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Le prochain coup tordu de Netanyahu ?

dimanche 10 mars 2013 - 06h:46

Saleh al-Naami

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Le représentant du parti israélien Yesh Atid, qui s’est classé deuxième après le Likoud lors des récentes élections législatives, a été surpris lorsque le premier ministre Benyamin Netanyahu a insisté pour changer de sujet de discussion dans le cadre des consultations pour un prochain gouvernement.

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Au nord de la ville de Jénine en Cisjordanie, les soldats des troupes d’occupation kidnappent un Palestinien à proximité d’un barrage militaire israélien, lors d’une manifestation de soutien aux prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes - Photo : AFP

Au lieu de se concentrer sur la question des jeunes orthodoxes religieux dans l’armée, qui sont traditionnellement exemptés du service militaire, Netanyahu a choisi de parler de la conclusion d’un accord avec l’Autorité palestinienne (AP).

Le représentant de Yesh Atid a été pris au dépourvu par ce que Netanyahou a décrit comme une « initiative originale » pour relancer les négociations avec l’Autorité palestinienne. Cette initiative est simplement basée sur le fait qu’Israël s’apprête à reconnaître l’État palestinien à qui l’ONU a attribué le statut d’observateur à l’Assemblée générale, mais à la condition que cela ne nécessite de la part d’Israël ni de se retirer des territoires palestiniens, ni de démanteler les colonies juives.

Bien que la proposition de Netanyahu, qu’ il s’apprête tranquillement à promouvoir, est totalement illogique, il est persuadé que l’Autorité palestinienne pourrait l’accepter. Dans la logique tordue qui est celle de Netanyahou, l’État palestinien que son gouvernement reconnaîtrait, discuterait avec Israël sur les questions liées à un accord définitif : les colonies, les réfugiés, Jérusalem, la souveraineté, les dispositions de sécurité.

Selon les fuites en Israël, Netanyahou estime qu’en faisant cette proposition, il devrait « toucher deux oiseaux avec la même pierre ». Tout d’abord, la relance de négociations avec un « État palestinien » rétablirait la réputation internationale d’Israël, qui a chuté en raison des positions extrémistes de son gouvernement sur la question des colonies. Cette relance donnerait à Tel Aviv une capacité de manœuvre plus large dans ses relations avec ses principaux alliés des États-Unis et de l’Union européenne. Ensuite, selon Netanyahu, cette formule permettrait de stabiliser la scène nationale d’Israël parce que le plan n’empiéterait en aucune façon sur les colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem, que ce soit dans les complexes coloniaux ou dans les colonies éloignées. De cette façon, la construction devrait se poursuivre, et toujours selon Netanyahu, les partis de droite pourraient rejoindre le gouvernement sur ce point-là car les projets de colonisation en Cisjordanie, à Jérusalem et ailleurs se poursuivraient jusqu’à une hypothétique fin de négociations avec l’État palestinien .

Netanyahu tient à rassurer les colons et les dirigeants de la droite que lors des entretiens avec le « l’État palestinien » Israël ne bougera pas d’un pouce sur sa position en ce qui concerne les colonies juives, même si cela doit stopper les négociations. Netanyahou pense aussi que les forces « de gauche » et du centre se joindraient à son cabinet car selon celles-ci, la reconnaissance d’un État palestinien est la meilleure solution pour mettre un terme au conflit israélo-palestinien.

Netanyahu propose qu’une nouvelle vision d’Israël devrait être fondée sur la coordination avec les États-Unis, ceux-ci adoptant la même démarche qu’Israël en reconnaissant l’État palestinien et en acceptant de superviser les négociations avec Israël. Netanyahu estime que cette formule est tentante pour Obama car celui-ci pourrait affirmer au monde arabe que les dites négociations portent leurs fruits. Cela aiderait également les Américains à gérer les relations avec le monde arabe, en particulier après les révolutions du printemps arabe, et renforcerait le statut et les politiques des pays arabes alliés de Washington qui sont considérées comme faisant partie de l’axe « des collaborateurs », en particulier l’Arabie saoudite, les pays du Golfe et la Jordanie.

Dans le même temps, Netanyahou pense que le président de l’AP, Mahmoud Abbas, pourrait difficilement refuser, puisque la proposition inclut la reconnaissance par Israël d’un État palestinien. Cela permettrait à Abbas de demander le soutien de l’opinion publique palestinienne dans la relance des pourparlers avec le gouvernement Netanyahu. Il y a aussi des signes montrant que Netanyahu est prêt à lâcher un peu de lest pour faciliter la tâche à Abbas, comme assurer la restitution des recettes fiscales collectées par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne.

