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Avec Jimmy Carter

mercredi 23 avril 2008 - 06h:11

Salama A. Salama - Al Ahram-hebdo

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Probablement, aucune visite effectuée par une personnalité étrangère au Moyen-Orient n’a provoqué autant de remous et de colère dans les cercles israéliens et américains.

La question qui brûle tout le monde, y compris certaines parties arabes, est : pourquoi l’ex-président américain Jimmy Carter vient-il dans la région ? Ce président à la retraite qui ne détient ni pouvoir ni influence sur le cours des événements ou sur les efforts pour la paix ? Quels sont les résultats qu’il réalisera à travers ses contacts avec le Hamas et ses leaderships si ce n’est susciter la colère d’Israël et l’exaspération de l’Administration américaine ? D’autant plus que cette dernière désire qu’aucune partie, même si c’est l’ex-président américain, ne s’exprime sur la réalité de la situation dans la région.

Il est vrai que Carter ne préside aucun courant et ne détient aucun pouvoir de prise de décision ou d’activation des lobbys d’influence. Cependant, l’homme qui a consacré sa vie et son activité depuis qu’il a quitté le siège du pouvoir au soutien de la paix, de la démocratie et de la défense des droits de l’homme a acquis une réputation internationale de personnalité caractérisée par la sagesse et l’intégrité. Il a contribué par cette réputation à intervenir pour trouver un compromis dans les litiges ou pour surveiller un nombre d’élections dans des pays récemment convertis à la démocratie. Et ceci, il l’a fait avec impartialité et justice qui sont devenues monnaie rare dans les relations internationales.

Carter est arrivé dans la région en provenance du Népal qui était le théâtre d’élections décisives destinées à transformer le régime royal en un régime constitutionnel parlementaire. Son équipe d’observateurs internationaux et lui ont pris en charge de suivre de près les élections pour garantir leur intégrité.

Lorsque Carter fait part de ses impressions, il déclare sans ambages que les Etats-Unis ont perdu leur leadership moral depuis qu’ils ont renoncé à certains principes des droits de l’homme. Et ce, depuis que l’Administration de Bush s’est autorisée à recourir aux méthodes de torture et d’emprisonnement sans procès, les considérant comme des pratiques acceptables dans la guerre contre le terrorisme. Dans son livre qu’il a publié sur l’islam dans le Moyen-Orient, il a parlé du racisme en Israël comme étant les pires violations des droits de l’homme. Plus particulièrement les tortures, l’embargo, l’humiliation et le traitement inhumain qu’endurent les Palestiniens sous le joug de la colonisation israélienne.

De ce dont il est témoin et de ce qu’il entend, Carter déduit que l’état des droits de l’homme dans le monde arabe est loin d’être satisfaisant. Pour lui, l’intérêt porté aux droits de l’homme doit avoir la priorité sur l’application de la démocratie. D’ailleurs, c’est ce qui a eu lieu en Amérique Latine, dont la plupart des pays vivaient à l’ombre de dictatures et qui se sont transformés, grâce au progrès en matière de droits de l’homme, en démocratie.

Carter appuie-t-il l’un des deux candidats démocrates aux présidentielles américaines : Hillary ou Obama ? Carter préfère ne pas s’exprimer sur le sujet, d’autant plus qu’il est l’un des super-délégués du Parti démocrate. Mais il rapporte que la presse avait compris qu’il appuyait Obama lorsqu’il a dit dans une émission télévisée que ses fils et ses petits-fils préféraient Obama.

De tous les leaders du monde qui se sont éloignés du pouvoir sans pour autant abandonner leur travail au service de l’humanité et la défense des droits des pauvres et des plus démunis, Carter est l’un des rares ayant mérité avec autant de noblesse le prix Nobel pour la paix.

Du même auteur :

- "L’impasse"
- "Palestine : l’implication arabe"
- "Morte d’avoir trop parlé ?"
- "Nucléaire : le double jeu européen"

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 23 au 29 avril 2008, numéro 711 (Opinion)


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