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Carter : l’Europe « couchée » doit rompre avec les USA sur le blocus de Gaza

samedi 31 mai 2008 - 06h:36

J. Steele et J. Freeland - The Guardian

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La Grande Bretagne et les autres gouvernements européens devraient prendre leurs distances des Etats-Unis sur la question du blocus de Gaza, a déclaré hier au Gardian l’ancien président américain Jimmy Carter.

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L’ex-président Jimmy Carter intervenant au festival de Hay de 2008 Photo Barry Batchelor/PA

Lors d’une visite à la ville de Hay située aux frontières du pays de Galles pour se rendre au festival littéraire du Guardian, Carter a décrit la position européenne sur le conflit israélo-palestinienne comme étant « couchée », et son incapacité à critiquer le blocus israélien de Gaza comme « embarrassant ».

Dans une interview avec le Guardian, en commentant la possibilité pour l’Europe de rompre avec les États-Unis, il a déclaré : « Pourquoi pas ? Ils ne sont pas nos vassaux. Ils occupent une position égale à celle les Etats-Unis ».

Le blocus de la bande de Gaza, laquelle est sous contrôle du Hamas, a été imposé par les États-Unis, l’Union Européenne, les Nations Unies et la Russie - ce qu’on appelle le Quartet - après la victoire électorale du Hamas en 2006 ; c’est « l’un des plus grands crimes contre l’humanité sur Terre », selon carter, car il implique « l’emprisonnement de 1,6 millions de personnes, dont un million de réfugiés ». « La plupart des familles à Gaza mangent un seul repas par jour. De voir les Européens approuver cela, c’est choquant », a encore dit Carter.

Il a demandé à l’Union Européenne de reconsidérer sa position si le Hamas acceptait un cessez-le-feu à Gaza. « « Que les Européens lèvent l’embargo, et qu’ils disent qu’ils vont protéger les droits des Palestiniens à Gaza, et qu’ils envoient même des observateurs au passage de Rafah [le passage de Gaza pour l’Egypte] s’il faut garantir que les Palestiniens ne vont pas le forcer ».

Carter a récemment rencontré les dirigeants du Hamas à Damas, bien que 27 ans se soient écoulés depuis qu’il a quitté la Maison-Blanche. Il a déclaré avoir permis une avancée en convaincant l’organisation du Hamas de proposer un cessez-le-feu à Gaza et un arrêt des tirs des roquettes palestiniennes vers Israël, à condition qu’Israël cesse ses attaques aériennes et ses incursions terrestres dans le territoire.

Carter a décrit l’autocensure des gouvernements occidentaux de parler avec Hamas comme irréaliste et a déclaré que tout le monde savait qu’Israël négociait avec cette organisation via un médiateur égyptien, Omar Suleiman. C’est Suleiman qui a transmis l’offre du cessez-le-feu du Hamas à Jérusalem la semaine dernière.

Israël hésitait encore à accepter le cessez-le-feu, a confirmé Carter hier. « J’ai parlé à M. Suleiman avant-hier. J’espère que les Israéliens vont accepter », a-t-il dit.

Tout en restant scrupuleusement correct vis-à-vis du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et du premier ministre, Salam Fayyad, qui représentent le mouvement du Fatah, il a été sévère au sujet de leur exclusion du Hamas. Il a décrit le gouvernement du seul Fatah comme un « subterfuge » visant à contourner la victoire électorale du Hamas il y a deux ans. « Le principal sondeur d’opinions à Ramallah m’a dit l’autre jour que l’opinion publique en Cisjordanie était en train de changer en faveur du Hamas, parce que les gens estiment que le Fatah a capitulé devant Israël et les Etats-Unis », a-t-il encore dit.

Carter a déclaré que la politique du Quartet de ne pas discuter avec le Hamas tant qu’il n’a pas reconnu Israël et satisfait à deux autres conditions, a été concoctée par Elliot Abrams, un responsable du conseil national de sécurité à la Maison Blanche. Il a qualifié Abrams d’être un « supporter très militant en faveur d’Israël ».

L’ex-président dont le « Centre Carter pour la surveillance des élections » avait certifié la victoire électorale du Hamas comme étant libre et équitable, s’était adressé au Quartet durant 12 minutes à sa session de Londres en 2006. Il l’a invité à discuter avec le Hamas qui venait de proposer de constituer un gouvernement d’unité avec le Fatah, les perdants.

« Le document final du Quartet a été rédigé à l’avance à Washington, et pas une ligne n’a été changée », a-t-il dit.

Auparavant, Carter a déclaré à la chaîne Sky News qu’Hillary Clinton devrait abandonner son combat pour devenir le candidat démocratique à la présidence après le dernier tour des primaires au début du mois de Juin. À l’instar de nombreux super-délégués, il doit encore déclarer son soutien soit à Clinton soit à Barack Obama, mais il a suggéré que l’issue de la compétition était prévisible. « Je pense que beaucoup d’entre nous, les super-délégués, allons prendre une décision ... assez rapidement, après les dernières primaires du 3 juin », a-t-il déclaré. « Je pense qu’à ce moment-là, il sera temps pour elle d’abandonner ».

Hier soir, devant une foule importante à Hay, Carter a parlé de son « horreur » de l’implication de l’Amérique (comme d’habitude, on réduit l’Amérique aux Etats-Unis, N.d.t) dans la torture des prisonniers, en déclarant qu’il voulait que le prochain président des Etats-Unis s’engage de ne plus jamais y avoir recours.

Il a aussi insinué que George Bush pourrait même faire l’objet de poursuites sur l’accusation de crimes de guerre une fois qu’il aura quitté la Maison Blanche.

Pressé par Philippe Sands QC à propos du récent aveu de Bush selon lequel il avait autorisé des procédures d’interrogation largement considérée comme étant de la torture, Carter a répondu qu’il était sûr que Bush serait en mesure de vivre tranquillement « une vie productive - mais dans notre pays ».

Sands, un expert juridique international, a déclaré ensuite qu’il avait compris cela comme une « claire confirmation » que, si Bush ne devrait pas rencontrer des soucis dans son propre pays, « ce qui pourrait arriver à l’extérieur du pays est un tout autre sujet ».

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- Avec Jimmy Carter

Lundi 26 mai 2008 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.guardian.co.uk/world/200...
Traduction de l’anglais : Iyad


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