Un des principaux fondateurs du rassemblement tribal « Réveil des Conseils [Awakening Councils] » soutenu par les Etats-Unis, a déclaré que son organisation était visée par les groupes soutenus par l’Iran et la Syrie.

Au moins 29 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées mardi 25 décembre en Irak dans deux attentats suicide séparés qui visaient des miliciens sunnites accusés d’être ralliés aux Américains - Photo : AFP

Abu Azam a rejeté les accusations selon lesquelles Al-Sahwa, formellement connu sous le nom de « programme d’armement des tribus » [The Tribal Arming Programme], avait pour objectif de contenir la résistance irakienne.

« Les forces régionales comme l’Iran et la Syrie prennent nos forces pour cible parce qu’elles savent que si nous apportons la stabilité en Irak, les Etats-Unis tourneraient leur attention sur elles. Et c’est la dernière chose qu’elles souhaitent, » explique Abu Azam.

Plus tôt cette semaine deux attaques contre Al-Sahwa ont tué et blessé des dizaines de personnes dans Baiji, à 80km au nord de Bagdad, et à Baquba.

Abu Azam affirme que le but principal d’Al-Sahwa est de s’opposer à la croissante influence iranienne en Irak.

« Nos forces ont imposé le calme et la stabilité dans leurs secteurs en expulsant les agents iraniens, » dit-il.

Amir Al-Musawi, un ancien conseiller au ministère iranien de la défense, a repoussé ces accusations contre son pays.

« Dans cette période l’Iran s’attend à de telles accusations. Ensuite, lorsque les bombes frapperont des zones chiites, ce sera présenté comme une vengeance d’Al-Sahwa. C’est le jeu des Etats-Unis. Pour leurs propres intérêts ils ne veulent pas de stabilité en Irak, » ajoute-t-il.

Lutte d’influence

Les unités d’Al-Sahwa sont apparues en première ligne à la fin de 2005 après avoir été mises en place par les tribus locales pour combattre les membres supposés d’Al-Qaeda et les groupes affiliés, et s’affronter à eux pour le contrôle de l’ouest et du nord de Irak.

Après une série de campagnes réussies, Al-Sahwa a pris le contrôle de Ramadi, la capitale de la province d’Al-Anbar à l’ouest de l’Irak, les responsables militaires américains et les chefs de tribus entrant dans des négociations sur le financement, la formation et l’armement des milices.

Aujourd’hui, chaque membre des milices Al-Sahwa perçoit un salaire mensuel de 300 dollars.

Il y a des divisions parmi les chefs sunnites concernant les milices et les craintes qu’elles puissent former le noyau d’une armée sunnite à part qui pourrait perpétuer la division territoriale du pays.

Les critiques s’appuient sur les commentaires faits par les chefs chiites qui veulent une région séparée dans le sud du pays et les objectifs des chefs kurdes de disposer d’une région autonome dans le nord.

Fadil Al-Rubei, un historien irakien, estime qu’Al-Sahwa pourrait être l’armée de fait de la région sunnite prévue au centre de l’Irak, étant donné le fait que la majorité de l’armée et de la police irakiennes sont chiites et que les Kurdes disposent de leurs propres forces de Peshmergas.

Al-Rubei explique : « Je crois que les occupants américains ont entamé la troisième phase de leur stratégie en Irak. La première était de monter une communauté contre l’autre en plaçant les partis religieux chiites au pouvoir aux dépens des Sunnites et d’autres [groupes]. »

« La seconde phase est d’assister le groupe perdant [les Sunnites], de gêner le gagnant d’hier [les Chiites] et de semer la discorde parmi les diférentes sectes. Ceci a été prouvé par de substantielles modifications à la loi "dé-baathification" et à la réembauche de beaucoup d’anciens fonctionnaires [du Baath] de second niveau. »

« La troisième phase est de renforcer la tribu contre la secte. La création de la milice tribale a renforcé les Sunnites. Le Parti Islamique Irakien de Tariq Al-Hashimi, le vice-président sunnite, appuie les milices, alors que l’Association des Disciples Musulmans [Association of Muslim scholars], la plus haute autorité sunnite en Irak, est opposée à elles. »

Mais Abu Azam écarte les craintes sur une possible dislocation de l’Irak.

Il déclare : « Nous ne pensons pas que les partis politiques chiites et soutenus par l’Iran veulent démembrer l’Irak. Il n’est pas dans leur intérêt de voir le pays disloqué. »

« La rupture de l’Irak aurait de sérieuses implications sur la sécurité nationale de l’Iran. Si une région arabe chiite est créée, elle renforcerait les Arabes dans la région d’Al-Ahwaz en l’Iran, lesquels ont lutté pour leur indépendance pendant des décennies. »

« Dans le nord, les liens entre les Kurdes irakiens et iraniens n’est un secret pour personne ; nous ne pensons pas que l’Iran tolérerait une entité kurde qui soit forte. »

Divergences entre Sunnites

Les partis politiques sunnites, y compris Al-Tawafuq (le Front Uni Irakien) - le plus grand bloc arabe sunnite au parlement avec 44 des 275 sièges - soutiennent les milices d’Al-Sahwa mais avec des réserves.

Dhafir al-Ani, député d’Al-Tawafuq, explique : « Nous appuyons ces forces parce qu’elles contribuent à un certain équilibre sur la scène politique irakienne, qui a été monopolisée d’une façon ou d’une autre par un nombre limité d’acteurs appartenant à une seule idéologie. »

« Cependant, nous avons des craintes que la question d’Al-Sahwa puisse dégénérer en désaccord entre Sunnites, car quelques partis importants et des autorités sunnites ont de sérieuses réserves quant à son rôle. »

Beaucoup se méfient d’Al-Sahwa en raison de ses liens avec les Etats-Unis. Les milices ont été accusées d’affaiblir la résistance irakienne en prenant pour cible et en arrêtant ses combattants.

Mais Abu Azam affirme qu’il n’y a aucune dissension entre Al-Sahwa et les groupes de la résistance [irakienne].
« Je voudrais souligner qu’Al-Sahwa n’est pas une organisation des Etats-Unis comme certains voudraient la décrire. Beaucoup de groupes de la résistance ont rejoint Al-Sahwa et ils agissent pour imposer la loi, la loi irakienne, pas celle de n’importe qui. »

« J’ai mené pendant un an de dures négociations avec les Américains pour les convaincre du projet d’Al-Sahwa. Ils en avaient toujours rejeté l’idée. Ils préféraient mettre la pression sur le gouvernement irakien pour que soient intégrés plus de Sunnites dans l’armée et dans la police. »

Khalid Al-Maeini, un chercheur important au centre irakien pour les études stratégiques en Jordanie, dit de son côté : « L’année 2008 verra parmi les Irakiens de profondes dissensions qui affaibliront le gouvernement central, [créant] l’environnement idéal pour une dislocation du pays ou alors l’établissement de régions semi-indépendantes. »

Les « Sunnites sont déjà renforcés par Al-Sahwa et l’alliance chiite vivra des divisions mortelles au sujet du partage les milliards de dollars venant des pèlerins chiites allant sur les tombeaux de Najaf et Karbala comme chaque année, sans parler de l’accaparement des richesses et du pouvoir à Bassora. »

Sur le même thème :

 La résistance irakienne exhibe de nouvelles armes
 La résistance irakienne vue de l’intérieur
 La résistance irakienne se donne un parti politique
 Un nouveau Front des organisations armées se constitue en Irak

26 décembre 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : Alverny - Info-Palestine.net]