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Double standard
mercredi 29 septembre 2010 - Dr Hicham Mourad - Al-Ahram/hebdo

La conférence générale annuelle de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui s’est ouverte lundi 20 septembre à Vienne, en a donné la plus récente preuve. Lors de la tenue, la semaine dernière, de la réunion des gouverneurs de l’agence pour préparer la conférence générale, les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont exercé un maximum de pression sur les Etats arabes pour qu’ils renoncent à une résolution visant à forcer Israël à signer le Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP). Prétexte : l’adoption d’une telle résolution nuirait aux négociations de paix palestino-israéliennes et compromettrait les chances de l’organisation d’une conférence en 2012 pour faire du Moyen-Orient une région exempte des armes nucléaires.

Le sujet tient à c ?ur à Washington, comme l’a indiqué la présence à Vienne du principal conseiller du président américain Barack Obama sur la question du nucléaire, Gary Samore. Selon le porte-parole du Département d’Etat, Philip Crowley, l’AIEA « n’est pas la bonne place pour discuter de l’adhésion d’Israël au TNP » !! On se demanderait où l’on peut mieux discuter de l’application du Traité de non-prolifération nucléaire ailleurs qu’à l’Agence de l’Onu chargée de l’énergie atomique. Le responsable américain a également assuré que l’Etat hébreu a « pleinement coopéré avec l’AIEA (sic) » ! De quelle coopération parle-t-il ? Israël garde toujours le flou sur ses capacités atomiques, refuse d’adhérer au TNP et d’ouvrir ses installations à l’inspection de l’AIEA, contrairement à tous les autres pays de la région.

Au moment même où les Etats-Unis et l’Union européenne défendent la position d’Israël, ils exercent leurs pressions sur des pays comme l’Iran ou la Syrie et pressent l’AIEA à prendre des mesures robustes à leur encontre. Américains et Européens ont ainsi réclamé que la Syrie autorise l’accès de l’AIEA au site secret de Daïr Al-Zour, détruit en 2007 par l’aviation israélienne. L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’AIEA, Glyn Davies, a menacé que Washington soutiendrait l’usage par l’agence de « tous les moyens » à sa disposition pour enquêter sur cette ancienne installation. Il faisait allusion au mécanisme dit d’« inspection spéciale » qui donnerait à l’AIEA la possibilité d’examiner tout ce qu’elle juge nécessaire en Syrie sans avertissement préalable. Cette démarche serait le prélude à une éventuelle intervention du Conseil de sécurité de l’Onu : le refus de Damas de l’« inspection spéciale » autoriserait l’AIEA à porter l’affaire devant le Conseil de sécurité, qui pourra lui imposer des sanctions.

Les Etats occidentaux s’acharnent sur des pays - l’Iran et la Syrie - qu’ils soupçonnent de développer des programmes nucléaires secrets à des fins militaires. Mais ils ferment ostensiblement les yeux sur la seule puissance atomique reconnue au Moyen-Orient, qui détient pas moins de 100 ogives nucléaires et les moyens de leur lancement sur ses voisins.


Du même auteur :

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Al-Ahram/hebdo - Semaine du 22 au 28 septembre 2010, numéro 837 - Opinion