Netanyahu comprend bien que la poursuite du statu quo en Cisjordanie provoquera tôt ou tard une troisième Intifada des Palestiniens, encore plus puissante et menaçante, dans une période très critique sur le plan stratégique pour Israël. Tous les cercles stratégiques qui conseillent Netanyahu sur l’avenir du conflit avec les Palestiniens, expliquent que s’il n’y a pas de percée dans les négociations avec l’Autorité de Ramallah, une Intifada est imminente.

Netanyahu se rend compte des dangereuses conséquences d’une troisième Intifada dans les zones actuellement sous contrôle de l’AP, parce que ce serait un défi prioritaire stratégique pour Israël. Toutes les formes de la collaboration répressive entre Israël et l’Autorité palestinienne finiraient par disparaître une fois un grand nombre de Palestiniens assassinés, et la fin de cette collaboration signifierait automatiquement la détérioration des conditions de sécurité intérieure d’Israël parce que la Cisjordanie est située en bordure des principales villes israéliennes.

Cela imposerait à Netanyahu d’augmenter les opérations de l’armée et de les rendre plus brutales, créant le meilleur environnement possible pour que les groupes de la résistance reprennent des attaques contre Israël. Ces opérations ont complètement cessé au cours des trois dernières années, et il n’y a plus aucun Palestinien sur la liste des gens « recherchés » par le Shin Bet, l’agence israélienne de renseignement intérieur.

Tout le monde en Israël accepte l’idée que faire exploser la situation sécuritaire et traiter avec brutalité les Palestiniens ne ferait que détériorer davantage le statut international de Tel-Aviv. Les dirigeants israéliens réalisent que depuis que la « Palestine » a un statut d’observateur à l’ONU, cela pourrait entraîner des poursuites judiciaires contre Israël devant la Cour pénale internationale.

Netanyahu sait aussi que, malgré une relative stabilité dans les pays où les révolutions ont eu lieu pour un changement démocratique, l’environnement stratégique d’Israël continue à se déstabiliser. Cela signifie qu’une nouvelle Intifada entraînerait des politiques plus hostiles à l’égard d’Israël de la part de ses voisins arabes, que ce soit sur le plan politique (en particulier avec l’Égypte) ou de la sécurité. Les mouvements islamistes dans le monde arabe pourraient décider que « se faire les champions » des Palestiniens impose d’attaquer Israël à travers ses frontières.

Dans le même temps, les cercles stratégiques en Israël avertissent que le régime de Bachar al-Assad en Syrie pourrait permettre à certains de ses relais d’organiser des attaques limitées depuis les hauteurs du Golan en réponse à la répression israélienne, sous le prétexte de soutenir les Palestiniens et afin de défendre son image sur la scène nationale et internationale.

Ce qui inquiète le plus Netanyahu, c’est qu’une troisième Intifada aurait une incidence sur la capacité d’Israël à rallier un soutien international pour contrecarrer le programme nucléaire iranien. Les dirigeants israéliens estiment qu’un nouveau soulèvement freinerait la capacité de Tel-Aviv à imposer à la communauté mondiale la poursuite des sanctions contre Téhéran, notamment sur le plan économique, pour forcer l’Iran à suspendre son programme nucléaire. Une fois l’Intifada commencée, avec la couverture médiatique des développements dans les territoires palestiniens occupés, il serait difficile pour Israël et les États-Unis de maintenir un soutien international aux sanctions contre l’Iran.

Pendant ce temps, les décideurs et les stratèges en Israël conviennent qu’un soulèvement pourrait déstabiliser des régimes qui sont importants pour Israël et les États-Unis, comme la Jordanie. Netanyahu craint le prix élevé sur le plan économique qu’Israël paierait pour faire face à une insurrection, comme la détérioration des conditions de sécurité. Il y a des raisons de croire que ce soulèvement découragerait les investisseurs étrangers en Israël, surtout depuis qu’Israël connaît une crise économique qui a contraint Netanyahou à augmenter les impôts, réduire les services publics et augmenter les prix.

Bien que Netanyahu ait beaucoup à y gagner, faire passer sa proposition dans la réalité ne sera pas facile. Il pourrait y avoir une forte opposition de la droite, en particulier à l’intérieur de son propre parti du Likoud. Dans le même temps, il sera difficile pour Abbas de justifier son approbation du plan de Netanyahu, car il n’arrête ni la colonisation, ni les mesures de judaïsation.

Si ce projet est officialisé, il sera le cadre du débat national entre Palestiniens et Israéliens pour une longue période à venir. Proposer de reconnaître un État palestinien tout en conservant les colonies et en maintenant la politique de judaïsation, c’est comme avoir le gâteau et le manger.

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6 mars 2013 - al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/News/142...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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