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Poursuite des affrontements à Saint Jean d’Acre

mardi 14 octobre 2008 - 06h:15

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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« On ne conduit pas le jour du Yom Kippour. Sinon on court le risque d’être lapidé », a averti mercredi Claude, propriétaire d’une maison rurale à Ein Hod, un petit village du nord d’Israël, près de Haïfa.

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Maison d’une famille arabe israélienne incendiée par les émeutiers juifs israéliens à Acre - Photo : Reuters

Cette nuit-là, les Juifs commençaient la journée de l’expiation des péchés : 25 heures de jeûne total et de prière.

Le silence a pris possession de l’environnement, rompu uniquement par les cyclistes et les enfants qui envahissent les rues, les routes et les autoroutes sont désertées par les voitures dans tout Israël. Près d’Acre, un voisin palestinien a décidé de prendre le volant une fois commencée la fête par excellence du calendrier juif. Il devait aller chercher sa fille dans un quartier de la ville.

Il était autour de minuit, le mercredi, et une horde de jeunes Juifs a décidé de venger l’affront. Ils ont poursuivi et agressé le musulman, qui a réussi à s’échapper de justesse. Dans cette ville à population mixte, là où Juifs et Palestiniens vivent ensemble, on a appris l’incident immédiatement. Des centaines de jeunes des deux confessions se sont affrontées à coups de pierres.

Et la révolte s’est propagée. Cette fois, il n’est pas question d’affrontements entre les arabes et la police. Il s’agit d’un affrontement entre des civils, une preuve que la cohabitation ne marche pas. Quatre jours d’émeutes qui éclatent au coucher du soleil. Des dizaines de voitures et de magasins ont été saccagés. Une douzaine de maisons arabes, incendiées. Il y a eu des douzaines d’arrestations. Le Festival de théâtre d’Acre, la plus grande manifestation culturelle annuelle et source vitale de revenus pour les commerçants, a été annulée. Le déploiement de milliers de policiers n’a pas été en mesure de calmer les plus graves altercations subies dans Acre depuis de nombreuses années.

Le fanatisme des fidèles juifs les plus radicaux atteint les limites du grotesque. Les chefs du Magen David Adom (l’Étoile rouge de David) ont informé les chauffeurs d’ambulance qui ont ajouté à leur uniforme un gilet pare-balles et un casque. En fait, plusieurs de ces véhicules ont été la cible de pierres lancées jeudi par des groupes de vandales. Ils ont l’habitude. Des jeunes Israéliens forment des attroupements aux carrefours et lancent des pierres au conducteur qui a osé briser le caractère sacré de la fête.

Les palestiniens d’Acre se plaignent que pendant le Ramadan les jeunes juifs boivent de la bière dans les rues, une insulte aussi aux musulmans, et qu’eux ne se laissent pas aller à la vengeance. En outre, ils qualifient la décision du maire d’Acre, Simon Lankry, de suspendre le festival de théâtre comme « une punition délibérée » envers la population palestinienne.

La situation est très délicate. Certains Juifs appellent à un boycott des magasins palestiniens, encouragent les gens à porter des armes et à l’expulsion des voisins palestiniens. On peut entendre les cris de « Mort aux Arabes » dans leurs raids nocturnes. La police utilise des grenades sonores et des canons à eau pour contenir les émeutiers. Sans succès jusqu’à présent. Les politiques, quant à eux, parlent de la nécessité de rétablir et de renforcer la coexistence. Mais il s’agit d’une cohabitation forcée, non désirée dans la grande majorité des cas. La haine et la soif de vengeance sont à fleur de peau à la première étincelle.

Taufik Jamal, le conducteur qui est allé chercher sa fille à la maison de son fiancé, nie avoir fait délibérément du bruit. Il assure ne pas avoir voulu provoquer. Mais il n’y a aucune excuse pour les croyants juifs les plus belliqueux. Les Palestiniens d’Acre affirment que les instigateurs des émeutes sont des colons radicaux qui ont été évacués de la bande de Gaza en 2005.

En Galilée et au nord d’Israël, 53% de la population est palestinienne ou druze. Bon nombre des peuples arabes sont sous pression. Les obstacles à la construction sont difficiles à contourner et les services publics de l’Etat sont lamentables. La discrimination est flagrante. Et tout incident est de nature à déclencher une révolte. Ca a déjà été le cas en octobre 2007 à Pekiin, un village druze dont l’installation d’une antenne a causé de graves troubles.

Du même auteur :

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12 octobre 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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