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Défendre la vérité : le débat sur la Palestine et Israël

mercredi 31 octobre 2007 - 06h:06

Ramzy Baroud

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La dernière fois j’ai pris publiquement la parole aux Etats-Unis avant ma dernière tournée, c’était il y a presque quatre ans. J’ai depuis parcouru le monde, exposant mon message dans presque 20 pays. Partout où je suis allé, mes appels pour la justice pour les Palestiniens et pour trouver des solutions générales au racisme et à la guerre ont été bien perçus. Cependant, mes dernières interventions aux Etats-Unis m’ont fait me rendre compte que la chasse aux sourcières contre les intellectuels qui s’était rapidement développée à partir du 11 septembre 2001 était tout sauf en train de diminuer.

Sans aucun doute, les USA ont longtemps servi de principal lieu pour la liberté intellectuelle d’où sont issues des idées novatrices qui se sont developpées dans le monde entier. Et en dépit des incessantes tentatives de nier cette réalité historique, la plupart des Américains restent toujours liés aux principes fondateurs de leur pays. C’est cet engagement qui oblige ceux qui sont intéressés à étouffer les points de vue qui dérangent à recourir à la pire mauvaise foi, aux demi-vérités et aux fabrications de toutes pièces.

Norfolk, en Virginie, a été la première étape de ma tournée pour mon dernier livre, la deuxième Intifada palestinienne. Une communauté pacifiste dynamique et énormément influente co-existe avec quatorze bases militaires dans la ville. Pouvoir me retrouver parmi eux et partager mes vues sur la paix et la justice avec ces militants était une expérience vraiment encourageante pour moi.

À l’université Virginia Wesleyan, je suis intervenu sur une multitude de sujets, dont la Palestine, l’Irak, le Venezuela et le Nicaragua. J’essaie de donner une perspective trans-culturelle de façon à aider ceux qui m’écoutent à évaluer les relations entre différentes questions au delà des limitations géopolitiques, des prétentions nationales et des ethnocentrismes.

Sur la Palestine, j’ai prêché la coexistence sans prescrire aucune recette facile. Au lieu de cela, j’ai mis le doigt sur les nécessaires notions de base. Pour mettre en place la coexistence la justice est obligatoire, et pour réaliser la justice, Israël doit reconnaître ses injustices historiques envers les Palestiniens et s’engager à les réparer. On ne peut pas s’attendre à ce que la Palestine d’une seule main puisse obtenir la paix d’un gouvernement israélien belliciste qui a fait de son mieux pour la détruire.

J’ai discuté des attaques-suicides dans un contexte qui habituellement fait défaut au discours traditionnel, essayant de mettre en évidence que de tels actes honteux ne sont pas un choix de style de vie. Il faut être assez courageux pour examiner les origines de la violence afin de l’éliminer ; pour que la violence palestinienne cesse, la violence israélienne et l’occupation illégale qui sont beaucoup plus coûteuses, systématiques et mises en ?uvre au niveau étatique doivent également cesser. Il ne faut pas s’attendre à ce que la souffrance des Palestinien disparaissent comme par magie pour la sécurité d’Israël.

Baser la sécurité d’une nation sur l’oppression d’une autre n’est rien moins qu’illégal, irrationnel et inhumain.
Dans ma présentation, j’ai félicité les Palestiniens pour leur courage dans la vie jusqu’à appliquer les contraintes de la démocratie, et j’ai condamné ceux qui ont voulu la fin de l’expérience démocratique palestinienne pourtant prometteuse et qui aurait pu servir de modèle démocratique dans la région entière. Les Palestiniens ne devraient pas être soumis à la famine et une guerre civile ne devrait pas avoir été provoquée pour punir les Palestiniens d’avoir élu un gouvernement qui revendique le respect des droits de son peuple.

