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Les défis pour l’Irak en 2008

samedi 5 janvier 2008 - 07h:41

Dahr Jamail - The Electronic Irak

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La fin de 2007 a donné une certaine indication sur ce que la nouvelle année pourrait probablement apporter en Irak.

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Descente des troupes américaines d’occupation dans un quartier au sud de Baghdad - Photo : AFP

144 membres du parlement irakien qui en comprend 275, soit une majorité absolue, ont signé la déclaration suivante en avril 2007 : « Nous, parlementaires irakiens signons ci-dessous la demande qu’une date soit fixée pour le retrait des forces d’occupation de notre Irak bien-aimé ».

En dépit de ce vote, l’administration de Bush et le gouvernement irakien de Nouri Al-Maliki mis en place et manipulé par les Etats-Unis, ont soumis une résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies pour que soit prolongée d’une autre année la justification légale pour que des troupes étrangères restent stationnées en Irak. Cette demande faite le 18 décembre a violé la constitution irakienne ainsi que la résolution adoptée plus tôt cette année par le Parlement irakien. Beaucoup de députés irakiens disent que tout renouvellement du mandat des Nations Unies non ratifié par le Parlement sera illégal. Cette demande [devant le Conseil de Sécurité] est quasiment la garantie d’une augmentation de la violence et d’une aggravation des tensions sectaires.

« Escamoter le parlement irakien et continuer à saper le processus politique irakien ne fera que pousser plus d’Irakiens à choisir la résistance armée au lieu de la résistance politique non-violente, » explique [à IPS] Raed Jarrar, un consultant spécialisé sur l’Irak au « Public Policy Office of the American Friends Service Committee », un groupe indépendant militant pour la paix.

« En soutenant le cabinet irakien impopulaire et non élu, les Etats-Unis ne feront qu’augmenter la violence et miner les projets des Irakiens pour mettre en place la réconciliation nationale, » dit Jarar. « La meilleure manière de soutenir la réconciliation en Irak est d’arrêter de soutenir une minorité de séparatistes irakiens contre la majorité des nationalistes irakiens. »

La politique consistant à construire des milices sunnites armées pousse déjà à la division entre sunnites et les groupes chiites, ainsi qu’avec le gouvernement à domination chiite.

« On peut seulement se demander, maintenant que les Etats-Unis ont ’libéré’ l’Irak de Saddam Hussein, qui libérera l’Irak des Etats-Unis, » s’est interrogé Jarrar dans un article récent.

Un des aspects les plus préoccupants de ce que 2008 peut apporter reste la crise massive des réfugiés irakiens. Malgré le fait que ces dernières semaines des dizaines de milliers de réfugiés irakiens en Syrie soient revenus à Bagdad après une diminution de la violence dans la capitale, le nombre reste encore faible face au nombre total de réfugiés.

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), en décembre 2007, 2,4 millions d’Irakiens étaient intérieurement déplacés, et au moins 2.25 millions de plus avaient quitté le pays. Un fonctionnaire de la représentation des Nations Unies à Damas, parlant sous couvert de l’anonymat, avait révélé à IPS l’été dernier que les chiffres de l’UNHCR pour les réfugiés irakiens étaient « de façon générale loin au-dessous des vrais chiffres, » et ne reflétaient pas vraiment « la réalité catastrophique de la crise des réfugiés à la suite de l’occupation de l’Irak. »

Le gouvernement irakien a prétendu que 46000 réfugiés étaient rentrés en octobre. Mais un rapport de l’UNHCR publié en novembre indiquait que « seulement 14% de ceux qui sont concernés ont dit rentrer en Irak parce qu’ils pensaient que la situation sur le plan de la sécurité s’était améliorée, par opposition aux 70% qui ont donné des raisons financières ou de visa. » La majorité des 1,5 million de réfugiés irakiens que l’on estime se trouver en Syrie ou en Jordanie n’ont jamais pu travailler légalement. Avec le coût des produits de base et des loyers qui ne cessent d’augmenter, beaucoup de réfugiés ont épuisé leur épargne ne peuvent pas rester à l’étranger plus longtemps.

Beaucoup de ceux qui sont rentrés ont trouvé leurs maisons détruites, pillées, ou occupées par des étrangers.

Le gouvernement offre à chaque famille de retour un million de dinars irakiens (environ 900 dollars). « Cette quantité n’est pas suffisante pour acheter les meubles pour deux pièces, » dit Ibtissam qui est rentré pour maintenant vivre dans la maison de son frère. Le gouvernement irakien fait de la publicité à la télévision d’état pour des offres de billets gratuits d’autobus de Damas à Bagdad. Ceci en dépit de la reconnaissance officielle que le pays n’est pas sûr et qu’il n’est pas en mesure d’absorber un grand nombre de réfugiés qui souhaiteraient revenir.

Une autre crise qui parait devoir détériorer la situation en 2008 est celle provoquée par les assauts militaires turcs dans le nord du Kurdistan. Les tirs d’artillerie et les attaques aériennes prenant pour cible le Parti Ouvrier du Kurdistan [PKK] ont poussé plus de 4000 personnes à se sauver de leurs maisons durant les dernières semaines de 2007.

Et tout ceci est en plus d’un contexte avec 50 à 70% de chômage en Irak, 70% d’inflation, et une moyenne de moins de sept heures d’électricité par jour. Plus de 50 milliards de dollars ont été versés aux compagnies occidentales en Irak jusqu’ici, mais l’infrastructure reste en désordre et en bien plus mauvais état que sous le régime de Saddam Hussein même après plus de 12 ans de sanctions économiques.

Mais les travaux continuent à l’ambassade des États-Unis à Bagdad, la plus grande ambassade dans le monde. Les travaux de construction se poursuivent également dans les bases militaires américaines.

En mai 2007 Tony Snow, ancien porte-parole pour le président américain George Bush, avait annoncé que Bush voulait voir la présence des États-Unis prolongée en Irak comme elle l’a été en Corée du Sud où les États-Unis ont des milliers de troupes stationnées depuis 50 ans.

« Dans le modèle coréen, les Etats-Unis fournissent une présence sécuritaire mais vous avez vu le développement d’une démocratie réussie en Corée du Sud depuis des années, et les Etats-Unis agissent là comme force de stabilisation, » a expliqué Tony Snow devant les journalistes.

* Dahr Jamail est journaliste à Inter Press Service

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2 janvier 2008 - The Electronic Iraq - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Claude Zurbach


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