Israël a commencé à dévier une section de son mur de séparation près du village de Bil’in en Cisjordanie, mur contesté par les Palestiniens, deux ans et demi après la décision judiciaire qui le lui ordonnait.

Des militants antimur protestent depuis des années contre la barrière de séparation

(EPA)

Mais les militants et les habitants de Bil’in ont prévu ce vendredi, de poursuivre leurs manifestations contre la barrière, en dépit de cette concession qui ne leur rend que le tiers des terres qu’ils réclament.

« C’est une petite victoire, » dit à Al Jazeeera Mohammad Khatip, qui lutte contre le mur.

« Nous gagnons un jeu mains nous n’avons pas gagné le match, et nous allons continuer notre combat... pour obtenir le démantèlement de ce mur et de cette colonie,  » dit-il, en parlant de la colonie juive de Modiin Ilit, qui s’étend de l’autre côté de la barrière.

Selon lui, la déviation partielle va permettre de geler l’expansion de la colonie.

« C’est cela le véritable succès, bien plus que le changement de tracé du mur - si celui-ci était resté comme il est actuellement, 1 500 logements supplémentaires auraient été construits... mais avec le nouveau tracé, ce projet devra être annulé ».

La barrière de séparation

Israël a commencé la déviation de la section de Bil’in sur la barrière hier jeudi, deux ans et demi après que la Cour suprême ait rendu sa décision ordonnant la modification du tracé.

Les ouvriers ont posé les repères du nouveau tracé et, une fois la nouvelle section construite, la partie de la barrière qui se trouve actuellement autour de Bil’in serait supprimée.

Cela rendra environ 700 000 mètres carré au côté palestinien du mur.

Les responsables israéliens à la Défense ont confirmé que les travaux préliminaires étaient en cours, mais sans donner de précisions.

Israël a commencé la construction de la barrière de séparation en 2002 après une série d’attaques meurtrières palestiniennes contre les Israéliens.

La barrière de séparation coupe à travers la Cisjordanie, loin de ce que l’on appelle la Ligne verte, ligne de cessez-le-feu reconnue à la fin de la guerre 1948-1949 qui a suivi la création d’Israël.

Violentes protestations

Les militants disent qu’au total, 84% de la barrière se trouvent à l’intérieur de la Cisjordanie, coupant souvent les Palestiniens de leurs terres agricoles.

Sherine Tadros, correspondant d’Al Jazeera à Bil’in indique que : « Pour les Palestiniens, il s’agit tout simplement du vol de leur terre - d’un moyen de fixer les limites d’Israël par rapport à la Cisjordanie et de s’emparer de plus de terres palestiniennes et d’anticiper sur un accord final. »

Fin 2007, la Cour suprême d’Israël a ordonné au gouvernement de modifier le tracé du mur à Bil’in, rejetant son argument que l’actuel tracé s’imposerait pour protéger les résidents des colonies juives.

Les juges ont ordonné au gouvernement de trouver un nouvel itinéraire dans un « délai raisonnable ».

Les manifestants se rassemblent chaque vendredi dans le village, depuis cinq ans, pour protester [par la non violence - ndt] contre la barrière, ce qui conduit souvent à l’affrontement avec les forces de sécurité israéliennes, les soldats tirant des grenades lacrymogènes, des grenades assourdissantes et à balles réelles pour disperser les manifestations, arguant que ces protestations sont illégales. (*)

Des centaines de manifestants palestiniens, israéliens et internationaux ont été blessés lors de ces affrontements au cours des années et un militant palestinien a été tué.

(*) A propos d’illégalités, rappelons que ces colonies en Cisjordanie sont illégales au regard du droit international, et que le mur en Cisjordanie aurait dû être démantelé conformément à l’avis de la Cour internationale de justice du 9 juillet 2004 - ndt)

 Sur la lutte non violente de ces militants contre le mur, consulter chaque semaine le rapport du PCHR notamment celui au 10 février.

Voir aussi le site du village de Bi’lin.

12 février 2010 - Al Jazeera - traduction : Info-Palestine.net