J’ai contesté que les idées islamiques du Hamas étaient la vraie raison à l’origine de la réplique violente américano-israélienne, et que l’« extrémisme » et la « modération » ne sont pas des catégories définies à partir d’idéaux libéraux mais étaient employés pour distinguer ceux qui sont disposés à servir le clientélisme de ceux qui font d’autres choix. J’ai essayé d’imaginer un futur où les Palestiniens et les Israéliens pourraient oeuvrer ensemble pour échapper au sombre abîme creusé par Israël et les gouvernements des Etats-Unis, soumettant un tel futur à une condition, c’est qu’il ne peut pas être garanti avec le mot « paix » prononcé du bout des lèvres ; il exige une vaie justice et une vraie égalité.

Apparemment mes mots n’ont pas impressionné le rabbin local Israël Zoberman et ses camarades. Ils ont assisté à mon intervention après qu’un journal juif local ait pointé l’événement en première page : « un journaliste pro-Palestinien vient s’exprimer à Virginia Wesleyan ». Ils sont venus armés et prêt à s’attaquer à mon intégrité physique avant même de m’avoir écouté. L’un après l’autre, ils ont biaisé les questions ; l’un a prétendu qu’en 1880 il y avait en Palestine plus de juifs que de chrétiens et de musulmans. Comment répondre à un tel mensonge ? D’autres ont prétendu qu’Israël n’a jamais « éthniquement nettoyé » un Palestinien. Pas un seul ? Un autre a prétendu que contexualiser les attentats-suicides, quelles que soient la pureté des mes intentions, revient à justifie le terrorisme terrifiant du 11 septembre.

Cette accusation était de loin la plus biaisée. Zoberman lui-même m’a accusé d’être un « sympathisant du Hamas », et puisque le Hamas est sur la liste des groupes terroristes du département d’état américain. Parfait ! Vous pouvez faire la relation.

Fâché du fait que j’ai refusé un compromis sur une présentation suivante, Zoberman a entamé une campagne de lettres et d’appels téléphoniques à l’université et au journal local, présentant mon message comme « empoisonné ». Il a également condamné l’université pour avoir accueilli mon intervention et a exigé un changement de position. La campagne de la diffamation n’est toujours pas terminée.

Bien que ce ne soit pas ma première expérience d’un tel vacarme injuste et malhonnête, les dernières années ont vu une augmentation des tentatives de la part des sionistes de limiter toute libre discussion sur le Moyen-Orient dans ce pays, même vis-à-vis de figures connues et d’intellectuels comme Jimmy Carter, le respecté Desmond Tutu, Norman Finkelstein, John Mearsheimer et Stephen Walt. En bref, n’importe qui osant questionner la politique au Moyen-Orient du gouvernement des Etats-Unis ou simplement reconnaître les droits des Palestiniens est un victime désignée pour des attaques insensées et (souvent) des accusations d’anti-sémitisme. Heureusement, pour cette fois, j’ai pu éviter la dernière.

La vérité est que, plus la campagne d’intimidation est forte, plus déterminés sont un grand nombre d’intellectuels américains à dévoiler le rôle destructif qu’Israël a joué en pilotant la politique étrangère des Etats-Unis. Ce que les sionistes souhaitent dissimuler aux Etats-Unis est le fait qu’une partie des défenseurs les plus engagés des droits des Palestiniens sont eux-mêmes juifs, et ceci simplement parce que la question de la justice et de la paix ne dépend pas d’identités ethniques ou religieuses.

L’intimidation peut briser la volonté du faible, mais l’esprit humain est trop fort pour être brisé par le bruit et les torsions de bras. La vérité parviendra toujours à trouver sa voie vers le peuple ; en fait, à bien des égards, elle l’a déjà trouvée.

(*) Ramzy Baroud est l’auteur de « The Second palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com »

Site Internet :
www.ramzybaroud.net

Du même auteur :

- Pourquoi la Birmanie n’est pas l’Irak
- Liban - Syrie : la politique d’assassinats
- Mourir sans avoir été vaincu
- Surmonter le racisme

19 octobre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/867...
Traduction : Claude Zurbach


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