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Un nouveau Front des organisations armées se constitue en Irak

mercredi 3 octobre 2007 - 10h:20

Ahmed Janabi - Al Jazeera.net

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La formation d’alliances politiques et militaires sera un encouragement pour les groupes armés opposés à la présence américaine en Irak

Plusieurs groupes armés d’inspiration nationaliste ou islamiste ont formé une alliance en Irak pour se préparer à une lutte pour le pouvoir après le retrait des militaires américains et l’effondrement du gouvernement irakien qui s’ensuivrait.

En juillet dernier, les groupes comprenant l’Armée Islamique, l’Armée des Mujahidins, les Défenseurs des Sunnites, et le Groupe Salafiste pour l’Action et le Combat, se sont réunis afin de former un Mouvement pour la Réforme et le Jihad.

Cette initiative a été suivie en septembre par la création du Front pour le Changement et la Réforme, composé de huit groupes, dont les Brigades de Révolution de 1920 et les Brigades Mohammed al-Fatih [conquérant de Constantinople en 1453 de l’ère chrétienne]. Les derniers groupes incluent les principaux responsables de l’ancienne armée irakienne et de la garde républicaine, le corps d’élite de l’armée de Saddam Hussein.

Fadil al-Rubaie, un membre de l’Alliance Nationale, un mouvement irakien d’opposition en exil, estime que l’unification des « groupes de la résistance » en Irak représente un tournant après les précédents refus par les groupes islamistes de fusionner avec les groupes nationalistes.

Les « groupes de résistance se sont préparés à cette étape où le regroupement des principales organisations sera nécessaire pour empêcher une guerre potentielle entre beaucoup de petits groupes, » explique-t-il.

Le gouvernement pour cible

Abu Anas, un membre du bureau politique du Hamas en Irak, un groupe armé opposé à la présence des Etats-Unis, a déclaré à Al Jazeera que les groupes armés irakiens pensent qu’ un retrait américain est imminent.

Anas ajoute : « Nous guettons la chute du gouvernement de Nuri Al-Maliki et le retrait des Etats-Unis. Nous savons que cela va se produire, mais je ne peux prévoir quand ni comment.

« Nous ne reconnaissons pas le processus politique en Irak et nous le considérons comme illégal tant que les troupes étrangères sont sur le sol national irakien. Nous croyons que la plupart des Irakiens considèrent ces troupes comme des troupes d’occupation et veulent les voir hors d’Irak. »

Ces six derniers mois, le premier ministre Nuri Al-Maliki a vu ses appuis diminuer tandis que des partis sunnites et chiites continuent à retirer leurs membres du cabinet ministériel et du parlement.

Al-Rubaie indique que les nouvelles alliances sont une préparation pour remplir un vide de pouvoir que le gouvernement n’a pas pu combler.

« Je pense qu’ils ont suivi de près le gouvernement de Maliki. Ils savent que la position du gouvernement n’est pas solide et qu’il est en train de perdre sa majorité parlementaire. Ils se préparent à une sorte de plan d’action combiné sur les plans politique et militaire qui leur donnerait du poids à la table des négociations. »

Processus politique important

Mais Ali al-Awsi, président du Centre d’Etude de l’Irak du Sud et qui est proche de l’Alliance Chiite Unifiée Irakienne acuellement dominante, conteste les prévisions d’un effondrement du gouvernement de Maliki et insiste sur l’efficacité du processus politique en Irak.

« Je ne pense pas que le gouvernement de Maliki va tomber, il dispose de la majorité au parlement et l’Irak est maintenant un pays démocratique, » dit-il.

« Nous savons que des groupes armés sunnites et des hommes politiques sont en contact avec les américains, mais ceci devrait être également mis au crédit au gouvernement de Maliki, parce que ces contacts n’auraient pas été possibles sans les progrès réalisés dans le domaine de la sécurité par le gouvernement.

« Nous voulons tous que l’armée des Etats-Unis soit hors d’Irak, mais ce devrait être fait en coordination avec le gouvernement irakien. »

Abu Anas, cependant, nie tout contacts avec les militaires des Etats-Unis en Irak.

« Nous n’avons eu aucun contact avec les forces américaines, et aussi loin que je sache, tous les groupes de la résistance irakienne ont démenti les informations diffusées par les médias occidentaux et favorables au gouvernement irakien. »

« Le gouvernement parle de progrès dans le domaine de la sécurité ; mais en réalité nous devrions demander qui a créé cette insécurité ? Étaient-ce les milices des groupes au pouvoir ? Et si ces groupes sont maintenant sous pression et commencent à limiter [les exactions] de leurs milices, faut-il leur accorder du crédit pour cela ? »

Stratégies convergentes

En attendant, les analystes militaires croient que la formation d’alliances politiques et militaires sera un encouragement pour les groupes armés opposés à la présence américaine en Irak.

Munthir Suleiman, un analyste militaire et directeur du journal ?al-Mustaqbal al-Arabi’ [le futur arabe] à Washington, a déclaré à Al Jazeera : « D’un point de vue militaire, mettre en place de plus grands groupes signifie un plus grand nombre de combattants, une meilleure logistique, et plus d’armes. »

Il estime aussi qu’avec une logistique mieux partagée, les groupes armés pourrait modifier leurs stratégies, attaquant des installations permanentes plutôt que de petites cibles mobiles comme des convois et véhicules blindés.

Il déclare encore : « Avec les ressources maintenant disponibles, ces fronts pourraient probablement projeter de prendre le contrôle de villes et villages qu’ils transformeraient en bases, particulièrement si le sentiment général dans ces villes et ces villages serait en leur faveur. »

Lassitude de la population

Ces discussions sur des fronts des alliances politiques semblent cependant être de peu de poids face aux Irakiens qui continuent en masse à quitter leur pays.

Les causes de leur départ sont le manque de sécurité, d’eau potable, d’électricité, et l’absence d’infrastructures.

Selon Amnesty International, l’Irak souffre d’une crise de déplacement de sa population avec la croissance la plus rapide dans le monde, 4,2 millions de personnes étant déplacées à l’intérieur du pays, et plus de 2 millions à l’extérieur.

Mais pour Badriya al-Amiri, une irakienne femme au foyer âgée de 39 ans, le retard dans la rentrée des écoles a été un signe supplémentaire que le pays allait de plus en plus mal.
Selon elle, « les classes ont été ouvertes seulement aujourd’hui, avec plusieurs semaines de retard, tout cela parce que notre pays n’est pas sûr. Je n’enverrai pas ma fille qui n’a que 7 ans à l’école, c’est trop dangereux ; j’enverrai seulement ses deux frères plus âgés. »
Elle ne croit plus en aucun dialogue pour une réconciliation politique.

« Nous espérons que Dieu prendra soin de nous, » nous dit-elle.

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1° octobre 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : IAO - Info-Palestine.net]


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