Georges Ibrahim Abdallah : le retour d’un héros
dimanche 13 janvier 2013 - 11h:57
Pierre Abisaab - al-Akhbar
Il y a toujours place pour des surprises avec le gouvernement français, qui a la prétention de superviser les intérêts des peuples de la région, de Damas à Bamako.
- Photo : Marwan Tahtah
Après tout, le Président français François Hollande n’avait-il pas déclaré que son gouvernement - comme celui de son prédécesseur Sarkozy en Libye peut-être - était fortement engagé pour stimuler la démocratie dans « la Syrie post-Assad » ? Ces remarques avaient été faites dans un discours de vœux pour la nouvelle année lors d’une rencontre avec les ambassadeurs. Hollande avait aussi déclaré que cette démocratie serait basée sur « la diversité » et « l’unité » du peuple syrien.
Les surprises sont toujours possibles avec l’administration française. On s’attend cependant à ce que le Ministre français de l’intérieur, Manuel Valls, signe un ordre d’expulsion pour Georges Ibrahim Abdallah avant le 14 janvier 2013. Si tout se passe comme prévu, alors le combattant libanais de la liberté, qui a survécu à une longue et injuste incarcération en France, sera en route pour Beyrouth.
La question est maintenant : comment son pays le recevra-t-il après trois décennies d’emprisonnement ?
Pour certains, la question peut sembler sans importance. Peut-être beaucoup répondront : « Pourquoi cette question ? Que sa famille, ses amis, et ses partisans l’accueillent. Qu’ils chantent quelques slogans, tirent quelques feux d’artifice et brandissent des drapeaux. Ce sera une petite célébration, puis la fête sera terminée. »
De son côté, MTV pourrait diffuser un bref rapport à la fin de son bulletin d’informations au sujet « du retour du terroriste » (Que pouvons-nous y faire ? Georges Abdallah n’est pas Lara Fabian.)
Toutefois, mesdames et messieurs, le retour d’Abdallah, comme celui d’Ulysse dans le vieux mythe, devrait être un événement national important dans tous les sens du terme. Ce sont des moments historiques que nous devons correctement interpréter et extraire de leur aspect symbolique pour accélérer notre sortie des bourbiers du présent.
L’homme n’est pas un expatrié ordinaire qui revient après une longue absence. Il n’est pas non plus un « criminel » dangereux que les officiels auraient honte de saluer. (Après tout, son innocence a été affirmée par les autorités françaises elles-mêmes.) Abdallah appartient à la même lignée que celle des héros français de la Résistance, comme Missak Manouchian et Jean Moulin. Il est le symbole d’une époque.
L’État Libanais doit donc faire chapeau bas devant ses sacrifices, et le recevoir comme un héros, l’élevant au statut qu’il mérite.
Mais ce révolutionnaire n’est pas une cause populaire, et aucun politicien ne peut tirer un profit électoral ou sectaire en lui serrant la main. Il n’y aura pas de dirigeant communautaire à la réception d’Abdallah, ni aucun ecclésiastique ou chef de clan. Il n’y aura p aucun représentant d’aucune aile militaire ou civile liée à sa famille.
Néanmoins, l’État, bien qu’il ait sa responsabilité dans cette triste réalité, doit être présent. Une réception officielle ne ferait pas que reconnaître les actes héroïques de cet homme qui honore Kobayat au nord du Liban, ou simplement condamner l’injustice dont il a souffert. Une présence de l’État servirait aussi à reconnaître les valeurs qu’il représente, ici et maintenant, dans l’obscurité qui descend sur le monde arabe.
Nous demandons donc au gouvernement libanais d’être présent sur le tarmac lundi soir, pour réaffirmer la sainteté de la cause pour laquelle Abdallah a payé un prix si élevé.
Abdallah atoujours mis en avant ses convictions plutôt que des intérêts personnels. Nous avons un besoin urgent de personnes comme lui. En effet, la confrontation fatidique avec le même ennemi qu’Abdallah a combattu il y a 30 ans, est sur le point de s’intensifier.
* Pierre Abisaab est éditeur adjoint d’al-Akhbar
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12 janvier 2013 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.eu