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De nouvelles règles israéliennes restreignent les déplacements depuis la Cisjordanie

samedi 22 août 2009 - 07h:08

Jonathan Cook

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« Quand Israël empêche l’accès à une zone, cela soulève la question de savoir ce qui se passe là-bas »... « Qu’est-ce qu’on nous empêche d’aller voir ? ».

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La nouvelle régulation contrevient aux accords d’Oslo où Israël s’était engagé vis-à-vis de gouvernements occidentaux à ce que leurs citoyens continuent d’avoir accès aux territoires occupés.




Jérusalem - En écho aux restrictions déjà bien en place à Gaza, Israël a commencé à entraver les mouvements entre Israël et la Cisjordanie pour tout détenteur de passeport étranger, notamment des travailleurs humanitaires et des milliers de résidents palestiniens.

Cette nouvelle politique est destinée à forcer les citoyens à choisir entre visiter Israël, y compris Jérusalem-Est qu’Israël a annexé illégalement, et la Cisjordanie. Dans la plupart des cas, le voyage entre les deux zones ne sera plus possible.

La nouvelle régulation contrevient aux accords d’Oslo où Israël s’était engagé vis-à-vis de gouvernements occidentaux à ce que leurs citoyens continuent d’avoir accès aux territoires occupés.

Israël, qui contrôle le registre de la population à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens, n’a pas laissé entendre qu’il y aurait des justifications sécuritaires à ces nouvelles restrictions.

Les groupes en faveur des droits humains protestent en disant que ce changement de règle séparera davantage encore Jérusalem-Est, la capitale prévue d’un Etat palestinien, de la Cisjordanie. On s’attend également à un accroissement des pressions sur les familles dont un membre détient un passeport étranger pour quitter la région et interrompre l’assistance que les organisations d’aide peuvent fournir aux Palestiniens.

Selon certains observateurs, la régulation a été introduite en douce il y a trois mois au terminal du Pont Allenby à la frontière avec la Jordanie, le seul point de passage pour les Palestiniens en Cisjordanie. Les responsables israéliens qui contrôlent la frontière émettent maintenant aux visiteurs étrangers un visa pour les « Territoires de l’Autorité Palestinienne exclusivement », ce qui les empêche d’entrer en Israël et à Jérusalem-Est.

Les responsables du ministère de l’Intérieur disent qu’une politique similaire a été adoptée à Ben-Gourion, l’aéroport international d’Israël près de Tel Aviv, afin d’empêcher les détenteurs de passeports étrangers arrivant par cette voie d’atteindre la Cisjordanie.

Gaza a longtemps été interdit a tout Palestinien qui n’y habitait pas et il a été effectivement fermé aux Israéliens et à la plupart des étrangers depuis début 2006, quand Israël a commencé son blocus.

« Il s’agit d’un approfondissement et d’un raffinement de la politique de séparation qu’Israël a entamée en établissant des points de contrôle en Cisjordanie et en construisant le Mur » dit Sam Bahour, un palestino-étatstunien qui vit à Ramallah et dirige la campagne « Right to Enter » (Droit d’entrée) qui met en lumière les restrictions israéliennes grevant les déplacements palestiniens.

« Les gouvernements étrangers comme les USA devraient s’élever contre cette loi qui viole les droits de leurs propres citoyens et les accords diplomatiques. Jusqu’à présent ils gardent le silence ». M. Bahour, 44 ans, dit que les victimes immédiates de la nouvelle politique seront des milliers de Palestiniens de l’étranger qui, comme lui-même, sont revenus en Cisjordanie au cours de la période plus optimiste des accords d’Oslo.

Instruits et souvent bien établis dans leur carrière, ils ont été des agents vitaux à la fois pour la régénération de l’économie palestinienne locale en investissant et en créant des entreprises, et aussi pour le développement d’une société novice, en gérant des organisations humanitaires et en enseignant dans les universités.

Bien que beaucoup d’entre eux aient épousé des femmes du cru et élevé leurs enfants en Cisjordanie, Israël leur a généralement refusé le permis de séjour, les obligeant à renouveler des visas de tourisme tous les trois mois en quittant temporairement la région, souvent pour des années.

M. Bahour dit que ce dernier changement de loi doit se comprendre comme une mesure parmi tant d’autres restrictions visant à étrangler une vie palestinienne normale.

