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Le mouvement Hamas à la recherche d’une alternative

samedi 14 avril 2012 - 07h:28

Rami Khrais - Al-Akhbar

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Le processus de réconciliation entre Palestiniens semble confronté à de graves défis. Malgré la signature d’un accord à Doha entre Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal le 6 février dernier, la dernière série de négociations entre le Fatah et le Hamas a complètement échoué à combler le fossé entre les deux organisations rivales.

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Février 2012 - Ismaïl Haniyeh, Premier ministre de l’Autorité de Gaza et dirigeant du mouvement Hamas (résistance islamique), accompagné de sa fille Sarah traverse le poste frontalier de Rafah, de retour d’un voyage officiel en Egypte

Bien sûr, ce n’est pas la première fois que ce processus rencontre de telles difficultés. Pourtant, aujourd’hui, il y a de nombreuses raisons d’imaginer que ces difficultés sont le résultat de l’incertitude qui prévaut au Moyen-Orient à la suite du « Printemps arabe ». Pour le Hamas, les conséquences du « Printemps arabe » sont toujours ambiguës, et il est donc probable que le direction du parti ait décidé de reporter à plus tard des initiatives majeures, vu ses positions politiques du moment.

L’an passé, le Hamas est devenu sensible à deux évolutions contradictoires principalement issues des changements en Egypte et en Syrie.

En Égypte, qui borde la bande de Gaza, l’ancien président Hosni Moubarak a été renversé à la suite d’un soulèvement populaire. Du point de vue du Hamas, la chute du dictateur égyptien a marqué un tournant important car ce mouvement était considéré comme une menace à la sécurité du régime.

À la suite de cette éviction se sont tenues des élections parlementaires dans lesquelles les Frères musulmans (la Fraternité) ont connu un triomphe. En tant que branche palestinienne du groupe de la Fraternité d’origine égyptienne, fondé en 1928, le Hamas s’est réjoui de cette victoire électorale et a espéré pouvoir en tirer des bénéfices. Il n’est pas surprenant que certains des dirigeants du Hamas et leurs familles aient déménagé pour s’installer au Caire suite à ces développements.

Cependant, en Syrie, où vivaient nombre de dirigeants du Hamas qui y mènaient des activités politiques depuis plus de deux décennies, le président Bachar el-Assad, le principal allié au Hamas, est confrontée à la menace la plus dangereuse pour son gouvernement depuis qu’il est monté au pouvoir en 2000.

En réponse à la situation en Syrie, le Hamas a d’abord publié un communiqué de presse mesuré et diplomatique dans lequel il disait se tenir à la fois aux côtés des dirigeants comme du peuple syriens. Depuis le début de l’insurrection syrienne, le Hamas a été forcé de nier de nombreuses informations faisant état du départ de dirigeants du mouvement de Syrie.

Moussa Abou Marzouk, second dans la hiérarchie du Hamas, a révélé que le mouvement a encore des bureaux en Syrie, mais que la plupart des dirigeants ne vivent plus dans le pays.

Bien que Ismaïl Haniyeh, le Premier ministre du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza, ait adopté une position sans précédent concernant les événements en Syrie lors de son discours à la mosquée al-Azhar au Caire en février 24, en exprimant sa solidarité avec le peuple syrien qui lutte pour la démocratie, la majorité des dirigeants du Hamas tentent de ne pas intervenir dans les affaires internes syriennes.

Tôt ou tard, le Hamas devra répondre aux questions difficiles soulevées par les transformations inévitables qui modifient profondément l’environnement politique au Moyen-Orient.

Le triomphe électoral de la Fraternité en Égypte ne veut pas dire qu’une nouvelle voie royale s’ouvre pour le Hamas. L’armée reste toujours le véritable pouvoir en Égypte, au moins dans un avenir proche. Par conséquent, l’héritier politique du régime de Moubarak ne changera pas la politique étrangère de l’Égypte qui est basée principalement sur des liens solides avec Israël et les Etats-Unis.

En outre, la Fraternité elle-même a pris conscience que la rhétorique est une chose et que la réalité en est une autre.

Les nombreux problèmes internes rencontrés par la Fraternité sont suffisants pour qu’elle se retrouve avant tout préoccupée par la complexité du paysage politique égyptien. Les Frères musulmans font preuve maintenant de pragmatisme concernant la politique extérieure de l’Égypte, en particulier à propos du traité avec Israël. En conséquence, le Hamas ne doit pas attendre de trop de la part de ses frères en Égypte.

De l’autre côté du spectre, il est raisonnable de supposer que les positions ambiguës du Hamas concernant le régime syrien ont provoqué un désaccord avec l’Iran. Moussa Abou Marzouk, par exemple, a admis que les Iraniens ne sont pas satisfaits des positions du Hamas sur la Syrie. Ce désaccord pourrait donc affecter le soutien financier iranien au Hamas.

Après la victoire du Hamas dans la bande de Gaza en 2007, le mouvement a étendu son appareil administratif, avec 45 000 employés dont les salaires dépendent principalement de l’Iran. Certains observateurs prétendent que le Hamas pourrait obtenir une nouvelle source de financement - le Qatar par exemple - mais qu’il faudrait pour cela que le mouvement fasse d’immenses concessions politiques qui pourraient être trop coûteuses pour le Hamas dans l’immédiat.

Ensuite, il y a « le dilemme interne ». C’est l’un des obstacles majeurs auxquels le Hamas devra faire face dans ses tentatives d’évoluer sur le plan politique. Après la signature de l’accord de réconciliation à Doha, certains dirigeants du Hamas à Gaza ont critiqué publiquement l’accord signé par M. Mechaal. Il n’est pas habituel pour un mouvement comme le Hamas, connu pour la cohérences des positions de ses dirigeants, d’étaler au vu et au su de tous ces désaccords.

Cela peut donner une idée de à quoi s’attendre à l’intérieur du mouvement si celui-ci était confronté prochainement à un débat sur son programme politique.

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* Rami Khrais est écrivain palestinien.

10 avril 2012 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.net


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