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K. Habib : John Kerry a tout faux sur la question palestinienne

samedi 20 juillet 2013 - 09h:03

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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Le secrétaire d’Etat américain John Kerry était arrivé mardi au Proche-Orient quasi certain qu’à l’issue de ce déplacement, le sixième qu’il effectue dans la région depuis sa prise de fonction en février dernier, en vue de tenter de relancer les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens, il pourrait annoncer au monde leur reprise imminente.

La rumeur avait circulé un moment que John Kerry serait parvenu à obtenir l’accord du président palestinien Mahmoud Abbas avec lequel il a eu un long entretien après son arrivée mardi à Amman. Elle est apparue crédible du fait qu’au sortir de cette rencontre l’un des négociateurs palestiniens, Mohammed Chtayyeh, avait laissé entendre qu’il y a eu « des progrès dans la réunion avec Kerry ». Il n’en fut en fait rien car après un deuxième entretien entre les deux hommes, il s’est avéré que le secrétaire d’Etat américain n’est pas parvenu à arracher son consentement au président palestinien, lequel en a référé aux directions du Fatah et de l’OLP qui ont alors officiellement fait savoir qu’il n’est pas question de reprise de négociations tant qu’Israël poursuivra sa politique de colonisation.

John Kerry que l’on a présenté comme « diplomate chevronné » susceptible par sa connaissance du dossier palestinien de rétablir la « confiance » entre Palestiniens et Israéliens, n’est pas parvenu à obtenir celle de ses interlocuteurs palestiniens. Il ne pouvait en être autrement car sa méthode a consisté à n’exercer de pression pour un retour à la table des négociations que sur la partie palestinienne en éludant que le blocage de celles-ci est de la responsabilité des autorités israéliennes qui rejettent toute condition préalable de la part des Palestiniens à la reprise du dialogue en particulier celle du gel de la colonisation et de la libération des détenus palestiniens dans les geôles israéliennes.

Le président palestinien ne pouvait entrer dans les vues du secrétaire d’Etat américain sans encourir le désaveu au sein de la direction et du peuple palestinien. D’autant qu’ils n’auraient pas compris qu’il veuille reprendre la négociation avec l’ennemi israélien alors que les dirigeants de celui-ci ont donné leur feu vert à une extension sans précédent aux opérations de construction de logements pour les colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et qu’ils rejettent ouvertement la solution des deux Etats comme base et finalité des négociations de paix.

De quoi alors John Kerry a-t-il voulu qu’il soit question au cours des négociations qu’il a souhaité relancer ? Sûrement que les Palestiniens devaient accepter le fait accompli et admettre pour irréversible le « grignotage » de leur terre effectué par Israël et se contenter en guise d’Etat national du lambeau de cette terre qu’il leur laisse. La direction du Fatah auquel appartient Mahmoud Abbas s’est refusée à cette compromission et a conditionné le retour éventuel des Palestiniens à la table des négociations par le préalable de la reconnaissance et par Israël et par les Etats-Unis du principe que l’Etat palestinien à créer a pour frontières celles de 1967.

Sous les apparences d’une diplomatie qui veut bousculer les obstacles qui ont gelé le processus de paix, celle de John Kerry est en fait basée sur les mêmes fondamentaux que celles qu’ont suivis ses prédécesseurs. Sa finalité comme celle de ses prédécesseurs est de livrer les Palestiniens pieds et poings liés à leur ennemi israélien et les faire renoncer à leur objectif d’avoir un Etat viable indépendant et souverain et de se contenter d’un « bantoustan » totalement soumis et tributaire de l’Etat sioniste.



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20 juillet 2013 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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