En plus du Mur et des points de contrôle, dit-il, Israël a régulièrement déporté des « étrangers », tant palestiniens que travailleurs humanitaires arrivés dans la région ; il a refusé des réunions de familles pour empêcher des couples palestiniens de vivre ensemble ; il a souvent révoqué la résidence de Palestiniens étudiant à l’étranger pour de longues périodes ; et à Jérusalem il a confisqué les identités de Palestiniens pour les pousser en Cisjordanie.

Début 2006, M. Bahour, qui est marié et a deux filles, a été affecté par un autre changement de règle, quand Israël a refusé de renouveler les visas touristiques aux Palestiniens détenteurs de passeports étrangers, les obligeant à se séparer de leur famille en Cisjordanie.

Après un tollé international, Israël a révoqué cette politique, mais en exigeant que les Palestiniens comme M. Bahour fassent leurs demandes de permis pour rester en Cisjordanie aux autorités militaires israéliennes.

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Sam Bahour : "Cette dernière règle, comme la précédente, entre dans le cadre général du nettoyage ethnique d’Israël".

« Cette dernière règle, comme la précédente, entre dans le cadre général du nettoyage ethnique d’Israël » ajoute-t-il. « Israël rend la vie de plus en plus difficile aux Palestiniens afin d’encourager ceux qui le peuvent, comme ceux qui ont des passeports étrangers, à quitter ».

M.Bahour dit que les nouvelles restrictions couperaient encore davantage la Cisjordanie de Jérusalem, centre de la vie commerciale et culturelle palestinienne.

Du jour au lendemain, dit-il, son entreprise de conseil a perdu un quart de sa clientèle - tous des clients proches de Jérusalem-Est - parce qu’il se voit à présent interdire de quitter la Cisjordanie.

Le mois dernier il a perdu ses minces privilèges lorsqu’il a finalement reçu une carte d’identité palestinienne. Il dit avoir été forcé de prendre la carte, qui prévaut sur son passeport étatsunien aux yeux des autorités palestiniennes, pour éviter le risque d’être déporté.

« Cette carte d’identité est douce-amère pour moi. Elle signifie que je ne peux pas être séparé de ma famille ici, mais elle signifie aussi que mon passeport étatsunien n’est pas reconnu et que je suis à présent soumis aux bouclages et aux arrestations auxquelles sont confrontés les Palestiniens ordinaires ».

Sari Bashi, une juriste travaillant avec Gisha, organisation israélienne qui défie les restrictions de mouvement palestinien, dit que la nouvelle politique dresse un obstacle très sérieux sur le chemin des organisations humanitaires tout autant que des étrangers travaillant dans des organisations d’aide et des institutions académiques palestiniennes.

« Beaucoup d’organisations d’aide travaillant en Cisjordanie ont des bureaux et du personnel à Jérusalem-Est, voire en Israël, et il est difficile de voir jusqu’où ils pourront s’accommoder de cette nouvelle restriction ».

Elle dit que le personnel d’organisations internationales importantes comme l’Agence d’aide pour les réfugiés palestiniens, l’UNWRA, et sa division humanitaire OCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires), se sont vu refuser l’entrée à l’aéroport Ben-Gourion après qu’elles eurent déclaré travailler en Cisjordanie.

« Quand Israël empêche l’accès à une zone, cela soulève la question de savoir ce qui se passe là-bas » dit-elle. « Qu’est-ce qu’on nous empêche d’aller voir ? ».

Les groupes en faveur des droits humains sont également concernés par la formulation de la nouvelle restriction, qui confine les citoyens étrangers dans les « territoires de l’Autorité palestinienne ». L’AP ne contrôle que 40% environ de la Cisjordanie. Les groupes craignent que dans le futur Israël ne cherche à empêcher les étrangers de se déplacer entre les enclaves contrôlées par l’AP de Cisjordanie et les 60% qui sont sous contrôle israélien.

Guy Imbar, porte-parole du Coordinateur israélien des Activités gouvernementales dans les Territoires, a dit que la phrase se rapportait à la Cisjordanie toute entière.

Mais Jeff Halper du Comité israélien contre la démolition de maisons (ICAHD) met en garde : « Vu les précédents d’Israël, on est en droit de suspecter que les restrictions pourraient être réinterprétées ultérieurement ».


Jonathan Cook est écrivain et journaliste basé à Nazareth, Israël. Ses derniers livres sont : Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East (Pluto Press) et Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair (Zed Books).

Le site :
et le courriel de Jonathan Cook

Du même auteur :

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16 août 2009 - Vous pouvez consulter cet article ici : http://www.jkcook.net/Articles3/041... - Traduction de l’anglais : MM


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