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Encore et toujours le double-standard

mercredi 12 mars 2008 - 05h:50

Ramzy Baroud

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Ce sont 190 Palestiniens qui ont été assassinés depuis la tenue de la conférence d’Annapolis.

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La conférence d’Annapolis a eu pour effet de multiplier les crimes israéliens en Cisjordanie et surtout dans la bande de Gaza - Photo : MaanImages

La mort rodait à Gaza bien avant que des roquettes artisanales palestiniennes ne frappent la ville israélienne de Sderot le 27 février, tuant Roni Yechiah et déclenchant la vengeance israélienne qui a déjà pris 115 vies palestiniennes.

La mort de Yechiah était la première de ce genre depuis 9 mois. Les roquettes rudimentaires palestiniennes ont souvent été considérées par les Palestiniens comme étant inutiles dans ce cycle de représailles, bien que ces tirs soient souvent utilisés par les officiels israéliens comme excuse pour garder Gaza sous contrôle, c’est-à-dire au bord de la famine.

Pour Israël, les roquettes sont un prétexte majeur pour maintenir le Hamas assiégé ; cette guerre de faible intensité fait écran de fumée sur les confiscations de terres palestiniennes, l’expansion des colonies illégales et sur une justification de la lenteur du « processus de paix ». Cependant, alors que les experts pro israéliens, des Etats-Unis et d’ailleurs, se préparent à défendre les actes d’Israël, de nombreux Israéliens ne sont plus dupes des excuses de leur gouvernement. Selon une récente enquête de l’Université de Tel Aviv, citée par le quotidien israélien Haaretz le 27 février, "64 pour cent des Israéliens pensent que le gouvernement doit engager un dialogue direct avec le gouvernement du Hamas à Gaza, dans le but d’assurer un cessez-le-feu et de libérer le soldat prisonnier Gilad Shalit".

Le maire de la ville israélienne de Sderot - ville à la frontière de Gaza, cible principale des roquettes - a déclaré à The Guardian le 23 février : "Je dirais au Hamas, faisons un cessez-le-feu. Arrêtons les tirs de rockets les 10 prochaines années et voyons ce qu’il se passe".

Le Hamas était le premier à publier un appel au cessez-le-feu et s’est pendant des années abstenu de réaliser des attentats suicides en Israël.

Le nombre inégal de victimes est significatif. Bien que la mort de Yechiah soit tragique, il était "la première personne tuée par des tirs de roquettes venant de Gaza depuis mai 2007, et la 14ème au total depuis la reprise du conflit armé Israélo-palestinien en Septembre 2000," selon une publication de l’Observatoire des Doits de l’Homme le 29 février qui cite l’organisation israélienne pour les droits de l’homme B’Tselem.

B’Tselem rapporte que "1 259 des 2 679 Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes dans la Bande de Gaza (depuis Septembre 2000) ne participaient pas aux hostilités lorsqu’ils furent tués ; et 567 étaient mineurs."

Des rapports de News Agency publiés sur le site de Al-Arabiya le 22 février rapportent que 190 Palestiniens ont été tués depuis la reprise du processus de paix à Annapolis en novembre dernier. Ce nombre à augmenté quand l’armée israélienne a intensifié ses attaques contre la Bande de Gaza, tuant 34 Palestiniens en 48 heures, entre le 27 et le 28 février. Et d’autres Palestiniens furent tués en Cisjordanie durant la même période. Déjà les actions d’Israël sont considérées par la plupart des médias comme une « réponse » légitime aux violences palestiniennes.

Dans un article publié quelques jours avant la mort de Yechiva, le Sydney Morning Herald rapportait la mort de trois Palestiniens tués par un missile de tank israélien.

Selon les dires des témoins, les hommes étaient alors en train de pique-niquer. Cependant, l’article semble raconter une toute autre histoire, présentant une photo de roquette palestinienne atterrissant dans un champ vide. "Pluie fatale", dit la légende, "oubliant" que la roquette en question n’avait pas causé la mort. L’article n’évoque pas non plus le fait que les victimes palestiniennes étaient en train de pique-niquer, alors qu’un Palestinien l’affirmait.

