C’était un matin ordinaire du mois de décembre 2008. Les enfants jouaient et étaient contents. Ils étaient en train de creuser entre les cailloux pour dégager un petit espace de jeux pour leur enfance.
- Camp de réfugiés d’Al Nuserat au centre de la bande de Gaza - Photo : Ayman Quader
Ceci est l’histoire d’Ahmad, un petit garçon innocent qui a été tué ce matin-là. Ahmad était connu parmi ses amis comme un petit garçon actif, entraînant les autres.
Ahmad et sa famille vivent dans le district d’Al Zahra, au centre de la bande de Gaza, précisément à côté du bâtiment de la Défense Civile. Le matin du 27 décembre, Ahmad avait pris son petit-déjeuner, mis ses bottes puis était sorti pour aller jouer dans le jardin devant chez lui.
« Nous sommes une grande famille vivant dans une maison de quatre étages. Ma famille et moi vivons au second, et mon père au premier » raconte le père d’Ahmad. Lorsqu’il a vu qu’Ahmad et sa soeur Mariam allaient jouer dans le jardin devant la maison, il a voulu les en dissuader car la famille attendait Mohamed, le frère plus âgé, pour prendre un déjeuner matinal. Mais sa tentative a été vaine.
« Cela a été comme un tremblement de terre frappant notre maison et chaque chose était secouée » raconte encore le père. Les portes et les fenêtres se sont retrouvées brisées. Le papa d’Ahmad a voulu découvrir ce qui s’était passé dehors et il s’est mis à la recherche d’où venait le bruit bruit terrible qu’il avait entendu. Un nuage de fumée obscurcissait le soleil. « Il y avait rien d’autre à faire que vouloir se rassurer au sujet de la famille alors qu’une autre explosion secouait le bâtiment voisin. J’ai essayé de m’assurer que chacun était à l’intérieur de la maison, voulant alors me convaincre que nous étions en sécurité. » Soudain Mariam a hurlé depuis l’extérieur : « Papa, papa, Ahmad, Ahmad... » La petite Mariam a éclaté en sanglots, terriblement inquiète au sujet de son frère. « Ses cris m’ont glacé le sang », poursuit le papa d’Ahmad.
Ahmad a été retrouvé sous les blocs de pierres à l’entrée de la maison. Le papa a immédiatement saisi Ahmad et s’est précipité pour chercher une voiture pour l’amener à l’ hôpital Shuhad’a Al Aqsaa. « Tandis que je le portais, je me suis rendu compte qu’Ahmad était mort » raconte le papa. La tête d’Ahmad était en partie rompue ; une partie de son cerveau était sur le sol et son dos était constellé d’éclats. « Je suis resté sur le seuil, essayant de comprendre ce qui s’était passé, voulant une voiture pour conduire mon fils à l’hôpital. Je suis un médecin moi-même, mais je ne pouvais plus rien faire pour lui » poursuit le père. « Quand j’ai quitté ma maison, j’ai compris que le siège de la Défense Civile avait été complètement détruit. »
« La scène dans l’hôpital était terrible lorsque je suis arrivé. Il y avait là des dizaiens de jeunes gens tués et blessés sur le sol ». Ahmad a été porté au département des urgences et bien qu’il donnait toujours de légers signes de vie, après un moment il est mort. À ce moment, le silence s’est abattu sur le père ; il n’avait plus de mots. Le sang était partout, et en particulier la vue des enfants si petits qui sont toujours le symbole de l’innocence.
- Ahmad... Quelques jours avant sa mort.
« Je me demandais ce que Ahmad et les autres enfants pouvaient avoir fait pour être tués lors de cette agression israélienne. Ils ne rêvaient que de vivre tranquilles et comme n’importe quel autre enfant dans le monde », dit encore le papa.
Alors qu’il était assis sur une chaise et pensait à ce qui était arrivé, le papa d’Ahmad était en même temps traversé de pensées au sujet de sa famille qui vivait près du bâtiment de la Défense Civile pris pour cible. Et quand il est plus tard rentré à la maison, il a constaté la complète destruction du bâtiment en question. Comme il arrivait à sa maison il a été bouleversé en découvrant que la plupart des membres de la famille avaient été blessés dans l’attaque. Aussi le père a-t-il décidé de retourner à l’hôpital pour avoir de leurs nouvelles. Il a découvert alors que Mohamed, le frère le plus âgé qui était juste arrivé à la maison au moment de l’attaque, avait été également blessé et à la tête.
l’histoire d’Ahmad, racontée en quelques phrases par son père
« Ahmad était un adorable petit garçon âgé de cinq ans. Nous n’oublierons jamais ses sourires. Il était le plus jeune frère et il était si intelligent. N’importe qui voyant Ahmad l’aimait immédiatement. C’était un petit garçon très actif. Ses jeux préférés étaient le football, se servir de l’ordinateur et prendre soin des oiseaux. Il a laissé un grand vide dans notre maison, il était le garçon le plus aimé dans notre famille. Sa soeur Mariam n’oubliera jamais Ahmad ni les derniers moments avec lui avant qu’il n’ait été tué. Elle a dit qu’elle restera à attendre son frère... Attendre... Et attendre... Et attendre... Attendre du monde qu’il réponde !!! »
Quel était la faute commise par ces petits garçons qui fasse qu’ils soient tués ? Tout ce dont ils avaient besoin était de grandir en sécurité et heureux.
« Nous ne voulons pas nous battre, ni avoir des armes ni toutes ces choses pour tuer » étaient les mots utilisés par Ahmad avant qu’il n’ait été assassiné.
* Ayman T. Quader vit dans la bande de Gaza. Il peut être joint à ayman.quader@gmail.com
Adresse de son blog : http://peaceforgaza.blogspot.com/20...
Du même auteur :
Lorsque tout fait défaut - 22 mars 2009
Pluie noire sur Gaza - 14 mars 2009
28 mars 2009 - Communiqué par l’auteur
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach