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Israël oublie le mur de séparation, par endroits à l’abandon
samedi 3 novembre 2007 - Serge Dumont - Le Temps

Homme d’affaires connu et président de l’Association israélienne des entrepreneurs en travaux publics, Doudi Barel n’est pas content. Et il le fait savoir. Car la construction de la barrière de séparation censée séparer la Cisjordanie de l’Etat hébreu a pris du retard. Beaucoup de retard. En fait, elle est interrompue faute de crédits et de volonté politique.

Lorsqu’il a été lancé en 2002, ce chantier de 790 kilomètres, partant du nord de la Cisjordanie pour aboutir en dessous d’Hébron après avoir « isolé » les accès de Jérusalem, était prévu pour durer cinq ans. Son coût global était estimé à environ 3 milliards de francs, auxquels devaient s’ajouter les dépenses liées à l’entretien et à la protection du site. Mais l’Intifada s’est essoufflée. Les attentats-suicides se sont faits de plus en plus rares. En outre, en janvier 2006, Ariel Sharon, qui était le plus chaud partisan du projet, a été remplacé par Ehoud Olmert, et ce dernier semble avoir d’autres priorités.

Concrètement, la première tranche de cette barrière (128 km) a été achevée en juillet 2003. Sur l’impulsion d’Ariel Sharon, pour lequel « un bon mur fait de bons voisins », d’autres tranches ont alors été lancées simultanément. Principalement autour de Jérusalem, où les quartiers arabes de la ville sont désormais coupés de la Cisjordanie.

Durant la même période, les ingénieurs du Ministère israélien de la défense ont été obligés de revoir leur copie à plusieurs reprises. Parce qu’ils agissaient dans l’urgence et qu’ils s’étaient trompés. Mais également parce que la Cour suprême de l’Etat hébreu a accueilli favorablement une partie des 145 requêtes de villages palestiniens lésés par la construction d’un mur de béton de huit mètres de hauteur.

Travaux interrompus

Certes, pour l’heure 450 km de barrière ont été achevés et 80 autres sont censés être en construction. Mais ils sont peu ou mal entretenus. A proximité de la ville israélienne de Modiin, où la barrière est constituée d’une clôture truffée de capteurs électroniques, l’ouvrage semble d’ailleurs à l’abandon. Les alarmes ultrasensibles ont été arrachées ou ne fonctionnent plus. La clôture est trouée en plusieurs endroits et des Palestiniens la franchissent allègrement pour aller travailler clandestinement en Israël. « Si le Hamas ou le Fatah décidaient de reprendre leurs campagnes d’attentats-suicides, ils n’auraient aucun problème à le faire », estime le chroniqueur Shlomi Eldar.

Dans le courant de ces dernières semaines, le Ministère israélien de la défense a en tout cas demandé à plusieurs entreprises sous contrat d’interrompre les travaux entamés dans la région d’Hébron. Selon l’entourage du ministre Ehoud Barak, une partie des sommes destinées à achever cet ouvrage serait en effet affectée à la mise en place du « Dôme d’acier », un système antimissile et antiroquette censé protéger l’Etat hébreu contre d’éventuelles frappes iraniennes ou du Hezbollah. Quant au mur, il attendra. puisque son achèvement n’est pas prévu avant au moins 2010.



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Serge Dumont - Le Temps, le 1er novembre 2007