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La Nakba revisitée

vendredi 17 mai 2013 - 06h:00

Khalid Amayreh

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Au bout du compte, la répétition de ce qui s’est passé en 1948 pourrait accélérer le processus de la disparition et de l’extinction d’Israël.

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Des milliers de Palestiniens conservent les clés de leur maison d’où ils ont été expulsés au bout du fusil à la création d’Israël, il y a 65 ans. La confiance est transmise par les anciens aux jeunes générations.



Aujourd’hui marque le 65e anniversaire de la Nakba palestinienne, l’usurpation et l’occupation violentes de la Palestine par les envahisseurs juifs sionistes venant de partout dans le monde. La saisie de la Palestine peut être considérée comme l’un des plus grands actes de vol de l’histoire de l’humanité. Israël en lui-même, par conséquent, est un gigantesque crime de guerre et crime contre l’humanité.

Grâce à la tristement célèbre déclaration Balfour de 1917, la Palestine, pays arabe depuis sept siècles, a été donnée par un autre pays (la Grande-Bretagne) à une troisième population (les juifs) sans même consulter le peuple autochtone du pays.

Selon le philosophe britannique Bertrand Russel : «  La tragédie du peuple de Palestine, c’est que son pays a été "donné" par une puissance étrangère à une autre population pour la création d’un nouvel État  ».

En fait, on peut affirmer sans risque que l’Occident, et particulièrement la Grande-Bretagne, a commis le péché originel en envisageant, planifiant, et implantant Israël au cœur du monde arabe afin de protéger ses intérêts coloniaux et impérialistes.

En 1905, le premier ministre de Grande-Bretagne, Sir Henry Campbell-Bannerman, a invité les puissances impériales occidentales à une conférence qui s’est poursuivie jusqu’en 1907.

La conférence des voleurs a recommandé l’établissement d’un « État sur les terres de Palestine, pour servir de base avancée à des colonialistes cupides, et pour protéger leurs intérêts, réaliser leurs projets plans et programmes, et assurer l’écoulement des ressources naturelles hors de la région, de même que l’importation de leurs marchandises et produits sur les marchés de cette région ».

L’auteur juif américain Noam Chomsky a décrit cette vilénie commise par ces puissances européenne, essentiellement la Grande-Bretagne :

« Quand un homme apporte un serpent et le met dans le lit d’un enfant, et que celui-ci mord l’enfant, l’homme est responsable de la mort de l’enfant, pas le serpent ».

La personne qui apporte le serpent dans le lit de l’enfant est le véritable criminel, pas le serpent. Cette personne ne peut se prétendre innocente et dire « je ne savais pas le serpent si vénéneux ! ».

Le célèbre historien britannique, Arnold Toynbee, dans son livre Étude de l’Histoire écrit que « si la responsabilité directe de la calamité qui a frappé les Arabes palestiniens en 1948 est imputable aux juifs sionistes qui se sont emparés d’un espace vital pour eux-mêmes, en Palestine, et par la force des armes, au cours de cette année, une lourde charge de responsabilité indirecte, mais irréfutable, repose sur le peuple du Royaume-Uni. »

« Mais le "serpent" (Israël) a acquis sa vie propre, et il ne dépend plus de ses bienfaiteurs occidentaux de jadis pour sa survie et sa continuité ».

Il n’existe toutefois aucune garantie, historique, morale ou religieuse, que le « serpent » aura longue vie, par exemple qu’il vive plus longtemps qu’un siècle.

En fin de compte, Israël est un être immoral et illicite et il lui faudra partir. Oui, Israël est une superpuissance régionale, avec une économie prospère, il est technologiquement avancé et il contrôle étroitement le gouvernement, le Congrès et les médias des États-Unis.

Mais les nations ne vivent pas que de Jet de combat et de bombes nucléaires. Ce que l’Union soviétique possédait en abondance.

Pour avoir une existence durable, les nations doivent posséder une justification morale. C’est la justice, pas la force militaire, qui garantit la longévité et la continuité des États.

En 1948, les dirigeants sionistes tels que Ben Gourion, pensaient que le peuple palestinien était condamné à l’oubli, doucement mais sûrement. En effet, pendant que les envahisseurs génocidaires d’Europe de l’Est et d’ailleurs rasaient et effaçaient plus de 500 villages palestiniens, les vieux sionistes pensaient que les Palestiniens âgés allaient mourir, et que les jeunes allaient oublier !

Mais au grand dépit des sionistes, la cause palestinienne est toujours aussi vive et pertinente aujourd’hui dans les esprits et les cœurs du peuple palestinien qu’elle l’était en 1948.

Des milliers de Palestiniens conservent les clés de leur maison d’où ils ont été expulsés au bout du fusil à la création d’Israël, il y a 65 ans. La confiance est transmise par les anciens aux jeunes générations.

Aujourd’hui, même les Palestiniens les moins patriotes qui arriveraient coûte que coûte à un « accord de paix » avec Israël n’oseraient même pas laisser penser qu’ils pourraient céder le droit au retour, même en échange d’un État en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Certes, les Palestiniens et les musulmans en général n’ont aucune difficulté à vivre avec des juifs. Les juifs ont vécu côte à côte avec des Arabes et des musulmans pendant près de 1400 ans. Les juifs ne se sont jamais révoltés contre les musulmans qui gouvernaient ou exigé un État pour eux-mêmes.

