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Israël contre tous

mercredi 9 septembre 2009 - 16h:04

Hicham Mourad - Al-Ahram/hebdo

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Palestine. L’annonce par Israël de l’accélération de la colonisation en Cisjordanie compromet les tentatives américaines de relance du processus de paix.

Malgré les pressions internationales, notamment celles des Etats-Unis et l’avalanche de critiques suscitées dans le monde par son dernier projet de colonisation, Israël a donné lundi son feu vert à la construction de plusieurs centaines de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie occupée, où habitent déjà 300 000 Israéliens. Ces constructions comprennent des bâtiments publics tels que des écoles, des synagogues et des dispensaires.

Les nouvelles constructions ont été dûment autorisées par le ministre de la Défense, Ehud Barak, comme le prévoit la procédure. Barak «  a autorisé la construction de 455 logements dans des blocs d’implantations en Judée-Samarie (Cisjordanie) », a indiqué son bureau dans un communiqué. Sur ces logements, 161 seront construits dans le bloc de Goush Etzion près de Bethléem, 84 à Modiin Ilit à l’ouest de Ramallah, 76 à Givat Zeev au nord de Jérusalem, 89 à Maalé Adoumim près de Jérusalem, 25 dans la colonie proche de Kedar et 20 autres dans la colonie de Maskiot dans la Vallée du Jourdain. La poursuite de la construction dans ces blocs de colonies a toujours fait consensus sous les gouvernements israéliens successifs. Selon le ministre des Transports, Israël Katz, un proche du premier ministre, ce dernier entend aussi permettre la poursuite de la construction dans la douzaine de quartiers israéliens à Jérusalem-Est, où vivent 200 000 Israéliens, et l’achèvement de 2 500 logements en chantier en Cisjordanie.

La décision israélienne, destinée à ménager l’aile la plus dure de la droite israélienne opposée à tout gel de la colonisation, a été vivement critiquée par la direction palestinienne, ainsi que par la Maison-Blanche, les Européens et la Ligue arabe. Le négociateur palestinien en chef, Saëb Erakat, a affirmé que cette mesure « rend nul tout éventuel gel ultérieur de la colonisation et sape la confiance en le processus de paix ». Il a estimé qu’Israël lançait ainsi « un défi » à la communauté internationale qui prône un gel de la colonisation. De son côté, le président palestinien, Mahmoud Abbass, a appelé lundi les dirigeants arabes à une position « ferme et unifiée » face à Israël qui poursuit la colonisation.

Pour les commentateurs politiques israéliens, en rejetant un gel total de la colonisation, Netanyahu devrait parvenir à brider toute velléité de fronde au sein de son parti Likoud (droite nationaliste), qui pourrait déstabiliser sa majorité. Vendredi, Netanyahu a fait savoir qu’il entendait donner un coup d’accélérateur à la colonisation avant un « moratoire » de plusieurs mois. Un gel de la colonisation, réclamé avec insistance par Washington en vue de relancer le processus de paix avec les Palestiniens et des pays arabes, serait censé durer neuf mois, selon les médias israéliens. Il porterait uniquement sur la construction de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie. En revanche, il ne concernerait pas les 2 500 logements qui ont déjà reçu le feu vert du gouvernement. Il ne toucherait pas non plus les bâtiments publics, ni les quartiers de colonisation de Jérusalem-est. En échange, des pays arabes, tels que Oman, la Tunisie et le Maroc, devraient donner leur accord à l’ouverture de représentations commerciales israéliennes sur leur territoire.

Jeu de mots israélien

« Nous ne parlons pas de gel (...) Tous les détails n’ont pas encore été réglés avec les Américains », a ajouté Katz. Selon la radio militaire, M. Netanyahu refuse la notion de « gel » de colonisation préconisée par le président Barack Obama et préfère parler de « ralentissement  ». Katz a justifié l’attitude du Premier ministre, en expliquant que M. Obama n’était pas parvenu à obtenir de « gestes » de la part des pays arabes en échange de concessions israéliennes sur la colonisation. Mais au Caire, le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a estimé qu’il n’était plus possible de parler d’une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. « Il est impossible de parler d’une normalisation au moment où Israël refuse toute mesure significative » sur le gel de la colonisation, a-t-il dit. «  Je ne pense pas qu’il y ait un gouvernement arabe qui puisse offrir un cadeau gratuit sur un plateau d’argent à Israël. Ce dossier (la normalisation) doit être clos ».

Le président palestinien, Mahmoud Abbass, a de son côté jugé samedi inutile une entrevue avec Netanyahu au cas où ce dernier accélérerait la colonisation et a de nouveau conditionné une reprise des négociations de paix à l’arrêt de la colonisation. Interrogé sur une éventuelle rencontre tripartite avec le président Barack Obama et Netanyahu si ce dernier décidait d’accélérer la colonisation, Abbass a déclaré : «  Cela voudrait dire qu’il ne veut rien faire et il n’y a pas besoin de le rencontrer ». Des responsables israéliens ont récemment évoqué la possibilité d’une rencontre entre le président palestinien et le Premier ministre israélien à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, à la fin septembre. Abbass et Netanyahu ne se sont jamais rencontrés depuis que ce dernier a pris ses fonctions début avril à la tête d’un gouvernement de droite. A propos de cette réunion tripartite, Abbass a affirmé « qu’on en parle », tout en se demandant sur « quelle base aurait lieu une telle rencontre ». « Une rencontre pour une rencontre, ce n’est pas possible », a-t-il poursuivi devant la presse, à l’issue d’une réunion au Caire avec le président égyptien, Hosni Moubarak. « En revanche, une rencontre pour qu’il y ait une vision claire concernant la colonisation et ce qui vient après, au contraire, nous n’avons pas d’opposition à cela », a-t-il ajouté.

Les annonces israéliennes d’une accélération de la colonisation en Cisjordanie surviennent avant la nouvelle mission prévue en fin de semaine de l’émissaire spécial américain, George Mitchell. Des annonces qui devraient compliquer, voire faire capoter, la mission du médiateur américain. Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, avait déjà qualifié la décision israélienne de contraire aux efforts américains visant à relancer les négociations de paix avec les Palestiniens et d’incompatible avec les obligations de l’Etat juif aux termes de la « Feuille de route » pour la paix de 2003, acceptée par les deux protagonistes.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 9 au 15 septembre 2009, numéro 783 (Monde arabe)


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