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Pas en notre nom - Moscou ne fera pas la guerre à l’Occident mais lui fera payer cher sa décision

jeudi 29 août 2013 - 08h:47

M. Saadoune - K. Habib - Le Quotidien d’Oran

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La machine de guerre - et de mensonges - des Occidentaux est en marche...

Pas en notre nom !

par M.Saadoune

Les médias occidentaux et arabes pavent le terrain à l’intervention militaire occidentale contre la Syrie. Le bellicisme affiché ne fait même pas semblant d’attendre le résultat de l’enquête menée sur le terrain par les experts de l’Onu pour déterminer la nature des armes chimiques utilisées et qui en a fait usage. Les Russes continuent de s’opposer avec une grande vigueur verbale au bellicisme occidental mais ils ont fait savoir qu’ils ne mèneront de « guerre » contre personne. Ce n’est pas un feu vert, même si la presse du Golfe le suggère.

Devant la décision annoncée des Occidentaux de frapper la Syrie, Moscou n’a pas une grande marge de manœuvre. Aider le gouvernement syrien est une option, faire la guerre à sa place n’est pas à l’ordre du jour. Mais il est clair que pour Moscou, ce sera, une fois de plus, la preuve que les lois internationales ne comptent pas pour les Occidentaux. Ou alors ils les interprètent à leur guise. La machine de guerre - et de mensonges - des Occidentaux est en marche. Elle ne s’embarrasse pas en effet de la légalité qui est un souci secondaire, pas plus que de celui d’établir la vérité des faits. Cela fait longtemps que le discours impérial énonce la règle que la vérité est ce qu’il décide. On est dans le déjà-vu. Les services de renseignement américains auraient entendu des conversations entre le ministère de la Défense « en panique » et le « chef de l’unité des armes chimiques » après l’attaque présumée. On ajoute le mot panique pour faire « vrai » mais l’armée syrienne serait la seule au monde à parler « en clair » en pleine guerre.

Il ne manque plus, écrit un confrère sur Facebook, « qu’à appeler Colin Powel avec sa fiole, et dire merci à la presse embedded ». Pourquoi en effet changer de scénario qui marche ? Dans dix ans, ceux qui auront mené la guerre ne seront plus là et la presse occidentale pourra, comme elle le fait aujourd’hui pour l’Irak, concéder que c’était des mensonges. Aujourd’hui, exprimer quelques doutes sur la véracité d’accusations fondées sur des « infos » des services de renseignement appuyées par un matraquage médiatique massif serait le signe qu’on défend Bachar. Même Haytham Manna, opposant au long cours et responsable à l’étranger du Comité de coordination nationale pour le changement démocratique, en est accusé car lui ne voit dans l’affaire des attaques chimiques qu’un « coup monté ».

Mais le pire pour nous, en tant que citoyens algériens, est de voir la Ligue arabe dont notre pays est membre servir d’alibi, de faire-valoir et même de pousse-au-crime en Syrie. Ce n’est pas la première fois. Cette ligue est totalement tombée entre les mains des monarchies du Golfe, elle n’exprime plus que les seuls intérêts des monarques du Golfe. Certes, l’Algérie a exprimé des « réserves » sur la résolution de la Ligue arabe qui soutient ouvertement l’intervention militaire occidentale et qui accuse, sans attendre les résultats de l’enquête, le régime syrien. Mais ces « réserves » ne suffisent plus. Il faudra que l’Algérie - et d’autres pays sont dans ce cas - clarifie les choses et dise si cette ligue exprime le point de vue de tous les Etats ou celui des rois et émirs du Golfe seulement.

Pour l’opinion algérienne, au-delà des clivages idéologiques, cette ligue ne les représente pas. Ils n’acceptent pas qu’elle parle en leur nom et au nom de leur Etat. Ce n’est plus une ligue des Etats arabes, c’est un instrument aux mains de l’Arabie Saoudite et du Qatar mis au service des intérêts extérieurs. Il faudra bien se décider un jour à en tirer les conséquences. Le plus tôt serait le mieux.

