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Ce n’est pas juste une occupation...

lundi 11 juin 2007 - 22h:00

Ali Abunimah - The Electronic Intifada

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Les Israéliens n’abandonneront pas plus facilement leurs privilèges que ne l’ont fait les Blancs en Alabama, en Géorgie ou au Mississippi...

« Il y a quarante ans aujourd’hui, c’était le dernier jour où les citoyens israéliens formaient un peuple libre sur sa propre terre, » a écrit le chroniqueur Akiva Eldar dans Ha’aretz le 4 juin. « C’était le dernier jour où nous avons vécu ici sans que notre vie s’apparente à la vie des autres peuples. »

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Manifestation contre l’occupation israélienne au check point de Kalandia le 9 juin 2007 - Photo : AFP/Abbas Momani

Ceci résume la mythologie entretenue par ce qui s’appelle toujours la gauche israélienne et une grande partie de l’industrie internationale du processus de paix - à savoir qu’avant la guerre de 1967, Israël était sans tache et sur le droit chemin. Si ce pays n’était pas « devenu un occupant » la région aurait eu une histoire plus heureuse et Israël serait un membre accepté de la communauté internationale plutôt qu’un paria portant l’étiquette de « l’apartheid ».

Se focaliser sur l’occupation sert de plus en plus à dissimuler le fait que le conflit en Palestine est à la base une entreprise coloniale dont les frontières ne coïncident pas facilement avec les lignes du 4 juin 1967.

Je ne suis pas souvent d’accord avec les chefs du mouvement des colons, mais ils énoncent une vérité que les israéliens et les libéraux américains préfèrent ignorer quand ils expliquent que les colonies construites après 1967 dans Gaza et en Cisjordanie ne sont pas moralement différentes des villes et des kibbutzim à l’intérieur des frontières israéliennes d’avant 1967. L’état israélien qui a été créé en 1948 s’est installé sur une terre violemment expropriée aux Palestiniens qui se retrouvés ethniquement nettoyés. Israël s’est maintenu comme « état juif » uniquement par l’imposition de nombreuses lois qui maintiennent dans un statut inférieur ses citoyens palestiniens et excluent de force les réfugiés palestiniens.

Même les Israéliens qui condamnent l’occupation soutiennent ces lois racistes. Il y a un consensus israélien pour défendre l’état juif contre la soit-disante « menace démographique » des Palestiniens qui deviendront à nouveau, comme ils l’étaient avant 1948, le groupe majoritaire dans la population en Palestine-Israël en dépit de six décennies d’efforts israéliens pour réduire leur nombre en procédant à des expulsions, des massacres et un nettoyage ethnique administratif. C’est l’impératif de maintenir, par un découpage arbitraire de circonscriptions électorales, une enclave avec une majorité juive plutôt que toute forme de reconnaissance de l’égalité des Palestiniens qui fait douter d’une quelconque acceptation israélienne d’un état palestinien.

Le slogan « mettre fin à l’occupation » finit par vouloir dire tout et n’importe quoi. Pour les élites dominantes israéliennes, les chefs complaisants du Fatah et le Quartet, il peut même inclure l’annexation permanente par Israël de la plupart de ses colonies. Exiger uniquement la fin de l’occupation en laissant Israël continuer à fonctionner comme ethnocracie raciste dans « des frontières reconnues » n’est pas une position progressiste pas plus que ne l’aurait été de soutenir les Bantustans en Afrique du Sud.

Puisque le colonialisme israélien nui à tous les Palestiniens, et pas simplement à ceux qui vivent dans les territoires occupés en 1967, nous ne pouvons pas nous limiter à exiger que l’infrastructure militaire et oppressive vieille de 40 ans soit démantelée en Cisjordanie et dans Gaza. Nous devons en même temps exiger l’abolition de toutes les lois racistes dans tout le pays, y compris celles qui permettent aux juifs étrangers d’immigrer tandis que les Palestiniens sont interdits d’accès, aussi bien que celles qui imposent la discrimination dans l’attribution des terres, le logement, l’éducation et la vie économique.

Nous devons redéfinir notre lutte comme lutte pour la démocratie et l’égalité des droits pour tous ceux qui vivent dans le pays. Ceci implique deux types de tâches : la solidarité sous forme de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre le système israélien de ségrégation dans tous ses aspects, et l’articulation d’une vision pour un futur partagé s’inspirant des accords de paix réalisés en Irlande du Nord et en Afrique du Sud. Les dirigeants d’un million de citoyens Palestiniens en Israël ont formulé des propositions imaginatives et concrètes pour la démocratisation et l’égalité. Ils en payent déjà le prix : le Shin Bet [la police secrète israélienne] a reçu une bénédiction officielle pour bloquer jusqu’aux activités légales qui défient les droits supérieurs réservés aux juifs. Les dirigeants palestiniens en Cisjordanie et dans Gaza n’ont pas réussi à offrir une vision qui nous engage, quoique beaucoup reconnaissent que la solution à deux états est devenue un mirage.

Naturellement, les Israéliens n’abandonneront pas plus facilement leurs privilèges que ne l’ont fait les Blancs en Alabama, en Géorgie ou au Mississippi quand ils ont fait face au mouvement américain pour les droits civiques. Mais le racisme n’est pas un genre de vie que le reste du monde est obligé de respecter. Les mouvements décidés et déterminés peuvent provoquer des transformations qui semblent à peine imaginables depuis le fond de notre tristesse. Nous avons eu suffisamment d’exemples brillants pour que cela maintienne notre espoir et inspire notre action.


*Ali Abunimah est cofondateur d’Electronic Intifada et auteur du livre : One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse

Du même auteur :

- Comment Barack Obama a appris à aimer Israël
- Une opinion palestinienne sur le livre de Jimmy Carter
- Guerre américaine par procuration à Gaza

Juin 2007 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : [AIO - Info.palestine.net]


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