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Pourquoi Moubarak va-t-il à Washington ? Les Arabes sont responsables de l’impudence israélienne

vendredi 28 août 2009 - 15h:30

Khalid Amayreh

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Lors de sa récente visite aux USA, le président égyptien Hosni Moubarak a surpris ses interlocuteurs usaméricains quand il a dit que les États arabes ne normaliseraient pas les relations avec Israël avant la fin de l’occupation israélienne et l’établissement d’un État palestinien.

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Le président états-unien Barack Obama rencontre le président égyptien, Hosni Moubarak, à la Maison-Blanche, le 18 août 2009 (photo Reuters)

Moubarak a affirmé que pour les Arabes, les tentatives précédentes de normalisation n’avaient pas été encourageantes car les gouvernements israéliens successifs avaient pris leur bonne volonté pour une acceptation tacite de l’occupation israélienne consolidée de la Palestine, notamment par l’expansion des établissements colonialistes juifs.

Le président égyptien aurait pu prétendre en outre, à bon droit, qu’Israël, et spécialement l’actuel gouvernement de droite de Benjamin Netanyahou, utilisait utilement « la question de la normalisation » comme une sorte de diversion ou de chiffon rouge afin de détourner l’attention de l’expansion des colonies et de l’obstiné refus israélien de renoncer à son butin de guerre de 1967.

Effectivement, des intellectuels israéliens, surtout ceux qui se veulent intègres, ont dit à plusieurs reprises que l’actuel gouvernement israélien se contente de « faire son cinéma », de « tergiverser » et qu’il n’y a pas lieu d’attendre sérieusement qu’il collabore à la réalisation de la paix.

Cette franche évaluation du gouvernement le plus fasciste de l’histoire d’Israël a été amplement corroborée par le discours musclé que Netanyahu a prononcé à l’université Bar Ilan, près de Tel-Aviv, le 14 juin. Dans ce discours déplorable, Netanyahu a dit clairement qu’aux yeux d’Israël, tout éventuel État palestinien en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza devrait être étroitement et complètement contrôlé par lui.

Sous les applaudissements de l’assistance, il a dit qu’Israël devrait contrôler les frontières, les passages aux frontières, les ports, les aéroports, l’espace aérien, les eaux territoriales et les relations internationales d’un tel État qui, dit-il, devrait être totalement démilitarisé.

En d’autres termes, l’État palestinien envisagé devrait être plus ou moins un Judenrat palestinien sous surveillance et contrôle israéliens.

Malheureusement, cette tonitruante impudence israélienne n’a été relevée par aucun des grands pays arabes, tels que l’Égypte et l’Arabie Saoudite, pas plus que par le gros de la communauté internationale, USA et Union européenne compris.

Il va sans dire que l’absence totale de réaction significative devant l’arrogance criante de Netanyahu semble avoir convaincu le gouvernement israélien que ni les États arabes ni la communauté internationale ne doivent être pris au sérieux et que les effets de manche et les manipulations orales suffiraient pour gérer la crise, du moins pour le moment.

Il est hors de doute qu’Israël ne s’intéresse à la normalisation de ses relations avec les États arabes que dans la mesure où ces États peuvent être utilisés pour nuire aux intérêts palestiniens.

Ce n’est, par exemple, un secret pour personne qu’Israël utilise le régime égyptien depuis quelques années pour tourmenter les Gazaouis et sceller le siège pratiquement hermétique imposé à l’enclave côtière.

On peut dire la même chose d’autres États arabes, comme la Jordanie et les États du Golfe dont Israël et ses alliés occidentaux se sont assurés la « coopération » pour imposer un blocus financier très dur au gouvernement élu du Hamas, contribuant ainsi à appauvrir et à dégrader la situation du million et demi d’êtres humains vivant dans la bande de Gaza, dont le seul « crime » a été d’avoir eu l’audace d’élire un parti politique qui ne rencontre pas la faveur d’Israël, des USA et de leurs alliés.

La scandaleuse propension arabe à collaborer avec ces projets cruels contre un peuple arabe frère doit avoir enhardi l’État sioniste à se lancer dans les guerres éclair de type nazi contre le Liban en 2006, et contre Gaza en 2008/2009 au cours desquelles il a tué, mutilé et réduit en cendres des milliers de civils innocents, et détruit des milliers de bâtiments et de maisons.

La honteuse réaction arabe officielle devant ces crimes contre l’humanité a incité des officiels israéliens, comme Avigdor Liebermann, a suggérer ouvertement qu’une bombe nucléaire soit lâchée sur Gaza.

Liebermann n’est pas un mouton noir dans une société consumée par le racisme. Il ne faisait que dire ouvertement ce que beaucoup d’Israéliens disent en privé.

Absence d’une véritable dissuasion

Dans un certain sens, les régimes arabes, surtout les États arabes clés, ne peuvent pas se dérober à leur part de responsabilité dans l’impudence d’Israël et dans son rejet d’une paix honorable qui mettrait fin à l’occupation et qui accorderait aux Palestiniens martyrisés un semblant de justice et de dignité.