Éditorial


Moscou ne fera pas la guerre à l’Occident mais lui fera payer cher sa décision

Au Conseil de sécurité de l’ONU saisi hier soir d’un projet britannique de résolution sur la Syrie « imputant » au régime de Bachar El-Assad la « responsabilité » de l’attaque supposée aux armes chimiques qui a eu lieu la semaine dernière dans un lieu proche de Damas et « autorisant » une intervention militaire internationale contre lui, le représentant russe mettra très certainement le veto de son pays à son adoption.

La position russe qui sera probablement partagée par le représentant de la Chine, ne stoppera pas l’engrenage que les Occidentaux ont enclenché et qui va se conclure par des frappes militaires en Syrie. Moscou ne veut nullement octroyer la couverture onusienne à une opération à laquelle elle s’est déclarée opposée depuis le début du conflit syrien. Elle s’y résoudra encore moins en ayant constaté que les Occidentaux sont déterminés à l’entreprendre en s’appuyant sur le présupposé non établi de la responsabilité du régime de Damas dans l’attaque supposée aux armes chimiques.

Sans retirer son soutien à Bachar El-Asad, la Russie n’interviendra pas pour autant directement à son secours quand les Occidentaux lanceront leurs frappes contre son pays. Poutine n’engagera pas son pays dans un conflit ouvert avec l’Amérique et ses alliés, mais il fera tout pour faire avorter l’objectif inavoué assigné à leurs frappes : faire tomber rapidement le régime syrien dont les capacités militaires et de cohésion auront été annihilées ou gravement désorganisées. De l’avis de tous les experts, ces frappes n’entraîneront pas l’effondrement immédiat du régime même si la rébellion lancera contre lui une offensive généralisée.

Ce que la Russie va probablement faire sera qu’elle amplifiera l’aide militaire qu’elle lui fournit sans discontinuité qui lui permettra de remplacer sans retard ce que les frappes auront mis hors service. Poutine n’est pas un « fervent » partisan du président syrien, il aurait sans aucun doute donné son accord au départ de celui-ci comme exigé par la rébellion et ses alliés étrangers. Mais à travers un compromis politique qui aurait préservé les intérêts géopolitiques, économiques et sécuritaires de la Russie. Ce dont les Occidentaux n’ont pas voulu tenir compte et que la rébellion a catégoriquement refusé.

Soit Poutine ne « déclarera pas la guerre » à l’Occident sur le conflit syrien, mais il fera tout pour les priver d’une victoire qui prendrait l’allure d’une humiliation pour son pays. C’est pourquoi il va arriver que la propagande occidentale qui a matraqué aux opinions publiques qu’il suffirait de frappes « chirurgicales » pour en finir avec le régime syrien sera prise en défaut de mensonge par la réalité post-intervention sur le terrain. La Russie et les autres alliés de Bachar lui fourniront tout ce dont il a besoin dans sa lutte à mort contre la rébellion. Car contrairement aux Occidentaux intoxiqués par le précédent libyen, ils savent que son régime bénéficie d’un soutien populaire qui lui permettrait de mettre « échec et mat » la rébellion armée. S’ils ont pensé qu’ils vont précipiter la chute du régime de Damas et la fin du conflit syrien, les Occidentaux s’apercevront très vite qu’ils ont fait tout faux à vouloir convaincre de cela, même au prix du mensonge et du bafouement du droit international.

Analyse



De M. Saadoune :

- Le péché d’Oslo
- Égypte : Échecs
- Éviter le pire
- Syrie : l’étonnant rétropédalage de Paris
- Paris ne digère pas la défaite de Qousseir
- Conflit syrien : ingérence de part et d’autre
- Conférence internationale sur la Syrie : l’irréfléchi préalable français

[...]

De K. Habib :

- Escalade guerrière dans le conflit syrien
- Syrie : Goebbels a toujours des émules
- Egypte : États-Unis et UE, complémentarité des rôles
- John Kerry a tout faux sur la question palestinienne
- Égypte : douteux parrainages
- Égypte : rien ne va plus
- Égypte : des réactions internationales mitigées

[...]

29 août 2013 - Le Quotidien d’Oran


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