Le soldat israélien modèle est un tueur... mais aussi un voleur
mercredi 22 avril 2009 - 16h:23
Ayman Quader
Le vieil homme assis sous la lumière d’une lampe à pétrole et parait d’humeur très sombre.
- Saad Al-Atar
Sa femme assise dans le coin opposé, se lamente à haute voix : « Ils ont souillé nos draps, haram, haram, ils ont démoli notre lit, tiré des coups de feu sur notre lit » et le vieil homme ajoute : « Ils ont pris tout notre argent. Le lendemain, du jour où nous sommes partis, nous avons trouvé un billet de 100 shekels dans le jardin, c’était tout ».
Il parlait de l’occupation de sa maison par les Israéliens à un reporter étranger venu filmer les destructions au nord de la bande de Gaza.
Saad Al-Atar vit dans une rangée de maisons, dans le quartier Atatra, le long d’une crête élevée surplombant la ville de Gaza . C’est la partie de la bande de Gaza la plus proche de la frontière israélienne, et elle permet aussi d’avoir une vue à longue distance de la ville de Gaza ; ce secteur a été bombardé à maintes reprises dans les premiers jours [de l’attaque israélienne], et la plupart des maisons ont été détruites.
Puis les hélicoptères Apaches ont tiré des roquettes sur ce qui restait et les mitrailleuses ont tiré sur tout ce qui bougeait. M. Al-Atar était resté à la maison avec sa famille, même lorsque les tirs de mitrailleuses ont traversé la fenêtre et ont arrosé le mur derrière eux.
- Mme Al-Atar
Le journaliste étranger a tâté du doigt les grands trous dans le plâtre ; pour lui il s’agissait juste de petits orifices dans le mur, mais pour M. Al-Atar, ils représentaient la peur et en même temps le miracle d’avoir survécu.
Mais il y avait un encore quelque chose de pire dans la pièce suivante, où il n’y avait pas de lumière : une rangée de petites marques de balles à un niveau inférieur.
« Nous étions en train de manger notre repas sur le sol lorsque c’est arrivé. Si nous avions été assis sur des chaises, ces balles auraient traversé nos têtes. J’ai de la chance de ne pas avoir les moyens de mettre des chaises dans les deux pièces »,nous dit M. Al-Atar.
Que s’est-il ensuite passé ?
- "Nous étions assis dans cette pièce quand les balles ont commencé à frapper au hasard autour de nous"
« Les Israéliens sont arrivés et ont pointé leurs armes sur nous. Ils nous ont dit d’entrer dans l’arrière-salle, où les coups de feu avaient été tirés, et d’y rester, et ils sont allés sur le toit. Ils nous ont dit que si nous bougions, ils tireraient sur nous. Ils sont montés et ils ont volé mon argent, sali les lits, laissé des préservatifs partout. Ils ont tiré des coups de feu sur le lit - pour quoi faire ? Alors que les gens mourraient, ils faisaient l’amour les uns avec les autres dans notre lit, et puis ils l’ont détruit. Tout notre argent était dans le matelas, pour toute la famille, et ils ont tout pris. Après 3 jours, ils sont partis. »
Sa famille de sept enfants et son épouse étaient à l’écoute dans la pièce assombrie. « Il n’y a pas de vitres aux fenêtres, et nous ne pouvons nous permettre même d’acheter des feuilles de plastique » a déclaré Mme Al-Atar.
« Les Nations Unies nous a donné des couvertures, mais nous n’avons pas d’argent pour réparer quoi que ce soit et personne ne nous aide. Personne. Et il fait froid, même nos vêtements, ils sont déchirés et sales - regardez, regardez ces déchirures, pourquoi, pourquoi nous font-ils cela, pourquoi ? »
Ils buvaient leur thé en silence, puis le photographe est parti et la lumière s’est éteinte.
* Ayman T. Quader vit dans la bande de Gaza. Il peut être joint à ayman.quader@gmail.com
Adresse de son blog : http://peaceforgaza.blogspot.com/20...
Du même auteur :
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Lorsque tout fait défaut - 22 mars 2009
Pluie noire sur Gaza - 14 mars 2009
15 avril 2009 - Communiqué par l’auteur - Traduction de l’anglais : Claude Zurbach