Donald Macintyre de l’Independent, en général beaucoup plus objectif que ses homologues partout ailleurs, a rapporté la mort de quatre enfants palestiniens : "Quatre garçons qui jouaient au foot ont été tués à Gaza par les bombardements israéliens... Israël répondant à la mort d’un homme (tué lors d’un déluge de tirs de roquettes) par une sanglante intensification de la violence". La perpétuation de l’idée que l’Etat d’Israël répond aux événements plutôt que celle qui dirait qu’il en est à l’origine reste l’une des formes les plus insidieuses de parti pris pro israélien.

Lorsque le plus grand désespoir pousse les Gazaouis à détruire la frontière avec l’Egypte en quête de nourriture et de médicaments, leurs pleurs tombent dans des oreilles de sourds. Les Palestiniens ont été renvoyés, de nouveau parqués à Gaza et la frontière a été refermée. Le nombre de troupes qui gardent la frontière a été augmenté, et, d’après certaines informations, seraient positionnées au-delà de la limite fixée par le traité de paix signé entre l’Egypte et Israël il y a 30 ans.

Assiégés, intimidés, affamés - d’une manière que toutes les plus grandes organisations pour les droits de l’homme considèrent d’illégale et d’inhumaine - les Palestiniens s’attendent à encore pire. Seulement cette fois la terminologie utilisée est plus effrayante. Le Député et Ministre de la Défense israélien, Matan Vilnai, menace les Palestiniens de la Bande de Gaza d’un "holocauste". "Si les tirs de Qassam (roquettes) s’intensifient et leur portée augmente, (les Palestiniens) encourront une grande shoah car nous utiliserons toute notre puissance pour nous défendre," a-t-il déclaré.

Le mot Hébreu shoah a été utilisé presque exclusivement pour décrire le génocide des Juifs par les Nazis. Alors que les présentateurs dans les médias ont tentés de limiter les dommages causés par les dires de Vilnai, sa menace de crise imposée par Israël sur les Palestinien - et le mot "grande" en particulier — n’a rien fait d’autre que de rappeler les horreurs que vit Gaza, et pour lesquelles Gaza est tenue responsable.

Des célébrités israéliennes et nord-américaines — dont Sylvester Stallone, John Voight et Paula Abdul - ralliées à un concert "LA benefit" pour Sderot. Via satellite, Clinton, McCain et Obama ont aussi exprimé leur allégeance à Israël, comme si seule la mort d’un israélien contait et seule la sécurité d’Israël importait. Clinton - comme les autres candidats aux présidentielles - a tiré pleinement partie d’une opportunité en or d’exprimer son "inébranlable engagement" envers Israël.

Quand les officiels nord-américains reconnaîtront-ils aux Palestiniens et aux Israéliens des droits égaux et d’égales responsabilités ? Quand les médias commenceront-ils à fournir des clés pour mieux comprendre la situation et arrêteront de manipuler les mots et les chiffres de telle sorte que les Palestiniens soient toujours en faute ? Quand accepterons-nous que l’occupation militaire et le terrorisme d’état engendrent de la violence et produit de la terreur. C’est le cas en Palestine, comme partout ailleurs. Cela sera ainsi jusqu’à ce que la situation change.

(*) Ramzy Baroud est l’auteur de « The Second palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com »

Site Internet :
www.ramzybaroud.net

Du même auteur :

- Abbas a besoin d’un miracle
- Fabriquer des réalités qui conviennent
- Le véritable miracle israélien...
- Gaza : le pouvoir du peuple

7 mars 2008 - Communiqué par l’auteur - Vous pouvez consulter cet article à :
http://ramzybaroud.net/articles.php...
Traduction de l’anglais : Laura


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