, jusqu’à maintenant plus de 180 patients de Gaza, qui avaient besoin de soins médicaux ou d’un traitement vital en urgence sont morts à cause du bouclage israélien hermétique qui empêche l’année dernière les voyages en dehors de Gaza et les échanges commerciaux.
Le nombre de morts est en hausse, le passage de Rafah restant fermé, alors qu’il est le seul point de sortie pour de nombreux patients de Gaza pour atteindre les hôpitaux de l’autre côté de la frontière avec l’Egypte.
"Grâce à Dieu, ma santé est plus que bonne maintenant, mais j’en appelle à tous ceux qui sont concernés pour résoudre les problèmes de nombreux patients comme moi, qui ont besoin d’un traitement dont leur vie dépend," dit Mo’mar, embrassant sa main, signe de remerciement dans la culture gazaouie.
* Rami Munir Almeghari est actuellement le collaborateur de plusieurs agences d’informations, dont Palestine Chronicle, IMEMC, The Electronic Intifada et Free Speech Radio News. Il est aussi l’ancien traducteur anglais et l’éditeur en chef de l’international press center du Service d’Information Palestinien basé à Gaza. Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.
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Traduction de l’anglais : Laura