En effet, l’appel au retour des juifs en Palestine ne provient pas des juifs du Moyen-Orient ou de Palestine ; il provient des juifs d’Occident.

Quand le dirigeant juif hongrois Herzl a convoqué le premier congrès sioniste à Bâle en 1897, lequel réunissait 196 délégués, seuls quatre de ces délégués étaient des juifs de Palestine.

En tant que Palestiniens, Arabes et musulmans, notre problème n’est pas avec les juifs qui croient dans le « vivre et laisser vivre », mais bien avec le sionisme diabolique, fanatique et génocidaire qui a arrosé cette partie du monde de sang, de haine et d’injustice.

Israël prétend être juif et suivre d’antiques idéaux juifs de justice. Mais c’est une prétention vide sens, frisant la chimère.

La vérité est qu’Israël représente l’antithèse des idéaux des antiques prophètes d’Israël. Que sont devenus les « tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, et tu ne mentiras pas » ? .

Même Abraham, le prétendu ancêtre commun des antiques Israélites et des Arabes du Nord, même lui n’accepterait pas d’avoir un lieu de sépulture pour son épouse défunte Sara gratuitement à Hébron.

Aujourd’hui, on est vraiment offensés par ces colons juifs fanatiques qui terrorisent et attaquent avec sauvagerie des villageois palestiniens paisibles, empoisonnent et tuent leur bétail, brûlent leurs champs et vergers.

Et quand des Palestiniens sans défense, non protégés, demandent réparations devant les tribunaux israéliens, il leur est répondu par des juges juifs que les colons sont dans leur droit parce que « vos maisons et vos terres autrefois appartenaient aux ancêtres des colons il y a trois mille ans » !!

Un tel État où l’injustice et l’oppression sont endémiques ne peut pas et ne vivra pas longtemps, même s’il possédait tous les avions de combat sophistiqués du monde.

Ils ont tué la solution à deux États

Israël a déjà décapité la solution à deux États. L’expansion intensive des colonies juives en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, n’a vraiment laissé aucune place pour un État palestinien viable et territorialement contigu.

Les États-Unis et l’Autorité palestinienne impuissante prétendent qu’il existe toujours une chance pour relancer la stratégie d’une solution à deux États. Mais nous qui vivons ici, en Cisjordanie, nous savons mieux. Nos yeux ne peuvent nous trahir.

Nous savons aussi parfaitement que deux autres faits renforcent notre conviction que les chances de créer un véritable État palestinien ont disparu irréversiblement. Le premier est que la société israélienne évolue progressivement vers un fascisme juif talmudique, ce qui rend extrêmement improbable qu’Israël accepte à un moment quelconque dans un futur prévisible de rendre le butin de la guerre de 1967, ce qui impliquerait le démantèlement inévitable de centaines de colonies juives qui se sont montées sur le territoire palestinien occupé.

Le deuxième fait est que les États-Unis, gardien-allié d’Israël, sont tout à fait incapables, même s’ils le voulaient, d’exercer une pression significative sur Israël, pression qui pourrait forcer ou convaincre l’État juif de mettre fin à son occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. La raison en est la mainmise juive très ferme sur le processus décisionnel américain. Ainsi, le contrôle israélien sur la Maison-Blanche, le Congrès et d’autres institutions politiques américaines est trop étouffant pour laisser une quelconque manœuvre U.S. s’échapper du filet juif.

La situation démographique en Israël/Palestine

Outre les droits historiques et des raisons d’ordre moral, les Palestiniens ont aussi un avantage stratégique sur le sionisme, à savoir l’atout démographique. Selon l’éminent démographe israélien, Della Pergula, il y a déjà plus de non-juifs que de juifs entre le Jourdain et la Méditerranée.

« Nous avons déjà atteint la masse démographique critique, la création d’un État palestinien est par conséquent aujourd’hui plus une nécessité israélienne qu’une nécessité palestinienne ». Mais la possibilité d’établir un État palestinien viable n’existe au regard de l’expansion phénoménale des colonies juives mentionnées plus haut. Une chose encore, le concept d’un État binational est une sorte d’anathème pour la plupart des Israéliens car cela signifierait la fin d’Israël en tant qu’État juif. D’où la difficulté.

Il y a trois millions d’Israéliens qui pourraient penser ou qui probablement pensent déjà à des scénarios inimaginables comme l’expulsion d’un grand nombre de Palestiniens. Mais une telle expulsion ne peut se faire vraiment sans une sorte de génocide. Néanmoins, les Palestiniens ont parfaitement tiré et absorbé les leçons de 1948, et pourraient ne jamais plus quitter leur pays. Ils préfèreraient mourir dans leurs maisons, leurs villes et villages plutôt que donner aux sioniste la joie de les voir répéter le scénario de la Nakba.

Les sionistes israéliens ont déjà commis d’énormes et de nombreux crimes contre le peuple palestinien. Inutile de le dire, commettre encore plus de crimes serait suicidaire et lourd de conséquences graves pour Israël et pour les juifs.

Au bout du compte, la répétition de ce qui s’est passé en 1948 pourrait accélérer le processus de la disparition et de l’extinction d’Israël.

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15 mai 2013 - Palestine Info - traduction : Info-Palestine/JPP


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