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Un double standard s’applique au droit à l’éducation

jeudi 20 septembre 2007 - 07h:33

George Bisharat - AMIN

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Deux cents mille enfants palestiniens ont repris l’école dans la bande de Gaza ce mois-ci sans disposer de tous leurs manuels scolaires.

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En raison de l’interdiction imposée par Israël sur les livraisons de papier à Gaza, quelques 200 000 enfants démarreront la nouvelle année scolaire, le 1er septembre, sans les livres dont ils ont besoin, selon l’UNRWA - Photo : Naela Khalil/IRIN

Pourquoi ? Parce qu’Israël, qui même après en avoir retiré ses colons en 2005 maintient sa domination sur cette petite bande de terre le long de le Méditerranée, considère le papier, l’encre et le matériel reliure à comme ne faisant pas partie « des besoins humanitaires de base. »

Dans sa tentative d’étranglement du gouvernement démocratiquement élu du Hamas, Israël n’autorise généralement à entrer dans Gaza que la nourriture, les médicaments et le carburant et ne permet pratiquement aucune exportation palestinienne. Récemment, Israël a bloqué la livraison des équipements requis pour imprimer des manuels.

Suite à cela, les élèves de Gaza ont commencé l’année alors que le tiers de leurs manuels fait défaut.
Aucune annonce en pleine page dans les principaux journaux américains n’a fait de publicité sur ces violations par Israël du droit des enfants palestiniens à l’éducation.

Aucun rédacteur, aucun chroniqueur ou président d’une grande université dans ce pays n’a dénoncé cette mesure si injuste. Nos politiciens n’ont exigé aucune action en réparation. Au lieu de cela, ils continuent verbalement et matériellement à soutenir Israël dans son blocus quasi complet de 1,5 millions de Palestiniens.

Le mépris par Israël du droit des étudiants palestiniens à l’éducation - la clef d’entrée pour touts les possibilités dans la vie - a rarement soulevé une protestation officielle de la part des dirigeants américains. L’armée israélienne avait déjà bouclé les universités palestiniennes pendant des années. Les autorités militaires israéliennes ont empêché les étudiants en médecine palestiniens de se déplacer de Gaza à la Cisjordanie pour obtenir une formation clinique essentielle.

Des centaines de points de contrôle et barrages de route israéliens peuvent transformer en cauchemar un déplacement habituel vers une école de proximité. Le tirs israélies ont même tué des écoliers palestiniens alors qu’ils étaient assis dans leur salle de classe. Aucun de ces crimes n’a mérité une résolution du Congrès, encore moins des efforts plus sérieux pour tempérer le comportement israélien tel que des sanctions imposées au niveau étatique.

En réponse à cette politique de double standard — une totale indulgence à l’égard d’Israël d’une part, et l’indifférence face aux violations des droits des Palestiniens d’autre part - un mouvement a vu le jour pour un boycott citoyen d’Israël. Des églises, des syndicats et des associations professionnelles aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et en Afrique du Sud ont avancé une séries de mesures non-violentes avec pour objectif de contraindre Israël à se conformer au droit international.

Les églises presbytériennes américaines ont étudié la possibilité de priver de fonds ecclésiastiques les sociétés qui profitent de l’occupation des terres palestiniennes. Unison, le syndicat des travailleurs du public au Royaume-Uni qui regroupe 1,3 million de fonctionnaires a voté en juin dernier en faveur d’un boycott des produits israéliens. En mai, un syndicat britannique de professeurs a ouvert un débat devant durer toute l’année sur le boycott possible des établissements universitaires israéliens.

Cette dernière initiative a provoqué une protestation particulièrement indignée de la part des défenseurs d’Israël aux Etats-Unis qui y voeint une offense contre la « liberté universitaire. » Pourtant beaucoup d’établissements universitaires israéliens soit profitent des actions gouvernementales qui violent les droits des Palestiniens, soit y participent.

L’université de Tel Aviv est en partie établie sur des terres appartenant à Cheik Muwannis, un village palestinien dont les habitants ont été expulsés par les milices juives ou se sont sauvés par peur en mars 1948. A ceux-ci comme aux autres réfugiés palestiniens a été nié le droit de retourner dans leurs maisons ou de recevoir une compensation pour le vol de leurs propriétés.
L’université hébraïque à Jérusalem exploite plus de 800 acres de terre illégalement expropriées après la guerre de 1967 et appartenant à des propriétaires privés palestiniens vivant en Cisjordanie. L’université Bar-Ilan a établi une antenne dans une colonie juive en Cisjordanie.

Le boycott en question viserait les établissements israéliens, et non pas les individus. Par conséquent la recherche formelle et d’autres accords avec les universités israéliennes seraient suspendus, mais les invitations de professeurs israéliens afin qu’ils participent à des conférences ou publient dans des journaux étrangers continueraient.

Il est néanmoins probable que le boycott puisse imposer des limitations à la liberté dont bénéficient quelques universitaires israéliens. Est-ce juste ?

Les boycotts sont toujours des outils quelque peu émoussés, et ils imposent inévitablement des coûts à certains qui ne le mériteraient pas. C’était le cas du boycott vis-à-vis de la ségrégation en Afrique du Sud, qui s’est appliqué à tous les universitaires - aussi bien que les athlètes, les hommes d’affaires, les artistes et d’autres. Lorsque la communauté internationale a pesé le coût de la liberté des universitaires face à l’avancement de la justice et de l’égalité des droits pour les Africains du sud noirs, le choix était limpide.

Deux cents mille écoliers palestiniens se demandent comment le monde répondra face à un choix semblable aujourd’hui.

George Bisharat vit à San Francisco. Il est expert en droit pénal et en affaires juridique et politiques du Moyen-Orient. Il a vécu, étudié et voyagé dans l’ensemble du Moyen-Orient, notamment en Cisjordanie occupée, et en Afrique du Nord. Il dirige le centre de pratique criminelle à San Francisco et enseigne la procédure pénale. Il peut être joint à l’adresse : bisharat@uchastings.edu

Du même auteur :

- Boycott : cibler Israël
- Le mirage de la solution à deux Etats

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- Le blocus israélien pénalise les écoles de Gaza
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- Les professeurs des universités britanniques votent le boycott des universités israéliennes
- A propos du boycott universitaire d’Israël

17 septembre 2007 - www.amin.org - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.amin.org/look/amin/en.tp...
Traduction : Claude Zurbach


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