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De la stupidité à vouloir compter sur les résultats des élections israéliennes

lundi 28 janvier 2013 - 06h:02

Khalid Amayreh - CPI

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Certains dirigeants palestiniens et arabes ont l’espoir que les résultats des dernières élections israéliennes pourront réactiver le processus de paix moribond avec Israël.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas qui, il y a seulement deux semaines, menaçait de dissoudre son régime de Ramallah, aurait, parait-il, offert à Yair Lapid de venir à Ramallah. Le parti de Lapid, le Yesh Atid (« Il y a un avenir »), a obtenu 19 sièges sur les 120 que comprend la Knesset – ou parlement – israélienne.

De même, le Secrétaire d’État américain John Kerry a exprimé l’espoir que les résultats des élections en Israël conduisent à la reprise des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, dépérissant depuis des décennies sous l’occupation militaire israélienne.

Tous, nous espérons qu’il existe encore une chance véritable pour la paix dans une région longtemps tourmentée par l’occupation, la violence et la guerre. Cependant, en examinant de plus près les résultats des élections israéliennes, on voit qu’il n’y a pratiquement aucune chance pour que le prochain gouvernement israélien, qui pourrait ne pas durer longtemps de toute façon, améliore les perspectives de paix en Palestine occupée.

De nombreux médias, spécialement en Occident, reprennent à l’envi les informations qui leur viennent d’Israël prétendant que les deux camps, la droite et la gauche, ont obtenu un nombre égal de sièges à la Knesset. Ce n’est tout simplement pas vrai. Il s’agit là d’une falsification scandaleuse, bien que pas forcément délibérée, de la réalité.

Tout d’abord, la classification des groupes et partis politiques en Israël en « droite et gauche » ne doit pas être prise au pied de la lettre. Elle reflète souvent l’idéologie israélo-sioniste, par nature raciste. En fait, les partis de « gauche » en Israël diffèrent peu des partis de droite. Un parti de gauche israélien serait considéré comme carrément fasciste dans un cadre européen. De même, les partis de droite, et à plus forte raison les partis à l’extrême droite, n’auraient aucune chance d’être autorisés dans n’importe quel pays européen qui respecte ses lois et principes.

Prenons le cas du parti Tnu’a de Tzipi Livni, classé en Israël dans le camp de la gauche.

Ce parti prône l’annexion à Israël de la plus grande partie des colonies israéliennes qui se sont montées depuis la guerre israélo-arabe de 1967. Inutile de rappeler que toutes ces colonies sont illégales et illégitimes au regard du droit international.

En plus de cela, ce parti est absolument opposé au rapatriement des millions de réfugiés palestiniens arrachés à leurs terres ancestrales aujourd’hui aux mains des envahisseurs sionistes d’Europe de l’Est et de Russie.

Et comme si cela ne suffisait pas, la dirigeante de ce parti de « gauche » a déclaré à plusieurs occasions que dans le cas où un État palestinien était instauré, Israël aurait le droit absolu d’expulser les Palestiniens d’Israël (près de 25 % de la population) vers ce que serait l’État palestinien.

Alors, comment, dans la profondeur de l’enfer, pourrions-nous définir un parti de type nazi qui promeut le nettoyage ethnique et le concept de l’espace vital comme étant de « gauche ».

Certains pourraient penser que le parti de Livni représente l’exception et non la norme.

Mais non, la vérité c’est que Livni et son parti se positionnent à gauche des autres partis de « gauche », comme le Parti travailliste dirigé par Shelly Yachimovich, et le Kadima dirigé par le criminel de guerre avéré Shaul Mofaz qui, à plusieurs reprises, a exigé la destruction de Gaza et l’anéantissement de sa population.

Quant au Yesh Atid, son fondateur et dirigeant, Lapid, s’est opposé à ce que l’on classe son parti à gauche. Il l’a dit, son parti n’est pas de gauche mais plutôt « centriste ».

Et puis on a la fameuse sirène Meretz, qui n’a recueilli que 6 sièges seulement. Bon, ces gens-là peuvent être de gauche dans ce sens qu’ils soutiennent les mariages homosexuels, l’égalité de salaire pour les travailleurs, les droits des femmes et une solution pacifique au conflit avec les Palestiniens. Cependant, il est bien connu que la plupart si ce n’est la totalité d’entre eux, qui sont des libéraux plutôt que de gauche, sont des sionistes purs et durs qui s’opposent au démantèlement des colonies juives et surtout au rapatriement d’un nombre important de réfugiés palestiniens dans leurs foyers et villages dans ce qui est maintenant Israël.

Il est vraiment très difficile, voire impossible, d’être réellement sioniste et réellement de gauche, en même temps. C’est là un oxymore, purement et simplement, une contradiction, obscène en elle-même.

Ceci nous amène donc à la dure réalité que plus de 90 % des députés de la Knesset israélienne sont des fascistes invétérés.

Pour ceux qui pourraient être amenés à froncer les sourcils en me lisant, j’aimerais leur rappeler ce qui suit.

Et la droite et la gauche en Israël sont contre la création d’un État égalitaire dans la Palestine mandataire, dans lequel juifs et non juifs jouiraient de droits égaux.

Et la droite et la gauche en Israël préfèrent soutenir l’apartheid que de voir Israël devenir un État binominal, surtout si la majorité juive « solide » d’Israël est menacée.

Et la droite et la gauche israéliennes sont résolument contre le retour sur les lignes du quatre juin 1967. Ceci en plus de leur refus absolu de toute notion suggérant le rapatriement des réfugiés palestiniens, en application de la résolution 194 des Nations unies.

Détail intéressant, c’est la soi-disant gauche israélienne qui a commencé l’entreprise de colonisation. C’est la gauche israélienne qui a commencé et intensifié la judaïsation de Jérusalem-Est occupée, et c’est toujours la gauche israélienne qui a rejeté tous les gestes de paix des Arabes. Rappelez-vous, c’est la gauche israélienne qui a gouverné Israël pendant près de 30 ans, avant l’arrivée de la droite en 1977.

En clair, il serait plus que naïf et plus que stupide de penser vraiment que les résultats des élections israéliennes vont faciliter la construction de la paix.

Je ne blâme pas les Américains et les Européens pour avoir publié des déclarations optimistes et satisfaites et s’être félicités des résultats des élections. Ils font cela depuis fort longtemps. Par ailleurs, ces déclarations ne coûtent pas un sou à l’Europe et aux États-Unis.

Par contre, c’est le grand désastre quand ce sont certains dirigeants palestiniens et arabes qui commencent à faire de telles déclarations.

On dit souvent que les sages apprennent des fautes des autres. Que les moins sages apprennent de leurs propres fautes. Mais la véritable calamité arrive quand les gens n’apprennent ni de leurs fautes ni de celles des autres. Là est le vrai désastre.

Est-ce que l’actuelle Autorité palestinienne tombe dans cette dernière catégorie ? J’espère que non, mais je n’en suis pas sûr. Les prochains jours et les prochaines semaines vont fournir la bonne réponse.

J’espère que mes craintes et appréhensions sont mal fondées, mais une voix intérieure me dit le contraire.



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25 janvier 2013 - Palestine Info - traduction : Info-Palestine/JPP


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