Depuis des décennies, ces régimes arabes ont préféré se montrer « accommodants » en s’abstenant d’édifier une véritable dissuasion stratégique qui inciterait Israël à réfléchir avant d’aller trop loin dans le harcèlement des États arabo-musulmans du Maroc à la Perse.

Tout ceci s’est passé alors qu’Israël se constituait un énorme stock d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive qui mettent à la merci de ses lubies des centaines de millions d’Arabes, de Turcs, d’Iraniens et d’autres musulmans.

C’est cette impuissance claironnée qui a permis à des voyous racistes comme Liebermann de menacer de bombarder le barrage d’Assouan en Haute-Égypte, d’arroser de bombes Téhéran et de menacer d’écraser les villes et les villages palestiniens de Cisjordanie.

Non contents de se vautrer dans leur méprisable impuissance et faiblesse, certains régimes arabes ont eu recours sans aucune honte à la logique de l’apaisement, s’imaginant qu’en se rendant sympathiques aux yeux des dirigeants sionistes fanatiques, ceux-ci céderaient, laisseraient les Palestiniens vivre dans la dignité et leur accorderaient l’autodétermination.

Toutefois, l’apaisement ne fait qu’inviter à plus de chantage et d’intimidation et encourage Israël à imposer encore plus de conditions.

Nous qui vivons ici en Palestine occupée, nous suivons les médias israéliens et entamons des discussions animées avec des Israéliens ordinaires au sujet de leur conception de la paix avec les Arabes et les musulmans. Malheureusement, la plupart des Israéliens n’acceptent pas la parité et l’égalité entre les êtres humains et tiennent à ce que les juifs, du fait de leur judéité, bénéficient d’un traitement distinct, préférentiel dans tous les domaines concevables de l’activité humaine, allant de la sécurité à la religion.

C’est la raison pour laquelle il convient de placer la normalisation dans son contexte véritable : c’est une ruse publicitaire visant avant tout à ce que la balle proverbiale reste dans le camp arabe ou musulman tandis qu’Israël continue à pulvériser et à judaïser les terres palestiniennes.

En outre, il est presque certain que si le jeu de la normalisation avec Israël a un début il est sans fin parce que les milieux israéliens et sionistes dans le monde ne seront satisfaits que le jour où tous les Arabes et tous les musulmans deviendront de vrais sionistes.

Il y a quelques années, un ponte israélien a expliqué que la normalisation avec les Arabes et les musulmans devrait également comprendre la « normalisation psychologique et religieuse - qui permettrait aux juifs d’avoir un libre accès à la Mecque et à Médine, de modifier les passages du Coran qui ne plaisent pas à certains juifs et de changer les livres de classe arabes et musulmans critiquant le sionisme.

En d’autres termes, rien n’arrêterait Israël ; il continuerait à imposer des exigences délibérément impossibles aux Arabes et aux musulmans, afin de se dérober à une paix réelle, une paix qui exigerait la fin de l’occupation israélienne en terre palestinienne.

La détermination paye

L’ancien premier ministre pakistanais, Zulfikar Ali Bhutto, n’était pas particulièrement connu pour sa piété et sa dévotion. Toutefois, il mérite nos louanges pour avoir élaboré le programme nucléaire pakistanais qui a finalement permis à cet important pays musulman de tenir tête une bonne fois pour toutes à un État indien doté d’armes nucléaires, qui avait envahi et humilié le Pakistan plusieurs fois.

À la différence des riches pays arabes pétroliers, le Pakistan est un pays pauvre. Toutefois, contrairement à ces pays arabes, le Pakistan était déterminé.

De même, la Corée du Nord, un des pays les plus pauvres du monde, a décidé de se procurer l’arme nucléaire et en a fait exploser une il y a quelques mois malgré le harcèlement et les menaces provenant des USA, du Japon, de la Corée du Sud et d’autres pays.

Eh bien, la Corée du Nord, indépendamment du caractère répugnant de son régime tyrannique, peut exercer sa souveraineté sans se laisser intimider par des États prédateurs comme Israël.

Un poète arabe à dit :

« Les loups attaquent les fermes non gardées, mais ils craignent la férocité de ceux qui ont un coeur de lion. »

Peut-être les dirigeants arabes comme Moubarak et le roi d’Arabie Saoudite devraient-ils retourner à l’école primaire pour apprendre la poésie arabe d’autrefois afin de savoir comment s’y prendre pour qu’Israël prenne le chemin de la paix.

* Khalid Amayreh est journaliste et vit en Palestine. Il a obtenu son Master en journalisme à l’université de Southern Illinois in 1983. Depuis les années 90, M. Amayreh travaille et écrit pour plusieurs services de presse parmi lesquels ceux de Aljazeera.net, Al-Ahram Weekly, Islamic Republic News Agency (IRNA), et Middle East International. Vous pouvez lui écrire à politics.indepth[arobase]@iolteam.com.}

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20 août 2009 - IslamOnline - Cet article peut être consulté ici :
http://www.islamonline.net/servlet/...
Traduction : Anne-Marie Goossens - édition : Fausto Giudice (Tlaxcala)


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